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Ce qu’il faut retenir de l’Euro à Lyon
Un Portugal-Hongrie de folie, une demi-finale d'ennui et un choc des cultures entre Français et Irlandais. C'était l'Euro à Lyon, dans l'outil connecté d'Auras. Et c'était pas mal.
Le match qu’il ne fallait pas rater
Portugal-Hongrie
Une deuxième mi-temps comme les entraîneurs qui gèrent leur contrat les détestent : plus d’organisation ni de rigueur, des défenses aux fraises, le Portugal qui répond aux frappes déviées du capitaine hongrois Dzsudzsák avec un doublé de Ronaldo qui laisse un copyright avec sa Madjer en demi-volée. Le foot en folie.
Le match qu’il fallait rater
Portugal-Galles
Rare de voir une demi-finale de l’Euro se jouer devant quelques centaines de sièges vides et dans une ambiance de match amical de début de saison. Une première mi-temps indigne et indigeste, des Portugais qui contrôlent et attendent la faille, des Gallois, privés de Ramsey, qui attendent la fessée, on s’est emmerdé sévère dans cette demi-finale qui aurait pu pourtant offrir une belle opposition de style. Au lieu de ça, zéro intensité et un match qui s’est joué en deux coups de cuillères à Pau. On ne sait toujours pas si le jeu des Portugais est une philosophie, une attitude ou la feuille de salade posée à côté de la bavette : un accessoire périphérique pour mettre en valeur les performances de Ronaldo.
Le fait marquant de la ville
France-Irlande
Ils ont bu avant, pas pendant et longtemps après : les supporters irlandais ont retourné la ville le temps du week-end de France-Éire. Depuis qu’ils reçoivent des médailles pour leur sportivité et leur comportement exemplaire, leurs bitures sont devenues des faits sociologiques, leurs gueules de bois des pratiques culturelles. Histoire de montrer qu’ils avaient aussi un répertoire et une part d’âme celtique, les supporters lyonnais sont venus chanter Les lacs du Connemara aux oreilles des Boys in Green. Qui n’ont pas trouvé ça très « irlandisant » ou alors l’œuvre de Michel Sardou n’a toujours pas touché les cœurs nostalgiques de l’île.
Le top 5 des joueurs
L’équipe d’Italie : Parce qu’un match de football est une bonne occasion d’être héroïque loin de la guerre, la performance des Azzurri lors d’Italie-Belgique restera dans la petite histoire de cet Euro comme l’exemple de la victoire de la résistance pacifique. La tactique de Conte a aussi démontré que les jambes étaient toujours au service de l’intelligence. Il y a 30 ans, le monde du football l’aurait trouvé cynique cette équipe d’Italie, en 2016, tout le monde l’a aimée. La preuve qu’elle ne pouvait pas gagner le tournoi.
Ronaldo (Portugal) : Énervant, râleur et quand même un peu décisif de temps en temps. Champion du lancer de micro en étang naturel. En étant naturel. C’est déjà un trophée.
Antoine Griezmann (France) : Le Griz sort du bois, deux fois, pour sortir la France d’un match mal embarqué face à l’Irlande. Et devient, après Raymond Depardon, le deuxième monument national parti de Villefranche-sur-Saône pour libérer la voix des Français.
Balázs Dzsudzsák (Hongrie) : Beaucoup de consonnes dans le patronyme du capitaine et autant de degré de responsabilité dans le surprenant parcours d’une Hongrie « born again » qui sort enfin d’un tunnel de médiocrité de 30 ans.
Nani (Portugal) : Il a quelques fois l’air de lâcher l’affaire à force de voir passer des ballons aimantés pour la tête de Ronaldo dans le 4-4-2 de Fernando Santos qui ne lui laisse que les miettes. Nani, c’est comme l’épreuve de Top Chef dans lequel on demande de faire un « plat digne de la grande gastronomie française » avec les restes du frigo. Avec une boîte de « Piq and Croq » , il repart au vestiaire avec le couteau vert dans le short.
La plus belle ambiance
Roumanie-Albanie
Dans le dernier match du groupe A où les deux équipes jouaient pour espérer l’une des places de meilleurs troisièmes, ce sont les Albanais qui ont accroché le droit d’espérer deux jours, portés par 30 000 supporters qui ont poussé comme si leur vie en dépendait. Cet Euro à 24 a semblé autant une mauvaise idée sur le terrain qu’une très bonne autour.
Le mot du préfet
« On a eu 6 matchs avec des supporters très différents et un risque particulier sur Roumanie-Albanie. On avait eu des infos qui nous prévenaient que les fans du Steaua et du Dinamo de Bucarest voulaient régler leur compte à l’occasion de ce match. Ils s’étaient frittés il n’y a pas longtemps et voulaient une revanche. On les fait sortir avant pour éviter les bagarres. On a aussi été informé qu’ils voulaient déployer une banderole « Kosovo = Serbie » destinée aux supporters albanais. Globalement, on a bien travaillé avec les services de police des pays concernés. Seule surprise : on a constaté un rejet de lafan zonede la part des supporters, qui ont préféré regarder les matchs dans les bars de la ville, pour ceux qui n’avaient pas de billet. Pas observé d’augmentation des délits ou de la criminalité avec l’afflux de supporters. Les seules arrestations concernaient des gens qui profitent de faire du business sur la voie publique. »
Le mot de la mairie
Georges Kepenekian (monsieur Euro) : « J’ai trouvé l’ambiance excellente. J’ai été très triste pour ce qui s’est passé à Marseille, mais on a eu la chance d’éviter les violences. On a eu quelques couacs au début sur les navettes qui amènent au stade, des gens se sont paumés, mais cela a vite été corrigé. Et puis un petit souci entre le protocole et la sécurité du stade. Le préfet n’avait pas de place, ils ne voulaient pas le laisser entrer. Un préfet, pour l’UEFA, c’est personne. Je crois que les commerçants sont plutôt contents, surtout dans le quartier de St-Jean. On a eu quelques plaintes du côté de la place Bellecour où on avait installé lafan zone. Des gens trouvaient que la musique de Bob Sinclar (sic)était un peu trop forte. »
Par Joachim Barbier