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Ce qu’il va se passer en Ligue 1 cette saison
Ça y est, c'est le retour du film le plus long de l'année. Pendant dix mois, la Ligue 1 va ambiancer nos soirées aussi sûrement qu'un Patrick Sebastien dans un bon jour. Parce qu'on aime rien tant que débarquer en terrain conquis, voici ce qu'il va se passer cette année. Attention, spoiler.
Août
Canal + lance sa saison avec une triplette Bastia/PSG, Bordeaux/Sainté, et Marseille/Toulouse en grande affiche du dimanche soir. Résultats ? La classique victoire de Paris (1-0, but de Kurzawa), deux 0-0 (cotes à 1,01) et un record déjà battu : avec 4,42/20, Marseille passe sous son propre 5,25 de janvier 2016. Une première douloureuse qui n’annonce rien de bon. Monaco et Saint-Étienne se font sortir par Villarreal et le Beitar, tandis que Paris gagne le championnat dès la 3e journée et une manita mise à Louis-II. Outré, Albert II, arrière-petit-fils de, fait tapis, et Monaco déclare la guerre au Qatar. La guerre des boutons de manchettes.
Septembre
5e journée et déjà le premier Olympico de la saison. Le trouble est dans la tête de Passi, enfermé dans une série de quatre défaites. Après la poupée de Valbuena et les chèvres de toute l’équipe, le Vélodrome ne sait plus quoi inventer. Alors il chante à la gloire de Rekik en guise de contestation. « Karim Rekiki ! » Sauf qu’évidemment, Gomis fait une Zeffane et claque son triplé. Le championnat est complètement relancé puisque, dans le même temps, le PSG s’est fait marcher dessus par Nicolas Seube à Michel-d’Ornano. Kombouaré exulte, mais c’est de courte durée : deux semaines plus tard, son En Avant subit les foudres de Sylvain Marveaux de retour en Bretagne et qui, lui aussi, aime manger froid. Et terminer à l’infirmerie, cela va de soi.
Octobre
Bordeaux, Marseille et Lille dans le même mois pour le PSG. Mais c’est bien l’AS Nancy-Lorraine de Benoît Pedretti qui pique le géant avec un but de Jordy dès la 9e minute. Putain d’éternel recommencement. Et c’est Toulouse qui en profite. Revenu du Malawi où il était parti arranger cette histoire de famine, Pascal Dupraz ouvre Angers en deux au stade Jean-Bouin et prend la tête du classement. Seul, oui : 1. Pascal, 2. Paris, c’est comme ça.
En conférence de presse, il commence avec un clinquant « Dupraz is the new Moulin, motherfucker ! » Plus fair-play, il s’engage aussi à terminer dans la semaine les travaux de rénovation du stade angevin, notamment le nouveau panneau d’affichage qui bugue à chaque fois qu’il faut aligner les 58 lettres du nom de Billy. Tel Salomon, Pascal tranche : désormais, l’attaquant s’appellera Billy Kéké. Allez Kéké !
Novembre
Pelletée d’affiches pour ce mois de novembre : Lille/Lyon, Lyon/Paris, Monaco/Marseille, Saint-Étienne/Marseille ou encore Dijon/Guingamp. Mais c’est bien le retour du mythique derby lorrain en Ligue 1 que la France attend. Même la présidentielle américaine est éclipsée par le Nancy/Metz à venir. L’état d’urgence est renouvelé, les déplacements interdits. Le burkini aussi, on n’est jamais trop prudent.
Alors que la pression est à son comble, la nouvelle tombe : terrain gelé, match reporté. Les supporters des deux camps lancent une pétition « Pour le football à -30 °C ! » Le gouvernement reste ferme. Et Donald Trump est élu sur cette promesse : lui président, plus un seul match de football ne sera jamais reporté dans le monde. Il ne sait pas trop de quoi il parle, mais il a l’air sûr de lui. Ça passe.
Décembre
Paris caracole en tête du classement des pelouses, juste devant Nancy et son Marcel-Picots en brins synthétiques. Champion d’automne, mon frère. Pendant ce temps-là, Tony Chapron bat déjà le record de cartons distribués en une saison, avec 245 biscottes envoyées en 19 matchs. Vous le reconnaissez ? « Vert, jaune, rouge, c’est moi Tony le foncedé ! » À part ça, Eder est en tête du classement des buteurs, juste devant Nolan Roux et Emiliano Sala. Stone, le monde est stone.
Janvier
Foie gras et gueule de bois obligent, la Liguain reprend en battant son record du plus faible nombre de buts marqués en une journée. De 8, la barre passe à 2 : Falcao est revenu de blessure, il va griffer les défenses françaises et ça commence par un doublé contre Marseille. Le nouveau patron de l’OM, un mystérieux Hafid M. arrivé à Noël, prend sa première décision, elle est radicale : Michel retrouve le banc olympien.
L’action d’Instagram prend 152 % en deux jours et Annabelle Jacob se frotte les mains : ses fromages se vendent comme des petits pains. Il faut dire que c’est bon, un chèvre frais sur pain au sésame.
Février
Ça y est ! Le Parc OL a son naming ! Ce sera le Chaudron Casino. Jean-Michel Aulas l’avait annoncé, il voulait faire dans le « franco-français et régional » . Le prix ? « pas bézef » , concède le boss, « mais on s’en balek, on troll ces noobs de Verts, askip sont bien vnr les boloss. On leur a mis DTC OKLM mdr » Oui, @JMA a oublié de déconnecter.
Le soir même, première défaite de Lyon dans son formidable outil connecté, contre Dijon. But de Balmont, doublé de Marvin Martin, dans la plus pure tradition des Lillois descendus à Lyon pour pourrir l’OL. Aulas sort son smartphone et propose à Michel Seydoux de « venir ici que j’t’apprenne l’école de la vie » . Léa est chaude comme la braise.
Mars
Les retrouvailles de Girard et de la Mosson. Le 11 mars, l’entraîneur nantais s’assoit sur un banc qu’il lui a procuré tant de joies. Même si, là, avec Loulou Nicollin qui tient à se poser à côté de lui, il ne lui reste qu’un bord de strapontin. Et Nantes perd sur une fulgurance de Casimir Ninga, parce qu’à Montpellier, c’est tous les jours le printemps. À part ça, Cavani manque un contrôle, Grenier se blesse, Enyeama fait des miracles, Rémy Cabella ressort son pantalon camouflage pour passer au CFC et Rennes est 10e. Vis ma vie de Ligue 1.
Avril
Et Nice, dans tout ça ? Ben Arfa, Germain, Mendy et Pied partis, l’OGC a commencé par galérer, mais, depuis la reprise, cartonne. Ses joueurs empêtrés dans leur Assimil allemand, Lucien Favre a la bonne idée de se rappeler qu’il parle français, du coup ses préceptes sont enfin compris. Le jeu léché des Aiglons leur permet de planer à une jolie 6e place, derrière un club des cinq composé de Bordeaux, Lille, Nancy, Toulouse et Paris. Soit précisément les cinq équipes au menu des Niçois dans ce mois le plus chargé de l’année en matchs de Ligue 1. Autant de victoires plus tard, le trône se pare d’azur. En manque d’inspiration, George R. R. Martin prend son abonnement à beIN : la lutte pour le titre sera terrible jusqu’au bout.
Mai
Le Benjaminbuttonico : le nom du Bordeaux/Sainté est tout trouvé, entre Bernardoni et Toulalan d’un côté, Lemoine et Perrin de l’autre. Une bataille poivre et sel à contre-courant d’une nature qui reprend des couleurs, et un triste 0-0 pour rester dans les tons. Du côté du gruppetto, ce sont Bastia, Guingamp et Metz qui lâchent prise et descendent. Sale temps pour les extrémistes de la géographie. Pendant ce temps-là, Hatem Ben Arfa a décidé qu’il en avait assez d’être le 1000e ou 2000e joueur mondial. Il porte le PSG sur ses frêles épaules et l’emmène au titre de champion de France en même temps qu’à la victoire en Ligue des champions. Oui, mais il est trop tard pour célébrer une France multiculturelle : Marine Le Pen a été élu présidente de la République un funeste 7 mai 2017. C’est con, tout s’était si bien passé jusqu’ici.
Par Eric Carpentier