- Coupe du monde 2014
- Groupe E
- France/Honduras (3-0)
Ce qu’il faut retenir de la victoire des Bleus
Solide vainqueur du Honduras (3-0) pour son premier match du Mondial, la France a déjà certaines certitudes en tête avant le deuxième match contre la Suisse. Cela dit, tout n'est pas parfait. Pas encore.
* Le patron, c’est Karim
Dire qu’il y a moins d’un an, la France voulait le brûler car il ne trouvait plus le chemin des filets en équipe nationale. Aujourd’hui, l’attaquant du Real Madrid reste sur 7 buts en 6 matchs avec la sélection et porte toute l’attaque française sur ses épaules. Pis, tout le monde l’aime. Pour son premier match de Coupe du monde, le joueur de 27 ans a fait le boulot : un doublé et demi. Le poste d’avant-centre est le sien et il ne le bradera pas. La France a perdu Franck Ribéry en route, mais elle s’est trouvé un formidable leader technique avec le Madrilène, visiblement libéré d’un poids. Il est bien dans sa tête, bien dans ses pompes et bien dans son corps. En six mois, il est devenu papa, a gagné la Ligue des champions dans la peau d’un titulaire et joue une Coupe du monde dans le pays de son idole, Ronaldo. Il n’en fallait pas plus pour le voir envoyer des pralines dans les lucarnes. Si les Bleus peuvent avancer sereinement en ce mois de juin, c’est parce qu’ils savent qu’ils ont dans leur rang un sacré avant-centre. Intrinsèquement, l’ancien Lyonnais a un Thierry Henry dans chaque orteil. Reste maintenant à le prouver avec les Bleus.
* Le schéma fonctionne
Depuis le match retour contre l’Ukraine, Didier Deschamps tient son équipe type et son schéma. Le fameux 4-3-3 avec la triplette Cabaye-Pogba-Matuidi au cœur du jeu. Ce triangle est complémentaire et efficace. Hier, face à un adversaire finalement assez limité, Cabaye était impliqué sur le deuxième but, Matuidi était partout et Pogba a provoqué le penalty. Cet entrejeu fonctionne et sera déterminant pour la suite des événements. Au-delà des trois du milieu, c’est l’ensemble du 4-3-3 – son articulation, sa faculté à se projeter, son aisance sur les phases arrêtées – qui impressionne. Cette équipe joue ensemble. Défend ensemble. Souffre ensemble. Mieux, une hiérarchie existe sur certains postes et personne ne tire la tronche. Oui, cette équipe de France prend du plaisir et, logiquement, elle en donne derrière. Reste à reproduire ce genre de performances.
* Paul Pogba est (encore un peu) jeune
Le Turinois était attendu. Sans doute un peu trop. Contre le Honduras, il aurait pu prendre un rouge avant la demi-heure de jeu quand il a répondu avec un peu trop de nervosité au charcutage en règle de Palacios. Le joueur était nerveux et ça se voyait. D’ailleurs, Hugo Lloris a laissé entendre à la fin du match qu’une conversation avait eu lieu à la pause avec la Pioche. La raison ? Dire au joueur de se calmer et qu’il était hors de question de terminer à dix. Déjà que Paul Pogba avait eu la bonne idée de prendre un rouge lors de sa première sélection contre l’Espagne, il s’agissait de ne pas recommencer. Moins dans son match – il a été le Français le plus décevant, hier -, Deschamps a préféré le sortir à l’heure de jeu plutôt que de prendre le risque de le perdre. À 21 ans, Pogba manque encore d’épaisseur pour ces matchs-là. Récemment, Raymond Domenech déclarait dans Nice-Matin que le Turinois n’avait pas encore les épaules pour être un cadre du vestiaire. « Il est encore jeune et, parfois, son jeu le montre. Il doit encore apprendre à se maîtriser. » On attend un meilleur Pogba contre la Suisse. On sait l’homme orgueilleux. Ça va chier.
* Les latéraux sont dans le ton
Alors que le cahier de jeu de Didier Deschamps s’appuie, entre autres, sur une énorme participation des latéraux, force est de constater que pour la première fois, cela a fonctionné en match. Que ce soit Évra ou Debuchy, les deux joueurs de couloir ont été très intéressants. Notamment dans les phases offensives avec plusieurs montées bien gérées. Pour la première fois depuis longtemps, la France peut s’appuyer sur des centreurs offensifs venus de l’arrière. C’est un vrai plus. C’est d’autant plus intéressant que Patrice Évra restait sur de nombreuses prestations très quelconques en équipe de France. À 33 ans, il prouve que rien n’est perdu dans la vie.
* L’attaque en triangle, ce délice permanent
Les trois meilleurs Français contre le Honduras ? Benzema, Griezmann et Valbuena. Soit le triangle offensif des Bleus. Dans leur registre, les trois joueurs ont été presque parfaits. Vabuena a déstabilisé et donné de l’air au jeu. Griezmann possède une première touche soyeuse et emmerde un bloc sur un simple contrôle, quant à Benzema, c’est le neuf que la France attendait depuis la retraite de Thierry Henry. Mieux, ces trois-là sont complémentaires. On a vu Valbuena et Griezmann permuter sans que l’équilibre offensif s’en ressente. Ce triangle, qui a pourtant peu de vécu, est déjà dans le tempo. C’est prometteur.
Par Mathieu Faure