- Coupe du monde 2014
- Quart de finale
- France/Allemagne (0-1)
Ce qu’il faut retenir de l’élimination des Bleus
Comme à l'Euro 2012, les Français se sont arrêtés en quarts de finale. Sauf que cette fois, les regrets sont réels tant il y avait la place de passer. À condition d'y mettre les formes.
* Le coup de mou physique de Karim Benzema
Deux premiers matchs d’une rare densité et puis plus rien. Hier, comme contre le Nigeria et l’Équateur, on a senti l’attaquant du Real Madrid émoussé. Pourtant, il avait retrouvé son poste d’avant-centre, celui qu’il avait (in)directement réclamé via sa prestation catastrophique à gauche face aux Super Eagles. Mais visiblement, Karim n’avait pas la caisse physique pour faire mieux, refusant systématiquement les duels face à Hummels et Boateng. Après, comme se plaisait à le rappeler Dirk Diggler, tout est une histoire de centimètres… Notamment sur cette frappe de la 94e minute qui heurte le poteau, en fait le bras de Manuel Neuer, alors qu’elle filait en pleine lucarne. Avec un autre portier aux manettes, cela faisait sans doute ficelle, mais au Maracanã, c’était Neuer. Quoi qu’il en soit, en l’absence de Franck Ribéry, Rim-K aurait dû porter cette équipe dans les moments chauds. Même s’il n’avait rien réclamé officiellement, son CV et son talent parlaient pour lui. C’est de lui qu’aurait dû venir la lumière. Lui sur qui reposait le danger offensif. À sa décharge, il aurait mérité d’être mieux épaulé offensivement face aux Allemands.
* Varane-Pogba, le dur apprentissage
Hummels qui bouge trop facilement Varane dans les airs sur le but, Pogba qui commet la petite faute donnant lieu au coup franc qui amène le pion. En une action, les deux pépites de l’équipe de France ont commis deux impairs sans doute liés à leur jeunesse. Et ça coûte cher. Pour leur première compétition internationale avec les grands, la 93 connexion n’a pas vraiment à rougir. Cela dit, on attendait sans doute plus de folie de leur part, surtout pour Paul Pogba, trop timide face aux Allemands alors que son physique, sa technique et son aura auraient permis aux Bleus de bousculer la Mannschaft. Mais voilà, on oublie que les deux garçons ont à peine 30 sélections à eux deux quand un Tony Kroos ou un Thomas Müller émargent à plus de 45 sélections chacun. Oui, les deux futurs tauliers des Bleus n’avaient pas encore l’épaisseur ni la bouteille pour être des cadres. Un match comme celui d’hier doit leur permettre de grandir. Dans deux ans, les patrons, c’est eux. Et là, plus d’excuses.
* L’étrange coaching de Didier Deschamps
À qui la faute ? À Mamadou Sakho qui aurait dû être franc sur l’état de sa cuisse ou à Didier Deschamps et son staff médical qui n’auraient pas dû prendre le risque d’aligner l’ancien Parisien dans un quart de finale de Coupe du monde ? Quoi qu’il en soit, en grillant un changement avec l’entrée de Koscielny pour Sakho, les Bleus ont perdu l’initiative. Cela a eu pour conséquence directe de retarder l’entrée de Giroud – qui a eu lieu à la 84e – en vue d’une éventuelle prolongation. Sans parler des sorties de Valbuena et Cabaye, les deux seuls capables de donner une certaine verticalité au jeu, quand un Blaise Matuidi – moins dans le coup hier – restait sur la pelouse jusqu’au bout. Pour la première fois depuis qu’il est à la tête des Bleus, Deschamps n’a pas été récompensé par ses changements. Alors que Joachim Löw affirmait dans sa position de vainqueur, après le match, que tous ses changements étaient tactiques, la Dèche n’a pas réussi à renverser le cours d’un match avec les siens. Pis, les trois entrants n’ont rien apporté.
* Une préparation idéale pour l’Euro 2016
À voir Griezmann en pleurs à la fin du match, on s’est dit que les Bleus se voyaient aller loin au Brésil. Difficile de leur en vouloir. À deux ans de l’Euro français, qui est le véritable objectif de cette génération, l’équipe de France a pu bosser pendant un mois. Et plutôt bien. À l’exception de Patrice Évra (33 piges), tous les titulaires de l’Allemagne seront du voyage dans deux ans. Varane, Pogba, Griezmann, Digne ou encore Mangala auront pris de la bouteille. Benzema, Matuidi, Valbuena, Cabaye et Lloris seront toujours dans le coin et des jeunes pousses auront sans doute rejoint les Bleus, on pense à Kurzawa, Lacazette, Laporte ou Martial. Ces Bleus-là doivent regarder vers 2016. Le Brésil a permis de « bien vivre ensemble » pendant un mois, ce qui n’était plus arrivé depuis très longtemps… Enfin, et ce n’est pas rien, l’objectif avoué était un quart de finale. C’est fait. Sortir avec des regrets montre que les Bleus ont parfaitement respecté leur feuille de route.
* L’image restaurée, malgré tout
Des gens dans la rue, des drapeaux partout, des livreurs de pizza en sueur, de la récupération politique, Ludivine Sagna se délectant d’une glace en tribunes, cette Coupe du monde a eu le mérite de réconcilier les Bleus avec le grand public. Les Français sont retombés amoureux de leur équipe nationale. On en a enfin terminé avec Knysna, la génération 87, les caïds immatures et autres conneries. Cette équipe de France est à nouveau aimée par son public. Les gens ont vibré, kiffé, pris un pied incroyable à s’imaginer champion du monde. Finalement, la plus belle victoire de Deschamps est avant tout médiatique. À deux ans d’une compétition internationale sur le sol français, c’est tout sauf anodin. Il faut surfer dessus.
Par Mathieu Faure