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Ce qu’il faut retenir de l’Euro à Marseille
Des débordements. De hooligans mais aussi d'amour. Marseille est comme ça : entière. Et au final, au vu de l'ambiance au Vélodrome pour le France-Allemagne, personne ne pourrait s'en passer.
Le match qu’il ne fallait pas rater
France-Allemagne
Marseille est décidément la ville talisman des Bleus. Sur la route de chaque sacre de l’équipe de France à domicile, il y a eu un passage victorieux par le stade Vélodrome. Il y avait 1984 avec le doublé de Jean-François Domergue en demi-finale face au Portugal. 1998 quand les hommes de Jacquet avaient idéalement débuté leur campagne avec cette victoire 3-0 contre l’Afrique du Sud et la fameuse langue tirée de Dugarry. Il y aura désormais 2016, sans doute la plus belle. Et cette équipe de France solidaire et résiliente qui met fin à une disette de 58 ans en match officiel face à l’ennemi intime allemand. Le tout dans une ambiance superbe et portée par un Antoine Griezmann extraordinaire qui peut d’ores et déjà postuler pour le Ballon d’or. Mistral Gagnant.
Le match qu’il fallait rater
Pologne-Ukraine
Entre des Polonais déjà qualifiés et des Ukrainiens déjà éliminés. Il y avait assez peu d’enjeu. Si ce n’est peut-être d’assister à un sursaut d’orgueil des Bleu et Jaune, ou au réveil de Lewandowski qui n’avait toujours pas marqué. Las, sous la chaleur marseillaise, à une heure (18h) plus propice à la mauresque qu’au football, Robert reste mutique, tout comme les hommes de Fomenko. Heureusement, Błaszczykowski décide de mettre l’ambiance et, après un beau crochet, offre la victoire aux Polonais. Les Ukrainiens sortent sans gloire. Les Polonais assurent la seconde place sans briller. Pologne-Ukraine c’est so 2012.
Le but qu’on va retenir
Antoine Griezmann
Avant son festival face à l’Allemagne, il y a eu des débuts difficiles pour Antoine Griezmann. Un premier match moyen face à la Roumanie, et L’Équipe qui s’interroge abusivement sur le problème Griezmann. Un problème que Grizou résout rapidement. Alors que l’équipe de France a toutes les peines du monde à se dépêtrer d’une valeureuse Albanie en ce 15 juin, le buteur de l’Atlético de Madrid, fraîchement entré, délivre les Bleus d’un coup de casque salvateur dans le money time. Et lance son Euro du même coup en inscrivant le premier de ses six buts.
Le top 5 des joueurs
Antoine Griezmann : Un but salvateur face à l’Albanie d’abord, un doublé plein de courage et de détermination face à l’Allemagne ensuite, au cours d’un match qu’il a éclaboussé de sa classe. A-t-on besoin d’en dire plus.
Hugo Lloris : On dit souvent que Manuel Neuer est le meilleur gardien de but du monde. Ça n’était pas le cas hier. Dans un stade Vélodrome acquis à la cause de sa doublure Steve Mandanda, Hugo Lloris a gagné son duel indirect face à son homologue allemand à coups d’arrêts décisifs et d’autorité. Le capitaine a surtout signé son premier match référence avec l’équipe de France.
Renato Sanches : Une certaine ressemblance avec Tracy Chapman, un culot monstre et une frappe de buffle. L’histoire retiendra que c’est un 30 juin 2016, au Vélodrome, que Renato Sanches, 18 ans, a fait une entrée fracassante dans le gotha du football mondial.
Vassili Berezutski : Un visage peu amène, une dégaine d’agent du KGB, mais une volonté d’or. Alors que les Anglais croient tenir la victoire, l’homme du CSKA monte plus haut que tout le monde dans les arrêts de jeu et trompe Joe Hart d’une superbe tête lobée en pleine lucarne. Les Russes croient avoir leur Euro, mais ils quitteront la France sans gloire après le premier tour.
Bastian Schweinsteiger : Les tempes grisonnantes, le visage fatigué. En un été, Bastian a semblé prendre dix ans. Une impression confirmée au stade Vélodrome où le joueur d’United a terminé un Euro calamiteux par une main stupide, à l’origine de l’élimination de la Mannschaft. Bild pouvait alors se moquer et titrer « Bonne nuit Schweini » .
Le fait marquant dans la ville : l’état de siège
Deux jours de bière et de grosses bastons. En préambule à Angleterre-Russie, Marseille a souffert. Un début d’Euro extrêmement compliqué pour la cité phocéenne devenue l’espace d’un week-end le théâtre d’une guérilla urbaine entre hooligans russes, fans anglais et certains éléments locaux. La guerre des gangs du cours d’Estienne-d’Orves où les deux camps se sont affrontés à coups de chaises, de barres de fer ou de bouteilles de bière a fait peur aux Marseillais. Pire pour le spécialiste du hooliganisme Manuel Veth, ce sont les pires événements en la matière lors d’un Tournoi international depuis 1998. C’était déjà à Marseille. Heureusement, l’ambiance est redevenue plus festive lors des autres matchs.
Le mot de l’adjoint au maire : Richard Miron, délégué aux sports
« Le soir de France-Allemagne, on a eu surfan zone500 000 personnes, donc c’est un bilan positif. À chaque match, le Vélodrome était plein, les commerçants très heureux, les hôtels sont pleins. Les épisodes du début sont oubliés ! On préfère avoir les Portugais, les Islandais, les Allemands, qui font la fête plutôt que des gens qui viennent pour se taper sur la figure. Mais au final, c’est la convivialité qui en ressort. Jean-Claude Gaudin aussi est très content du bilan. Très bon retour des commerçants, il n’y a qu’à se promener dans la ville pour voir que c’est plein de partout. Avec l’UEFA, ça s’est bien passé. C’est normal qu’il y ait des contraintes, sur la sécurité notamment. Il faut que les choses soient organisées et c’est normal qu’il y ait un cahier des charges. Et puis, on a profité de ça pour construire le deuxième stade de France. Ça a aussi permis de créer un nouveau quartier autour du stade, des hôtels, des nouveaux restaurants… On ne peut pas dire qu’on n’y a pas gagné au change. »
Par Arthur Jeanne et Ugo Bocchi à Marseille