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Ce qu’il faut retenir de la Süper Lig 2014/2015

Par Thomas Porlon
5 minutes
Ce qu’il faut retenir de la Süper Lig 2014/2015

Avec quatre clubs aux quatre premières places du championnat, Istanbul est toujours la capitale du football turc au terme d'une saison faite de suspense, d'entraîneurs limogés, de coups de fusils et de suspension.

La tête de classe

La Süper Lig exercice 2014/2015 s’est vite transformée en plan à trois stambouliote. Beşiktaş, Fenerbahçe et Galatasaray se sont tirés la bourre pendant 34 journées, échangeant la première place, à toi, à moi, à lui. Jusqu’à ce que Galatasaray mette un sérieux coup d’accélérateur en fin de saison pour griller ses deux rivaux sur la ligne d’arrivée. Résultat des courses : les Lions remportent leur 20e titre de champion de Turquie (77 points), devant le dernier vainqueur Fenerbahçe (74 points) et Beşiktaş (69 points). Pourtant, Galatasaray a eu du mal à se lancer. Des résultats poussifs en championnat, calamiteux en Ligue des champions, ont eu raison de Cesare Prandelli, remplacé à l’automne par Hamza Hamzaoğlu sur le banc de touche. Six mois plus tard, l’ancienne star du club devient le premier Lion à remporter le championnat en tant que joueur et entraîneur.

Le tournant de la saison

Cinq petits mois en fonction, une Supercoupe perdue face à Fenerbahçe, un bilan catastrophique en C1 et une troisième place au classement. Merci et au revoir Cesare Prandelli. Bonjour Hamza Hamzaoğlu. L’arrivée de l’ancien milieu de terrain sur le banc de touche en décembre relance complètement Galatasaray. Emmenés par Wesley Sneijder à la passe et Burak Yılmaz à la finition, les Lions refont tranquillement leur retard au classement avant de croquer tout le monde dans le sprint final.

La révélation

Trois équipes stambouliotes peuvent en cacher une autre, Istanbul Başakşehir. Ce club, tenu par la municipalité et autrefois présidé par Recep Tayyip Erdoğan lorsqu’il était maire de la ville, a commencé sa saison dans la peau d’un promu pour la terminer européen. Quatrième au classement, Başakşehir jouera les barrages de la Ligue Europa pour la première fois de son histoire au terme d’une saison rondement menée. Le club stambouliote, deuxième meilleure défense du championnat, a concédé autant de défaites que Galatasaray (5) et s’est même permis d’humilier le futur champion à domicile (victoire 4-0). Başakşehir est un spécialiste du changement de nom (il en a connu quatre depuis sa création en 1990). C’est aussi le Monaco du championnat turc. Pas pour son oligarque russe, ni sa fiscalité avantageuse, mais parce que le club a l’habitude de jouer devant des tribunes désertées. Son unique club de supporters, les Hiboux gris (Boz Baykuşlar en VO) manie d’ailleurs l’autodérision à merveille avec des banderoles du genre : « Partout, on joue à l’extérieur » ou encore « On nous a dit qu’il y avait un match, alors on est venus » .

Le flop

La saison dernière, Roberto Carlos avait surpris son monde en guidant Sivasspor aux portes du podium (5e) pour sa première véritable expérience sur un banc de touche. Mais cette saison, l’homme au pied gauche supersonique a déchanté. Après une longue série de mauvais résultats (2 victoires en 14 rencontres), l’ancien latéral du Real démissionne au mois de décembre, laissant le club d’Anatolie en position de relégable. Un mois plus tard, il rebondit à l’Akhisar Belediyespor, stagne au classement et se fait limoger en fin de saison. Blasé par la Turquie, Roberto Carlos posera ses valises au Qatar la saison prochaine.

La suspension

On a coutume de dire qu’en Turquie, le football dépasse le simple cadre du sport. L’attaque au fusil du bus de Fenerbahçe en avril en est la preuve. De retour d’une large victoire face à Rizespor, les joueurs et le staff sont pris dans une embuscade près d’un pont aux alentours de Trabzon, dans le Nord-Est du pays. Par chance, le chauffeur, touché à la tête, parvient à arrêter le bus avant qu’il ne tombe dans le vide. Les joueurs sont choqués, mais sains et saufs, tandis que les impacts de balles en disent long sur la violence de la scène. Lors d’une conférence de presse, les dirigeants du club stambouliote dénoncent une tentative d’assassinat et refusent de jouer tant que les circonstances de l’incident ne sont pas éclaircies. Dans la foulée, la Fédération turque suspend le championnat pendant une semaine et les capitaines des 18 clubs de l’élite sont reçus au palais présidentiel par Recep Tayyip Erdoğan.

Top 5 valse d’entraîneurs

Vahid Halilhodžić : Le deuxième passage à Trabzonspor aura été plus court que prévu. Quatre mois, le temps pour le club du bord de la mer Noire de réaliser le pire départ de son histoire. « Limogé par consentement mutuel » , Coach Vahid rebondit au Japon. Citoyen du monde. Gençlerbirliği : Changer trois fois d’entraîneur dans la même saison, faut le faire. Kayseri Erciyesspor : voir Gençlerbirliği. Roberto Carlos : Anji Makhatchkala, Sivasspor, Akhisar Belediyespor. Toi aussi, révise ta géographie avec R. Carlos. Cesare Prandelli : Mancini, Prandelli, il ne fait pas bon être un coach italien à Galatasaray.

L’abandon de poste

De la saison d’Emmanuel Emenike, on retiendra surtout deux histoires de maillots. En janvier, après un match face à Kasımpaşa, l’attaquant de Fenerbahçe enlève sa liquette et l’offre à un supporter. Visiblement ravi, ce dernier entame une danse de la joie et déclenche un buzz sur le net. Trois mois plus tard, en avril, le Nigérian fait à nouveau parler de lui en enlevant son maillot. Sauf que l’histoire est moins sympathique ce coup-ci. Pas en réussite cette saison (4 buts en championnat), Emenike est chahuté par ses propres supporters lors du derby face au Beşiktaş après une occasion ratée. Des « Moussa, Moussa » (pour Moussa Sow) descendent des tribunes du stade Şükrü-Saracoğlu, accompagnés de propos racistes et d’injures en tout genre. Excédé, le meilleur buteur de la CAN 2013 pète un plomb, enlève son maillot et quitte la pelouse. Raisonné par son banc, il revient sur le terrain sous une averse de sifflets avant de sortir à la mi-temps. Donnant le mot de la fin à Moussa Sow qui arrache la victoire dans les arrêts de jeu.

Le but polémique

Wesley Sneijder a rempli son contrat de frappes dans la lucarne, d’ouvertures millimétrées et gestes de folie. Et puis il a reçu l’aide de Ferhat Kaplan, gardien de Gençlerbirliği, pour envoyer Galatasaray vers le titre.

L'homme qui répare les maillots cassés

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