- Euro 2016
- Jour après jour
- Fiction
Ce qu’il va se passer d’ici la fin de l’Euro
Trois matchs à disputer, un seul vainqueur. Le verdict n'est pas encore tombé, mais le scénario est très facilement prévisible. La preuve.
Mardi 5 juillet
Alors que l’Europe attend le début des demi-finales avec impatience, Marine Le Pen quitte la présidence du Front national. Elle rejoint Nigel Farage, qui avait abandonné la direction du Ukip quelques heures auparavant, et annonce leurs fiançailles à la BBC en lui roulant une grosse galoche. Cette allocution restera connue comme la pelle du 5 juillet. Donald Trump sort lui aussi de son silence et s’affiche publiquement avec Boris Johnson. Bref, ça bouge à droite. À gauche, en revanche, Patrice Évra reste le plus grand. Après avoir surpris les Italiens avec une petite vidéo de soutien, il remet le couvert avec une vidéo en islandais pour réconforter les supporters de « la meilleure équipe du tournoi, avec l’Italie » . Pendant ce temps-là, Amélie Mauresmo fête son anniversaire sur le Tour de France avec Didier Deschamps. Une idylle nouvelle ? Quoi qu’il en soit, le sélectionneur a l’air ravi.
Mercredi 6 juillet
Jour de match des outsiders. À Lyon, effervescence est à son comble. Les supporters rouges sont les premiers en action, et se ruent dans les bars de la ville pour y faire péter les bouchons. Toutefois, la ville voit apparaître un problème : en raison de l’apparition soudaine de dizaine de milliers de Seat Ibiza, les parkings de la ville affichent rapidement complet et engorgent la cité lyonnaise. À l’heure du match pourtant, tout le monde est en place. Pour ce Portugal-Galles, le stade des Lumières-mières accueille John Scatman-man et Valérie Bègue-gue pour le coup d’envoi.
Si CR7 tente une frappe de 56 mètres dès le début du match, le Portugal affiche pourtant une tactique claire : attendre les Gallois, et tenter le contre à la 118e minute. Une ambition mesurée, qui fait toutefois très peur à Yohann Diniz, qui a promis de tondre l’intégralité des moutons du pays de Galles si ceux-ci se qualifiaient. À l’inverse, et sur de son fait, Tony Estanguet répond au marcheur sur Twitter : « Si les Portugais se qualifient, je m’engage à raser tout le pays. » . Une folie qui trouve pourtant son salut grâce au pied de Gareth Bale, buteur à la 74e. Le pays de Galles est en finale, et attend de connaître son adversaire.
Jeudi 7 juillet
La France est en émoi. Car tout le monde le sait, une victoire sur l’Allemagne permettrait aux Bleus de poser une main et demie sur le trophée. Et les tensions se ressentent. 20 minutes se fait dézinguer sur Twitter pour avoir titré son papier d’avant-match « C’est la guerre » , tandis que sur le plateau de L’Équipe 21, Johan Micoud défonce le crâne de Sébastien Tarrago après un violent discours sur le rôle des latéraux offensifs. Sur le terrain, la France est pourtant souveraine, chose rare face à l’Allemagne. Peu inquiétée par un Müller à côté de ses pompes, la défense française va également mener le front de l’attaque. Sur corner, Rami puis Koscielny transpercent Neuer pour envoyer les Bleus vers le Stade de France. En tribunes, Hollande jubile, un peu trop au goût d’Angela Merkel qui annonce le lancement d’un référendum sur le Gerxit. Coup dur pour le gouvernement, qui se retrouve à mener une campagne pour le non en compagnie de l’Autriche.
Vendredi 8 juillet
Au lendemain de la victoire française, le pays est en fête. On klaxonne comme un soir de victoire portugaise, et les litres de bière s’arrachent sur les terrasses enfin ensoleillées. Pourtant, l’événement se déroule outre-Quiévrain. Stéphane Pauwels annonce qu’il livrera sa dernière chronique télévisée, avec une grosse annonce à la clé. En direct, le sniper, une fois, retire son masque et révèle sa véritable identité : Pascal Praud.
Un séisme dans le monde de la lucarne footballistique, qui vit un second choc dans la foulée. Sur les conseils de Thomas Meunier, le Real Madrid fait en effet signer Lukaku, Mertens et Ciman pour un package de 120 millions d’euros. Les Galactiques sont parés pour défendre leur titre en Ligue des champions.
Samedi 9 juillet
Drame dans un bar près de la place Pigalle. Le nouveau président islandais, Guðni Th. Jóhannesson, est retrouvé mort sur le comptoir. À force de vouloir agir comme un président normal, l’homme d’État s’est pris une cuite normale avec ses supporters normaux et n’est jamais rentré sur son île. Interrogé à propos de cette triste nouvelle, Kevin De Bruyne a affirmé qu’il s’en battait les couilles. Un hommage national est décidé par François Hollande. Les restaurants de burgers bio sans gluten de Paris sont pris d’assaut par des hipsters qui attendaient cette occasion pour se montrer. Tous enfilent des T-shirts « ég Guðni » en mangeant des galettes de riz avant de s’essayer au traditionnel clapping des Vikings insulaires. Malheureusement, l’une des bretelles de François, 31 ans, lâche et va percuter Charles, l’envoyant à l’hosto dans un sale état. Saloperie de bretelles…
Dimanche 10 juillet
La France est aux confins de son histoire. 16 ans après son dernier sucès, les Bleus sont aux portes d’un nouveau titre européen. Et en face, l’adversaire nourrit tous les espoirs. Originaux, les organisateurs du Stade de France lancent dans l’arène un duo David Guetta-France Gall sur un titre inédit : « Il jouait du synthé debout » . Si l’hymne s’apprête à casser les bacs, la France manque l’entame de sa finale. Ramsey ouvre le score après un superbe mouvement collectif mené par Allen. Heureusement, DD a de la ressource. Après avoir diffusé le discours d’Aimé Jacquet à la mi-temps de France-Croatie, le sans-dent remotive ses troupes et change de tactique : passage à trois défenseurs, Rami-Koscielny-Umtiti, et entrée d’André-Pierre Gignac à la place d’Olivier Giroud.
L’effet est immédiat. Sur une transversale de 65 mètres de tonton Adil, APG claque une reprise de volée stratosphérique qui laisse Hennessey sans ressources. Le Stade de France explose et entrevoit la victoire. Jusqu’au drame. À la 85e minute, Lloris s’envole pour détourner la frappe surpuissante de Bale, mais le ballon est touché au dernier moment par le tir au but de Zaza redescendu de l’espace, et entre dans les filets. La France vient de voir son élan se briser.
Lundi 11 juillet
Après la victoire du pays de Galles en finale, 98,5% de tes amis Facebook publient la vidéo issue de la série Kaamelott où l’on voit Perceval crier « Pays de Galles indépendant ! » Pendant ce temps-là, Manuel Valls essaye de faire passer une nouvelle loi avec le 49-3. Cette fois-ci, le Premier ministre veut réhabiliter la peine de mort pour les personnes ayant pensé au jeu de mots : « La France a la Galles. » De l’autre côté de la Manche, Laurent Blanc est finalement nommé sélectionneur des Three Lions. Trois, comme le nombre de défenseurs dans sa composition favorite. Dans le Doubs, un conflit social de masse commence après que l’entreprise Tout pour la touillette a annoncé sa délocalisation au pays de Sa Majesté. Philippe Martinez est évidemment présent. Les Parisiens de Nuit Debout, eux, ont retrouvé leur credo d’antan : ce qui ne se passe pas chez moi ne se passe pas.
Mardi 12 juillet
Deux jours après la cruelle désillusion des Bleus en finale de cet Euro 2016, Paul Pogba et Antoine Griezmann, qui n’ont pas réussi à marquer chacun un quadruplé lors de l’ultime match, sont pris à partie par des journalistes de L’Équipe qui les menacent de faire une Une vraiment méchante sur eux. Pendant ce temps-là, le journaliste du Progrès à l’origine du titre « Et si Gareth faisait un tabac » reçoit le prix Albert Londres. Olivier Giroud redevient l’attaquant « qui ne sait rien faire de ses pieds » d’Arsenal et Hatem Ben Arfa redevient le meilleur joueur de tous les temps.
Bref, la France d’après l’Euro ressemble beaucoup à la France d’avant l’Euro. On note cependant une baisse significative du nombre de citoyens français. En effet, beaucoup d’hommes et de femmes se découvrent subitement des racines galloises – « Oui, j’ai déjà mangé un stew et j’adore Le Chien des Baskerville. Comment ça, c’est pas au pays de Galles ? » – ou islandaises – « Eux, au moins, ils aiment leur pays et se battent pour le maillot. » Le record de démagogie établi par Jean-Luc Mélenchon en 2012 tombe.
Par Raphael Gaftarnik & Gabriel Cnudde