- SO UNBOTTLE
Ce qu’ils ont fait de fou pour le foot
A l'approche de l'Euro 2012, on a appelé quelques joueurs, entraineurs, arbibtres et anciens gloires pour voir un peu ce qu'ils avait pu et peuvent faire de fou pour le foot...
Laurent Batlles : « La passion, après certains buts ou certaines victoires, peut me faire réagir de manière démesurée, comme si j’étais dans un état second. Il m’arrive de ne pas me reconnaitre quand je vois des images de moi après un but important, tellement je ne réfléchis pas sur le moment. » Philippe Fargeon : « J’ai joué un de mes premiers matchs en professionnels avec l’Etoile Carouge, un club de deuxième division suisse, à l’occasion d’un huitième de finale de Coupe de Suisse dans la région de Lausanne. Je n’avais que quinze ans, donc pour moi c’était un gros truc. Arrivée à Lausanne, toute l’équipe sort du bus et au moment de récupérer les sacs dans la soute, je m’aperçois que j’ai oublié le mien. Il faut dire que j’étais un peu tête en l’air à l’époque. Mon entraîneur, qui m’a appris à me gérer, m’a tout de même titularisé en me faisant jouer avec ses chaussures. Le souci c’est qu’il chaussait du 44 alors qu’à l’époque je chaussais du 36. J’ai fait un première période catastrophique, et je suis sorti à la mi-temps. Ensuite, j’ai toujours fait attention à bien mettre deux paires de chaussure dans mon sac durant toute ma carrière. » Gilbert Gress : « Lorsque j’ai débuté ma carrière à Strasbourg, j’étais en apprentissage au service comptabilité d’une maison de transport et le médecin du travail m’avait demandé d’arrêter le football parce que j’avais un problème cardiaque. Je suis ensuite allé voir un cardiologue qui a confirmé. Mais moi, j’aimais tellement le football qu’il était hors de question que j’arrête. Et j’ai eu raison, parce qu’en équipe de France juniors, lorsque j’ai pour la première fois osé en parler à un médecin, celui-ci m’a dit que j’avais eu raison de continuer parce que même si j’avais le cœur un peu gros, mon pouls était assez lent. Mon amour du football m’avait donné raison. » Rolland Courbis : « Quand j’ai démarré le football, il n’y avait pas de centres de formation, donc Mario Zatelli, qui entraînait Marseille à l’époque, m’avait demandé si je pouvais me libérer une matinée par semaine, à choisir entre le mardi, le mercredi ou le jeudi, pour m’entraîner avec les pros. Je lui avais répondu « ne vous inquiétez pas, il n’y a pas d’école le matin » , ce qui était bien sûr faux. Il m’avait donc demandé de venir deux fois par semaine. J’étais cadet, et le fait de côtoyer des joueurs comme Skoblar, Magnusson, Bonnel ou Novi m’a énormément fait progresser. Albert Emon était dans le même cas que moi, sauf que lui il était en CAP menuiserie mais la première fois qu’il a essayé de couper une planche il s’est coupé une phalange, donc il a vite quitté l’école. Son boulot le matin, c’était de promener le bulldog de Mario Zatelli, chez qui il habitait. Ce qui est sûr, c’est que ni lui, ni moi, n’avions des chances de terminer Prix Nobel de littérature ou de mathématiques. » Laurent Pionnier : « Chaque année, le club de Montpellier organise une opération qui s’appelle « sur les bancs de l’école » . A tour de rôle, tous les joueurs de l’effectif se rendent par groupes de deux ou trois dans des classes de primaire pour échanger avec les enfants. On passe une après-midi avec eux, on prend le goûter, on discute. C’est à la fois l’occasion de promouvoir l’image du club et de susciter des vocations chez certains enfants. On leur offre des jouets à l’effigie du MHSC, des places pour un match… Les petits ont les yeux qui pétillent lorsqu’ils nous voient arriver, ils passent un super moment et nous aussi. » Joël Quiniou : « J’ai deux frères, on est des triplés, dont l’un me ressemble beaucoup. Après un pari perdu avec ce dernier, je lui ai demandé lors d’un match à Nancy de recevoir les deux capitaines à ma place dans une tenue vraiment négligée, en buvant une bière et en mangeant un sandwich. Comme nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau, les deux joueurs sont sortis de là en se demandant ce qui leur était tombé sur la tête. Ils étaient persuadés que c’était moi qui les avais reçus, forcément ! C’était un bon moment de rigolade. J’ai ensuite fait revenir les deux capitaines qui n’en revenaient pas de voir que ce n’était pas le bon arbitre qui les avait reçus. On m’en reparle souvent parce que le délégué et l’arbitre de touche étaient dans la combine. C’est le genre de choses qu’on pouvait faire pour décontracter l’ambiance. »
Gaëtan Huard : « Lors d’un stage au Cap d’Agde avec le RC Lens alors que j’étais deuxième gardien, j’ai été appelé en compagnie de deux ou trois autres pros à disputer un match avec la réserve à Senlis, ou un truc comme ça. Donc on a pris le train à trois ou quatre pour rejoindre le nord de la France, et à l’époque c’était pas un TGV. A mi-chemin, le train s’arrête dans une gare et le contrôleur annonce huit minutes d’arrêt. Sur ce, Georges Tournay (attaquant du RC Lens entre 1977 et 1983, ndlr) décide de descendre du train pour acheter le journal et des croissants sur le quai. Et là, au bout de deux minutes, le train repart ! Avec les gars on se dit « putain, Georges, on peut pas partir sans lui ! » .Donc on a tiré le signal d’alarme. On a foutu un bordel incroyable, on s’est fait insulter par tout le monde… Et puis nous, intelligemment, on a tiré le signal d’alarme de notre cabine, donc forcément cela ne pouvait être que nous. Les flics sont arrivés, ils nous ont dit : « oui, vous vous rendez pas compte, c’est très grave ce que vous venez de faire, c’est puni par pénalement… » . Et nous : « oui mais vous annoncez huit minutes d’arrêt et nous on a un gars qui est parti acheter le journal… » . Aucun d’entre-nous voulait se dénoncer, alors que c’était André Blanc qui avait tiré le signal d’alarme, donc ils nous ont tous convoqué. Mais en fait, le train avait juste bougé parce qu’il raccrochait des wagons, il ne repartait pas ! Heureusement, monsieur Delelis qui était à l’époque le Président d’honneur du RCL était également ministre de l’artisanat, donc il était intervenu pour que l’affaire soit étouffée. Mais on avait foutu un drôle de bordel. »
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Propos recueillis par Mathias Edwards