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- Bilan 2014/2015
Ce qu’il faut retenir de la Scottish Premiership 2014/15
Pour la première fois dans l'histoire du football écossais, il n'y avait pas de représentant de la capitale Edimbourg en Premiership. À part ça, le Celtic est de nouveau champion, Motherwell a sombré et on s'est pris d'affection pour le petit poucet, Hamilton Academical.
La tête de classe :
Sans surprise, le Celtic Glasgow a été une nouvelle fois sacré champion d’Écosse. Le 46e titre de l’histoire du club, le 4e d’affilée, une quasi-formalité pour les pensionnaires du Celtic Park. Depuis la rétrogradation des Rangers en 2012, le Celtic ne trouve pas d’adversaire à sa taille et se balade sur les prés au-delà du mur d’Hadrien. Un règne sans partage. Le changement de coach à l’intersaison – le Norvégien Ronny Deila a remplacé Neil Lennon, parti pour Bolton – n’y a rien changé. Après un départ un peu pénible (sixièmes au classement en octobre), les Bhoys sont montés en puissance au fil des rencontres, remportant 29 matchs sur 38. Au classement, le Celtic met 17 points dans la vue du deuxième, Aberdeen. Mais le moment de grâce a eu lieu en demi-finale de League Cup lors des retrouvailles avec les Rangers. Une victoire 2-0 sur terrain neutre (Hampden Park). Avant de s’imposer sur le même score en finale face à Dundee United. Bien dans ses pantoufles à la maison, mais beaucoup plus fragile sur le continent. Reversé en Ligue Europa après un échec lors des barrages de la Ligue des champions, le Celtic s’est fait sortir en 32e de finale par l’Inter. Une vieille rengaine. Le club n’a plus atteint les quarts de finale d’une compétition européenne depuis 2004.
Le tournant de la saison :
89e minute, Pittrodie Stadium, Aberdeen, par un après-midi venteux de novembre. Un corner qui n’en n’était pas un, un ballon qui traverse la surface et atterrit par chance dans les pieds de Virgil van Dijk. Le défenseur néerlandais du Celtic a le réflexe de le pousser au fond du but vide et d’offrir du même coup la victoire à son équipe. Dans sa célébration, l’homme aux tresses fait signe de se calmer, mais il sait bien qu’il s’agit là d’un succès plus que précieux. À ce moment précis, le tableau d’affichage annonçait 1-1, et les Bhoys, réduits à dix depuis l’expulsion de leur capitaine Scott Brown, croulaient sous les occasions des joueurs d’Aberdeen. Un corner plus tard, les voici propulsés en tête du classement. Le tour d’honneur des joueurs et la célébration rageuse du coach Ronny Deila en disent long sur la performance. On est encore en automne, mais le Celtic est déjà en route vers son 46e titre de champion.
La révélation : Hamilton Academical
26 jours entre octobre et novembre. C’est le temps qu’aura duré le règne d’Hamilton Academical sur le trône d’Écosse. Ce modeste club au très maigre budget, de retour dans l’élite après trois saisons à végéter en deuxième division, est la surprise de cet exercice. En tout cas de sa phase aller. Après une défaite inaugurale, les Accies enchaînent une série de neuf matchs sans revers et grimpent au sommet du classement. Cerise sur le gâteau, Hamilton s’offre le scalp du Celtic dans son stade. Un succès historique et inédit depuis 1938. À la tête du club, Alex Neil, 33 piges et seulement deux en tant que coach. Avec son jeu porté vers l’attaque, Hamilton et son coach séduisent dans tout le royaume. Au mercato hivernal, Norwich fait les yeux doux à Neil qui ne résiste pas. Le coach s’en va conduire les Canaries en Premier League, emportant dans ses valises son homme providentiel et meilleur buteur, le Français Tony Andreu. Pendant ce temps à Hamilton, l’entraîneur intérimaire met quatorze matchs avant de connaître la victoire et les Accies dégringolent au classement pour terminer en septième position.
Le flop : Motherwell
À défaut d’avoir le budget du PSG, Motherwell a eu sa fameuse crise de novembre. Crise qui a en réalité duré toute la saison. Alors que le Well, abonné au podium depuis trois saisons et européen depuis sept, est devenu l’outsider numéro un du Celtic depuis la rétrogradation des Rangers, le club s’est complètement loupé ce coup-ci. Une série de cinq défaites de rang, une élimination en Ligue Europa, une avant-dernière place au classement et c’en est trop pour le coach Stuart McCall qui démissionne au cœur de l’automne. Son successeur ne redressera jamais la barre et Motherwell passe sa saison en position de relégable. Contraint de jouer sa survie dans l’élite en playoff face aux Rangers de… Stuart McCall qui a vite retrouvé du travail, le Well s’impose tranquillement à l’aller comme au retour et sauve les meubles.
Le but de la saison :
Stevie Mallan allie l’utile à l’agréable. Pour son premier but en pro, le milieu de St Mirren, 18 ans et demi, a fait les choses en grand. Récupération à l’épaule dans le rond central, râteau, petit pont et feinte de frappe ravageuse sur le même adversaire. Une action conclue par un ballon déposé dans le petit filet adverse. C’est quand même autre chose que le kick and rush…
Le top 5 des matchs :
Celtic 0-1 Hamilton Academical : 77 ans que les Accies n’avaient plus battu le Celtic sur ses terres. Une victoire aux forceps qui propulse le promu en tête du classement. Rien que ça. Rangers 1-3 Motherwell : Le match de la remontée pour les pensionnaires d’Ibrox Park. Mais dans leur antre, les Gers s’inclinent lors du match de barrage aller (3-0 pour Motherwell au retour) et devront patienter avant de retrouver le Celtic dans l’élite. Dundee United 3-0 Dundee : Un doublé, une morsure sur un adversaire et une polémique pour Nadir Ciftci. Le buteur turc de United est sans hésiter l’homme du derby du Tayside lors de la dernière journée de championnat. Ou comment soigner sa sortie. Aberdeen 3-3 Dundee : Mené de deux buts à quelques minutes de fin du temps règlementaire, Aberdeen renverse un match complètement fou en une poignée de secondes. Et arrache un point grâce à un but de raccroc. Hibernian 2-1 Livingston : C’est de la D2, mais le but de Mark Oxley, gardien de profession, vaut le détour.Il ont dit :
Greg Stewart : « La saison dernière, je me levais à six heures du matin pour aller travailler. Du lundi au vendredi. Deux jours par semaine, je rentrais en vitesse à la maison, je chopais un truc à grignoter pour filer à l’entraînement. Alors lorsque j’ai eu l’occasion de devenir footballeur à temps plein, je l’ai saisie à deux mains. » Le genre d’histoire que l’on aime raconter le dimanche matin sur TF1. Celle de Greg Stewart, la révélation de la saison au-delà du Tweed. En quelques mois, l’attaquant est passé de la raffinerie de Grangemouth dans le centre du pays aux surfaces de réparation de la Premiership. Entre-temps, il a quitté Cowdenbeath en D2 pour Dundee. Un bon en avant pour ce recalé du centre de formation des Rangers. D’autant qu’il a brillé avec les Dees pour sa première saison chez les pros à 25 ans. Nommé parmi les quatre meilleurs joueurs du championnat, Stewart a signé treize buts et un nouveau contrat avec revalorisation salariale à la clé. L’ascension sociale made in Scotland. Jordan Moore : « Le pire, c’est quand tu planifies tes propres funérailles. » À 21 ans, Jordan Moore en a vu et vécu beaucoup. Atteint d’un cancer de la peau, les médecins ne donnaient que 1% de chances à ce pur produit de Dundee United de fouler à nouveau les pelouses. Mais Moore s’est accroché et, guéri, est finalement revenu à la compétition en février dernier. Prêté au Queen’s Park FC, un club de D4 écossaise, le jeune attaquant a rechaussé les crampons un an après avoir arrêté la compétition, un doublé à la clé. En fin de saison, Moore a reçu un prix spécial lors des PFA Scotland Awards, l’équivalent des Trophées UNFP sauce gaélique.Par Thomas Porlon