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Ce qu’il faut retenir de l’Eredivisie
Le PSV Eindhoven qui remporte son 22e titre. L'Ajax qui termine à 17 longueurs de son rival. Arnhem en vitesse, Twente dans les choux. Philipp Cocu, mais content. Et un Memphis Depay, mais surtout de feu. Où la saison d'Eredivisie de A à Z, Alkmaar, évidemment.
L’analyse définitive
Sept ans, c’est long, comme dirait Jacques Chirac. Sept ans, c’est surtout le temps qu’a attendu le PSV Eindhoven avant de remporter le 22e titre de champion de son histoire, laissé en 2009 à l’AZ Alkmaar avant de visiter quatre fois de suite l’armoire à trophées de l’Ajax Amsterdam. Jeter un coup d’œil au classement, c’est aussi constater que le PSV termine avec 17 points d’avance sur son dauphin Amstellodamois, 92 buts marqués et surtout un bilan monstrueux à domicile de 17 victoires pour une seule défaite. Bien plus que les chiffres, cette saison marque surtout le renouveau national d’une philosophie de la possession de balle malmenée au niveau européen. Le PSV et L’Ajax batailleront en Ligue des champions tandis que l’AZ et le Vitesse Arnhem, vainqueur des barrages face à Heerenven (7-4), se donnent rendez-vous en Ligue Europa. Le réel enseignement de la saison reste finalement celui donné par Memphis Depay, parti sans un regard vers les nuages pluvieux de Manchester United. Malgré la qualif’ en Ligue des champions, les jeunes cadres du PSV accepteront-ils d’évoluer l’année prochaine dans un championnat visiblement trop petit pour eux ? Si la question était légitime en début de saison, le fossé affiché en cours d’exercice devrait leur triturer le cortex au rythme des rumeurs estivales. Georginio Wijnaldum, Jetro Willems ou, à moindre mesure, Luuk de Jong, seront peut-être les instigateurs d’un remaniement ministériel de grande envergure…
La révélation : Memphis Depay (PSV Eindhoven)
Memphis Depay. Memphis Depay. Memphis Depay. Une quelconque tradition néerlandaise voudrait sûrement que l’on cite son nom vingt-deux fois, comme le nombre de pions plantés par l’international Oranje cette saison. Une autre, celle des contes Disney, érige en axiome le caractère parfait du chiffre trois, résonnant comme un refrain dans les classiques pour enfants. Depay accélère, Depay crochète, Depay marque. Le triptyque parfait pour une saison teinté de supériorité. Meilleur buteur du championnat, le jeune droitier sait aussi s’accommoder d’un leader d’attaque, Luuk de Jong pointant à deux unités derrière lui après trois saisons en enfer au Borussia Mönchengladbach et à Newcastle. Dans un autre monde, Depay côtoie déjà de furieux Red Devils et rentre dans le club très sélect des joueurs d’Eredivisie vendus à plus de 30M, assurant sa présence dans les livres d’histoire, encore une fois.
Le but de la saison : Uros Djurdjevic (Vitesse)
Alors oui, on aurait pu vous proposer une sublime frappe des trente mètres, un amour de coup franc direct, un lob excentré de toute beauté ou une passe décisive en coup du foulard. Mais au pays de Dennis Bergkamp, difficile de résister à cet ersatz du plus célèbre chef-d’œuvre de l’Iceman. Le Vitesse abat l’Ajax à la 84e minute de la 20e journée de championnat, et entame sa remontée spectaculaire. Avant ce match de début février, les Jaunes et Noirs sont douzièmes. Quatre mois plus tard, les voilà en Ligue Europa. « L’ascenseur social positif » , comme disait ton prof de sociologie.
Le top : le travail de Philipp Cocu
Si Philipp Cocu était une allégorie musicale, il serait difficile de ne pas l’associer à un lecteur vinyle. Une figure mythique, qui a connu ses heures de gloire avant de sombrer dans l’oubli, et qui démontre aujourd’hui que les plus belles mélodies ne s’apprécient réellement qu’à la sauce rétro. Élu entraîneur de l’année pour sa troisième saison sur le banc d’Eindhoven, l’ex-Barcelonais en détrône un autre, Frank de Boer, coach de l’Ajax. D’abord entraîneur pour cinq mois puis adjoint de Dick Advocaat, Cocu prend définitivement les rennes de l’équipe première en juillet 2013. Deux ans plus tard, à coups de bon plans mercato (Luuk de Jong, recruté pour 5M en début de saison, Andrès Guardado, Isimat-Mirin), et de jeunes talents sortis du Toekomst rouge et blanc (Depay, Jorrit Hendrix, Jürgen Locadia, Joshua Brenet), Cocu a amené son 4-3-3 fétiche tout en haut de l’échelle nationale. Et tout ça avec un effectif de 23 ans de moyenne. Tranquille.
Le Flop : la saison du FC Twente
Troisième l’année passée, le FC Twente termine cette saison une bien maigre dixième place, marquée par un parcours tout aussi chaotique en championnat qu’en Ligue Europa. Les Tukkers commencent la saison par six matchs nuls au milieu desquels se glisse une élimination contre le Qarabağ FC en Coupe d’Europe (un truc de sagouin), avant de flotter dans les eaux internationales du championnat, tel un FC Lorient époque Christian Gourcuff. Les seize passes décisives d’Hakim Ziyech n’y changeront rien, Twente termine la saison avec une différence de buts de +5 seulement. La faute à une défense beaucoup trop perméable. Victime collatérale des trois points de pénalité pour non-respect de ses engagements financiers infligés au club, Ryo Miyaichi, prêté par Arsenal, repart en Angleterre le katana entre les jambes.
Ils ont dit…
« Il est un des plus grands talents d’Europe. Il me fait penser à Cristiano Ronaldo quand il était plus jeune. Il est toujours en mouvement, incroyable techniquement, très rapide, il marque beaucoup et il peut tirer à n’importe quelle distance. Il a tout. » Ronald De Boer, frère jumeau de Franck et ancien international néerlandais, visiblement sous le charme des tatouages pectoraux de Memphis Depay. « Mon conseil pour Depay ? Rester lui-même à Manchester. La première année où vous jouez là-bas, vous n’avez pas à être meilleur que Wayne Rooney. » Les pense-bêtes de Johan Cruijff, disponibles dans tous les bons biscuits chinois. « Il n’est pas à vendre, même pas pour 25M. » Marc Overmaars, directeur sportif de l’Ajax, refroidit les ardeurs de Louis van Gaal concernant son poulain de portier, Jasper Cilessen. « Mon père était dans les commandos / Ma mère était dans les SS / Ensemble, ils ont brûlés des Juifs / Parce que ce sont les Juifs qui brûlent le mieux » Un chant des supporters du FC Utrecht à l’encontre des joueurs de l’Ajax Amsterdam. Le club a été condamné à 10 000€ d’amende et la tribune concernée sera fermée pour quelques années lors des rencontres face à l’Ajax.Le prix Flash Gordon de l’adaptation éclair : Nicolas Isimat Mirin (PSV)
Ce type qui part en voyage Erasmus sans donner de nouvelles, jusqu’à ce qu’une obscure beauté batave partage une vidéo sur son mur Facebook. Sur laquelle il s’éclate, en plus. Qu’Isimat s’y pique, comme on dit.
Par Théo Denmat