- Euro 2016
- Bilan des huitièmes
Ce qu’il faut retenir de l’Euro à Toulouse
Les rushs de Hazard, les caresses d'Iniesta et des Russes calmes face à Galles. C'est peu dire que Toulouse a eu du bol pour son Euro.
Le match qu’il ne fallait pas rater
Hongrie 0-4 Belgique
Il faut se l’avouer, le Stadium de Toulouse n’a pas toujours été à la hauteur de ses affiches. D’ailleurs, celles prometteuses sur le papier ont largement été en dessous de celles inattendues. D’ailleurs, pour voir de l’excellent spectacle, il fallu attendre Russie-Galles, mais, surtout, ce Hongrie-Belgique qui a permis d’étaler au grand jour la puissance offensive des Diables. Sans démériter, les Hongrois ont offert une belle résistance pendant près de 80 minutes, mais ont finalement explosé devant l’armada emmenée par un Hazard stratosphérique et un De Bruyne complémentaire. Une palanquée de buts (4-0), des actions splendides, et surtout, une ambiance de dingue en tribunes, entre des Belges aussi chantants qu’heureux, et un kop hongrois digne dans la défaite. L’image des joueurs battus revenant sur la tribune pour entonner l’hymne main sur le cœur restera.
Le match qu’il fallait rater
Italie 1-0 Suède
Ibra contre la défense italienne, des souvenirs d’aile de pigeon et ce match du premier tour s’annonçait comme la tête de gondole du programme de la ville rose. Pas de bol, la rencontre a été médiocre. Sans idées, les Suédois qui étaient dans la quasi-obligation de l’emporter, n’ont pas effrité le mur transalpin, avant de se faire punir en toute fin de rencontre sur un rush solitaire d’Éder. Soient 90 minutes d’ennui, conclues d’un frisson de quelques secondes. Trop peu pour justifier l’emballement autour de la rencontre.
Le but qu’on va retenir
Durant 90 minutes, Eden Hazard a tout fait. Dribblé, couru, défendu, éliminé, brillé. Pourtant, on a longtemps cru que le capitaine doté de jambes de feu pour ce 8e de finale ne trouverait pas les filets, laissant le soin à d’autres de se délecter de ses ouvertures parfaites. Alors, Eden a pris les choses en main. Un solo côté gauche, avec foule de crochets, conclu d’une frappe limpide qui a laissé le jogging de Király sur le cul. Un bijou d’individualisme dans une soirée où le Belge aura porté son équipe de bout en bout.
Le top 5 des joueurs
Petr Čech : Longtemps, la Tchéquie a cru pouvoir arracher un point à l’Espagne. Et pour cause : Petr Čech était en feu. En l’air, au sol, des pieds et des mains, l’ancien Rennais a tout simplement tout stoppé. Enfin jusqu’à la 87e, moment choisi par Piqué pour délivrer la Roja. Čech pas de bol.
Aaron Ramsey : Après des débuts mitigés contre la Slovaquie, le décoloré a finalement assumé son statut pour envoyer les Gallois en 8es de finale. Hargneux, explosif et juste dans tous ses gestes, Ramsey a largement épaulé Gareth Bale, et offre aux Dragons une raison de plus d’y croire. En plus, il semblerait que tout le monde s’en soit sorti après son but.
Ben Davies : Si son capitaine, Ashley Williams, est plus souvent mis en avant, le jeune Ben Davies explique en partie la solidité galloise. Face à la Russie, il a tout simplement mis le géant Dzyuba en boîte, en le dominant même dans les airs. C’est dire.
Éder : Il a beau avoir un cousin portugais aux pieds carrés, Éder a arrondi les angles italiens contre la Suède. Un beau numéro où il élimine trois défenseurs avant d’enrouler et la Squadra qui se cherchait un buteur en trouve un providentiel. Éderrière, c’est la qualif.
Iniesta : Des pieds de velours, surmontés d’une vista à toute épreuve. Alors que l’Espagne bloquait contre les Tchèques et leur gardien casqué, Andrès est venu déposer un maître coup franc sur la tête de Piqué. En plus d’avoir contrôlé le milieu de terrain pendant 90 minutes, sans prendre de coup de soleil malgré l’auréole.
Le fait marquant dans la ville
Le 20 juin, le bordel est toulousain. En plus de la rencontre Russie-Galles, la ville a la bonne idée d’accueillir l’immense scène de la fête de la musique qui sera retransmise sur France 2. Alors que des hordes de maillots rouges se bousculent sous les arcades des bars de la place du Capitole, les répétitions vont bon train. Un duo De Palmas-Garou par là, une Louane avec un soutif ici, mais surtout, une performance incroyable du Collectif Métissé sous les yeux ébahis des supporters qui tentent de se frayer un chemin malgré les contraignantes barrières ayant envahi la place centrale de Toulouse. Avec toutefois, un message délivré par le groupe de dance-hall créole : « Laisse tomber tes problèmes. » Par sûr que les services de la ville et de sécurité qui se baladent sur tous les fronts aient la même philosophie.
Le point France Boisson
À Toulouse, le soleil a mis du temps à sortir de sa tanière. Enfin, pas plus que dans le reste de la France. Mais lorsqu’il a pointé le bout de son nez, les cafés ont souri. Malgré les limitations de vente d’alcool avant les deux derniers matchs et le 8e de finale, la boisson a coulé à flots. Sur la place du Capitole, tous les commerçants l’assurent : les supporters ont bien fait tourner le business. En bière, évidemment, et selon la nationalité, de façon plus ou moins conséquente. Mention spéciale aux Suédois, Belges et Gallois qui auront descendu les fûts comme personne. À la sortie du match face à la Russie, et confrontés aux bars fermés à 0h, certains pestaient pourtant : « On voulait faire la fête, mais y a plus rien d’ouvert pour boire un coup ! » Les limites des arrêtés préfectoraux.
Le point police
Après les violences marseillaises, toutes les villes hôtes ont craint l’arrivée des Russes. Pourtant, en marge de la rencontre face au pays de Galles, pas un incident à déplorer dans les rues de Toulouse. Ou presque. Hormis certains cars arrêtés à leur entrée en ville, c’est surtout la présence d’Alexandre Chpryguine, hooligan et chef des supporters, dans le Stadium qui a causé un couac. Après une photo postée sur les réseaux sociaux, le lascar a toutefois été rapidement interpellé, avant d’être reconduit chez lui en avion. Le cliché, lui, avait déjà fait le tour de la toile…
La chanson de l’Euro toulousain : Sweet Fanta Diallo
De la fête mais pas trop, du soleil mais pas trop et quelques matchs de foot sans incidents ni folie pour arroser le tout : finalement l’Euro à Toulouse, c’était assez tranquille.
Par Raphael Gaftarnik