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Ce qu’il faut retenir de l’Euro à Lille
Six matchs, un toit rétractable, une pelouse de merde et des Britanniques qui chantent « Will Grigg's on fire » torse nu les pieds dans l'eau de la fontaine de la Grand'Place... Lille a bien profité de l'Euro, et terminé en beauté sur l'exploit du pays de Galles contre la Belgique.
Le match qu’il ne fallait pas manquer
Pays de Galles-Belgique
Avec un tableau aussi dégagé, les Diables rouges devaient taper tout le monde et arriver tout frais face au rescapé des duels Italie-Espagne, Allemagne-Italie ou encore France-Angleterre. Finalement, Marc Wilmots et ses hommes se sont brisé les dents face à la grosse surprise du tournoi et fait bâcher par l’opinion publique belge. Pendant 15 minutes dans chaque période, Eden Hazard et sa bande ont pourtant fait illusion, but de Radja Nainggolan à l’appui. Avant de voir l’esprit collectif gallois et le mojo d’Hal Robson-Kanu venir à bout de Thibaut Courtois. L’une des prestations les plus remarquables de l’Euro, fournie par une équipe que l’on voyait à peine au second tour…
Le match qu’il fallait rater
Suisse-France
Même si la pelouse du stade Pierre-Mauroy a atteint des sommets de médiocrité, le public de Villeneuve d’Ascq a été relativement épargné question matchs purges. Au final, le contenu le plus indigeste est à l’actif de la France et de la Suisse qui, le 19 juin, se sont quittées bonnes amies avec un 0-0 qui qualifiait tout le monde. Et hormis une frappe sur les bois de Dimitri Payet et la qualification pour l’épreuve du 100m aux Jeux de Rio pour Moussa Sissoko, on n’a pas vu grand-chose. À part les dents d’un Didier Deschamps totalement satisfait.
Le but
Hal Robson-Kanu
Les supporters gallois l’ont depuis réalisé, mais sur le coup, ils se sont frottés les yeux. En fin de contrat à Reading, et donc techniquement au chômage, Hal Robson-Kanu a mis fin aux espoirs continentaux de la Belgique en deux gestes. Premièrement, un contrôle orienté pour se remettre dans le sens du but. Trois défenseurs dans le vent. Deuxièmement, une petite pichenette pleine de sang-froid et de lucidité, histoire d’ajuster le brillant Thibaut Courtois. Cela s’appelle marquer le but de sa vie. C’est d’autant plus beau quand on le réalise dans un match historique pour son pays.
Le top 5 des joueurs
Hal Robson-Kanu n’était a fortiori pas le joueur le plus attendu des matchs à Villeneuve d’Ascq, mais il fait partie de ceux dont on va se souvenir. Tout comme de ses camarades Gareth Bale, même s’il n’a pas été directement décisif contre les Belges, ou Aaron Ramsey, énorme tout au long de la compétition. Pour le reste, les vrais artistes de Pierre-Mauroy s’appellent Marek Hamšík – exceptionnel contre la Russie –, Julian Draxler, meilleur Allemand du match contre ces mêmes Slovaques en huitièmes de finale, ou encore Thibaut Courtois, qui, malgré la désillusion des Diables rouges, a été à plusieurs reprises impériales dans ses bois.
Le fait marquant dans la ville : la déferlante britannique
Les maires de Villeneuve d’Ascq et Lens l’ont rapidement compris : le centre-ville de Lille allaient capter l’essentiel de la population de supporters des matchs dans le Nord. Et a donc profité à plein des Anglais, Irlandais et Gallois qui ont squatté la Grand’Place et les autres lieux festifs de la métropole. Avec ses avantages, une ambiance de feu – une explosion des ventes de bière – et ses inconvénients. En l’occurrence la crainte d’affrontements entre hooligans russes et anglais en marge des matchs Russie-Slovaquie à Lille et Angleterre-Pays de Galles à Lens. Finalement, quelques jets de grenades lacrymogènes pour disperser les belligérants auront suffi à éviter que Lille ne vive le même drame que Marseille. Et entende pendant plusieurs jours les « Don’t take me home » et « Will Grigg’s on fire » qui ont ambiancé l’Euro.
Le mot du maire
« Au niveau de la notoriété pour la ville, bon, c’est sûr que dans les médias nationaux, on a plus souvent parlé de Lille que de Villeneuve d’Ascq. Sauf quand j’ai parlé de mes relations avec l’UEFA. Chaque fois que je suis passé en interview quelque part, c’était parce que je gueulais contre l’UEFA. Pour le reste, pour la presse, les matchs se faisaient à Lille. J’ai l’habitude, quand le LOSC joue, c’est déjà le cas. C’est un peu normal hein, je ne vais pas exiger, d’ailleurs je ne peux pas exiger« Eh non, c’est Villeneuve d’Ascq. »Cela fait un peu ridicule. Enfin, maintenant les médias savent – la preuve, vous me donnez la parole – que les matchs, cela se passe sur Villeneuve d’Ascq. J’ai bien fait de gueuler sur l’UEFA. » Gérard Caudron, maire de Villeneuve d’Ascq et maître en communication.
Le point France Boisson
Malgré un arrêté préfectoral qui a découlé sur une interdiction de ventes d’alcool à emporter en marge des rencontres sensibles comme Angleterre-Pays de Galles, la ville de Lille a explosé ses records de vente d’alcool pendant le championnat d’Europe. Dix fois plus que pour une Braderie selon des commerçants interrogés par la Voix du Nord. Pour Arnaud, serveur dans un restaurant bar de l’avenue de Béthune, il faut bien comprendre « qu’on avait des Allemands, des Irlandais, des Anglais, des Gallois et même des Russes, alors forcément, cela fait couler la bière à flots » . Le restaurateur se souvient même avoir fait « une dégustation de(se)s différentes variétés de bière puis servi plusieurs chopes par tête à 10h du matin à un groupe de supporters allemands » . Et ils ont bu tout cela comme du petit lait au petit-déjeuner.
Le point police
« Cela n’a pas été trop méchant, quelques grenades lacrymogènes en réponse à quelques jets de bouteilles, une petite charge pour remettre les choses à plat. » Ce CRS déployé à proximité de la gare Lille-Flandres peu après la victoire anglaise contre le pays de Galles – match à Lens le 16 juin – garde un bon souvenir de son Euro. Une quarantaine d’interpellations pour une dizaine de gardes à vue et un peu plus de blessés légers. On s’attendait au pire à Lille, avec une nouvelle rencontre entre Anglais et Russes. Dans les milieux ultras, on prévoyait même une lourde revanche des hooligans de Birmingham ou Bristol. Malgré une petite démonstration de force sur la Grand’Place lilloise avec de jeunes « supporters » sveltes et musclés, les Britanniques n’ont pas été en mesure de trouver des adversaires russes. Et se sont donc contentés de célébrer le succès des Three Lions après avoir été gazés par la compagnie républicaine de sécurité.
Une chanson pour résumer
Parce que les Gallois ne voulaient vraiment pas rentrer chez eux
Par Nicolas Jucha