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Čech, bonhomme de glace

Par Antoine Donnarieix
6 minutes
Čech, bonhomme de glace

Seulement quatre mois après avoir raccroché les crampons, Petr Čech s’est mis à enfiler des patins à glace pour continuer à vibrer dans une cage en patinoire. Pourtant, cette reconversion sportive de l’ex-footballeur tchèque va lui ouvrir un tout autre univers. Explications.

On oublie rarement son premier amour. Petr Čech peut en témoigner. Gardien de but de Chelsea, d’Arsenal et de la sélection tchèque pendant de nombreuses années, le grand gaillard a, avant sa relation longue durée avec le ballon rond, entretenu une amourette de jeunesse avec un petit palet. De fait, à la fin des années 1980, Čech, encore gamin, tombe amoureux du hockey sur glace. Il racontait cette passion dans les colonnes de So Foot, en septembre 2017. « Moi, je jouais gardien au hockey sur glace depuis quelques années. Je voulais ressembler à mon idole d’enfance, Dominik Hašek. Au hockey, ce poste m’a toujours attiré. Et puis les équipements sont devenus trop chers pour ma famille. Quand tu es gardien au hockey, tu dois acheter tellement de choses… Et comme à cet âge-là tu grandis chaque année, ça devenait impossible à gérer. » Alors, Petr et le hockey s’éloignent, non sans regret, et le football en profite pour séduire le beau jeune homme. Fiançailles, mariage, tout le tralala…

Retomber sous le charme du hockey

Sauf qu’en juin 2019, Čech annonce qu’il met un terme à sa carrière de footballeur, après vingt ans au haut niveau. L’occasion de se replonger dans ses lettres d’amour de jeunesse, et de retomber sous le charme du hockey.

En toute franchise, on ne peut pas dire que l’Angleterre soit un pays de hockey. J’imagine que la quatrième division va convenir à Petr Čech, c’est parfait pour les passionnés qui souhaitent jouer.

La flamme ne met guère longtemps à se raviver : dès octobre 2019, le grand Petr annonce qu’il s’engage avec Guildford Phoenix, club de hockey sur glace fondé en 2017, pensionnaire de NIHL2 (quatrième division anglaise) et basé à Surrey, dans le sud-est de l’Angleterre. Un défi osé, d’autant que le hockey sur glace est un sport où il existe une certaine compétitivité au Royaume-Uni. « Depuis quelques années, le pays possède une première division de plus en plus compétitive, analyse Antoine Bonvalot, vainqueur de la Ligue Magnus (D1 française) en 2018-2019 avec les Brûleurs de loups. Cela devient intéressant pour pas mal de joueurs professionnels, car elle prend de l’ampleur sur le plan sportif et financier. En revanche, ce pays n’est pas réputé pour sa formation, et le niveau du championnat est surtout dû aux achats de joueurs étrangers. Aussi, leur équipe nationale détient de nombreux joueurs naturalisés et cela la rend plus forte. En toute franchise, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un pays de hockey. J’imagine que la quatrième division va convenir à Petr Čech, c’est parfait pour les passionnés qui souhaitent jouer. »

Mental et réflexes

Il y a la notion de souplesse qui détermine le niveau d’un gardien. Plus l’âge avance, moins la souplesse est naturelle malgré l’entretien régulier : les hanches en souffrent, les chevilles rouillent… Bref, commencer une carrière à 37 ans, c’est irréalisable.

C’est une certitude, Čech va jouer. Mais dans sa quête de retrouvailles avec ses premiers émois, il va également devoir prendre en considération un contre-argument de taille : son âge. Certes, la superstar tchèque Jaromír Jágr envoie encore des palets en lucarne à 47 printemps sous la tunique de Rytiri Kladno, club de D1 tchèque dont il est président et co-propriétaire. Mais d’une, l’ancien ailier des Penguins de Pittsburgh évolue depuis toujours dans ce sport sans discontinuité, et de deux, le poste de gardien de but requiert une résistance physique particulière. « Plus le corps vieillit, plus la dépense énergétique vis-à-vis du poste est conséquente, affirme Eddy Ferhi, gardien de l’équipe de France de hockey sur glace entre 2006 et 2010. Aussi, il y a une charge nerveuse inhérente à ce sport qui fait que le moindre mouvement prend des proportions importantes, car le déplacement est régulièrement fait accroupi avec une notion de danger imminent. Le but peut arriver de n’importe où et n’importe quand, donc c’est exigeant émotionnellement. Enfin, il y a la notion de souplesse qui détermine le niveau d’un gardien. Plus l’âge avance, moins la souplesse est naturelle malgré l’entretien régulier : les hanches en souffrent, les chevilles rouillent… Bref, commencer une carrière à 37 ans, c’est irréalisable. »

Antoine Bonvalot est moins catégorique. « L’âge ne pose pas forcément de problème, car certains prédécesseurs l’ont déjà fait : notre légende nationale Cristobal Huet avait évolué jusqu’à plus de 40 ans chez les professionnels. Bien entendu, c’est une exception dans le milieu, mais ça démontre que c’est possible. Si Čech s’adapte correctement dans ce milieu rookie, il aura moins de contraintes à faire perdurer son plaisir. » Bonvalot est également convaincu que le fait d’avoir évoluer au très haut niveau dans un sport aussi exigeant que le football peut aider Čech dans sa reconversion. « En tant qu’ancien sportif professionnel, il possède une longueur d’avance sur le mental, considère-t-il. Il sait comment aborder un match de compétition, comment évoluer au sein d’une équipe. La notion de stress ne devrait pas être un souci, au contraire. Il pourrait devenir moteur dans le vestiaire. Ensuite, il va devoir prêter une grande attention sur les bases techniques. En règle générale, les gardiens apprennent cela très jeunes pour mémoriser les automatismes. Par exemple, l’approche n’est pas la même sur la manière de faire l’arrêt : au football, on va utiliser l’impulsion ou la détente. En hockey, l’arrêt est plus rapide et nécessite un placement parfait. » Avec des tirs envoyés par la crosse à cinq ou dix mètres de la cage et une vitesse du palet pouvant atteindre 160 ou 170 km/h, impossible de faire parler les réflexes.

Optimiser l’espace occupé grâce à son équipement

La complexité du poste va même plus loin. « Une composante importante en hockey, c’est la capacité à se déplacer sur des patins, poursuit Ferhi. Ça ne s’improvise pas : les semelles de crampons prennent plus ou moins la même forme que la chaussure classique, mais la lame du patin pas du tout.

Une composante importante en hockey, c’est la capacité à se déplacer sur des patins.

En matière de réactivité, ce n’est pas la même chose, car en foot, le ballon est gros, blanc et visible. C’est tout l’inverse du palet. Si Čech est un gardien méthodique et minutieux, cette approche mathématique sera un avantage, car le gardien de hockey cherche à optimiser l’espace occupé grâce à son équipement. » En l’occurrence, l’équipement devient à la fois le meilleur ami et le pire ennemi du gardien : utile pour protéger des tirs, il rend impossible certains mouvements en plein match.

« Au départ, tu fais avec et tu te rends compte des subtilités grâce à l’accumulation des rencontres, poursuit Ferhi. À ce moment-là, tu peux enlever une pièce que tu vas trouver plus encombrante et cela va mieux te correspondre. Au fur et à mesure, l’équipement devient une expansion de soi-même. Une fois sorti de l’entraînement, cela enlève tellement un poids que tu as presque l’impression d’être nu. Cette connaissance sur la mobilité s’acquiert à l’expérience. » Et puis, après tout, Čech a, quelque part, déjà un pied dans la discipline : lui n’aura pas besoin de s’adapter au port du casque.

Dans cet article :
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Tous propos recueillis par AD, sauf ceux de Čech issus du magazine numéro 149 de SO FOOT.

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