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Ce qu’il faut retenir de la saison de Liverpool
Orphelin de Luis Suárez et pas très inspiré lors du mercato, Liverpool a connu une année très compliquée, bouclée à une décevante sixième place en Premier League et même pas sauvée par son parcours européen. Mais cette saison 2014-2015 restera surtout comme la dernière de Steven Gerrard sous le maillot des Reds. Bonjour tristesse.
L’analyse définitive
Deuxième l’an passé derrière Manchester City, après avoir laissé filer un titre qui lui tendait les bras, Liverpool semblait programmé pour rejouer les premiers rôles cette saison. Mais l’équipe fraîche et sexy qui avait enflammé la Premier League en 2013-2014 n’a jamais été revue. Le départ de Luis Suárez et la blessure de Daniel Sturridge y sont évidemment pour quelque chose, mais ils ne suffisent pas à expliquer une telle dégringolade dans la hiérarchie. Complètement largués en début de saison, les hommes de Brendan Rodgers ont entretenu l’espoir d’un retour dans le top 4 pour finalement s’écrouler et terminer à une triste 6e place. Même pas capables de sortir de leur poule en Ligue des champions, les Reds n’ont pas plus brillé en C3 (éliminés en 16es par le Beşiktaş). Les deux demi-finales dans les coupes nationales ne viennent pas sauver un bilan bien triste pour un club qui a dépensé presque 150 millions sur le marché des transferts, pour un apport des recrues quasi nul.
Le match chef-d’œuvre : Liverpool – Manchester City (2-1)
Dans la morne saison des Reds, la seule vraie prestation à retenir est la victoire contre Manchester City (2-1), le 1er mars (27e journée). Pas un chef-d’œuvre, mais un match comme Liverpool en avait tant livré la saison précédente. Malgré les largesses de sa défense à trois (Can-Škrtel-Lovren), le LFC arrive à venir à bout des champions en titre grâce à une énorme intensité dans le pressing et une vraie inspiration offensive. À la 11e minute, Jordan Henderson donne le ton en nettoyant la lucarne de Joe Hart d’une frappe enroulée. Anfield déchante vite lorsqu’Edin Džeko égalise (25e). Mais Philippe Coutinho imite son capitaine du jour et fait chavirer le kop à un quart d’heure de la fin. Le retour du grand Liverpool, croyait-on alors…
Le tournant de la saison + le coup de sang : Liverpool – Manchester United (1-2)
Revenu d’entre les morts, Liverpool arrive lancé à pleine vitesse pour le sprint final de la saison. La réception de Manchester United, le 22 mars (30e journée), doit confirmer ce retour en grâce pour des Reds qui n’ont plus perdu en championnat depuis… le match aller (3-0, le 14 décembre). Mais dans un Anfield bouillant, c’est Louis van Gaal qui gagne son duel tactique face au 3-4-2-1 de Brendan Rodgers, et MU vire devant à la pause (1-0). Rodgers fait alors entrer Gerrard au retour des vestiaires, mais le capitaine des Reds est expulsé moins d’une minute après, pour une semelle aussi grossière qu’inutile sur Ander Herrera. Un coup de sang qui enterre les derniers espoirs de retour des Reds dans la partie, finalement perdue 2-1. La journée suivante, Liverpool s’inclinera sur la pelouse d’Arsenal (4-1) et dira adieu à ses derniers espoirs de Ligue des champions.
Le meilleur joueur : Philippe Coutinho
Du quatuor Suárez-Sturrige-Sterling-Coutinho qui martyrisait les défenses de Premier League l’année précédente, seul le dernier a continué de briller cette saison avec le maillot rouge sur le dos. À 23 ans, le meneur de jeu brésilien a réalisé une saison pleine, parsemée de dribbles époustouflants et de quelques frappes chirurgicales. S’il peut encore gonfler ses stats (5 buts en championnat), « The Little Magician » a prouvé qu’il avait tout d’un grand et faisait même partie des nommés pour le titre de joueur de l’année en Premier League. Dommage qu’aucun attaquant n’ait été capable de profiter de son talent et de ses caviars.
Le joueur révélation : Jordon Ibe
Preuve que pas grand-chose n’a fonctionné dans le recrutement des Reds l’été dernier, ils ont été obligés de rappeler un peu en catastrophe Jordon Ibe pour apporter une plus-value offensive. On parle là d’un gamin de 19 ans, prêté en début de saison à Derby County pour s’aguerrir. Mais devant ses excellentes performances en Championship et celles beaucoup plus quelconques de Lazar Marković et Adam Lallana, Rodgers a rappelé Ibe dès le mercato hivernal. Un retour au bercail fructueux, puisque le jeune Anglais s’est immédiatement imposé comme un joueur essentiel. Rapide, technique, Ibe rappelle un peu Raheem Sterling, en plus puissant. Ça tombe bien, il devra peut-être le remplacer la saison prochaine.
Le flop : Dejan Lovren
Le flop aurait pu être Mario Balotelli. Mais est-ce vraiment une surprise que l’Italien n’ait jamais réussi à s’imposer dans une équipe dont le style de jeu ne lui convient pas et surtout vu son véritable niveau, bien loin de celui de Luis Suárez ? Pas vraiment. La vraie déception de la saison des Reds est plutôt Dejan Lovren. Excellent sous le maillot de Southampton, le Croate devait devenir le leader de la défense de Liverpool, qui n’a pas hésité à poser 25 millions pour s’attacher ses services. Mais le flop a été retentissant. Toujours en retard, laxiste au marquage, nerveux, l’ancien défenseur de l’OL a affiché en une saison des défauts rédhibitoires pour quelqu’un qui veut s’imposer dans un top club européen. D’abord très patient avec un joueur dont il a ardemment souhaité la venue, Brendan Rodgers a fini par l’écarter, lui préférant même parfois Kolo Touré. Un terrible désaveu.
La (longue) décla : Steven Gerrard
« Dire adieu n’a pas été facile. Liverpool a été une part si importante de ma vie depuis que je suis âgé de 8 ans et je sais à quel point ce club va me manquer. (…) J’ai été époustouflé par l’adieu des supporters et j’aimerais remercier chacun de vous. Je le chérirai tout le reste de ma vie. Ça a été un privilège absolu de représenter ce club pendant si longtemps. Quand j’étais enfant, que je frappais dans une balle dans Ironside Road à Huyton, la seule chose que je souhaitais était de jouer pour Liverpool. Je rêvais d’enfiler ce maillot, juste une fois. Jamais je n’aurais pensé pouvoir le réaliser, et encore moins de jouer 710 matchs avec l’équipe première pendant 17 années. J’en suis immensément fier. J’ai adoré jouer chaque minute pour les meilleurs supporters du monde. Il y a eu des hauts très glorieux et aussi quelques affreux bas. Mais vous m’avez supporté tout le long et je ne l’oublierai jamais. (…) Je serai absent les deux prochaines saisons, mais ce n’est pas la fin de ma longue association avec Liverpool. Je suis et serai supporter toute ma vie. J’espère avoir l’opportunité de revenir et de servir à nouveau le club un jour. Je sens que je peux apporter à l’avenir ma contribution dans un certain rôle. Aujourd’hui, je remercie tous les fans pour le magnifique soutien que vous m’avez donné au cours des deux dernières décennies. Vous m’avez aidé à réaliser mes rêves en me donnant des souvenirs que je n’échangerai jamais. Merci. »
Le plus beau but : Philippe Coutinho contre Southampton
Pour le plus beau but de la saison de Liverpool, cela s’est joué entre Coutinho, Coutinho et… Coutinho. Il faut dire que le Brésilien n’a vraiment laissé aucune chance aux autres avec ses frappes à la trajectoire parfaite. Difficile de désigner la plus belle, même si celle contre Southampton (2-0), le 22 février, est peut-être légèrement devant les autres.
Pourcentage de résistance à la blessure : 0%
Quelle aurait été la saison de Liverpool si Daniel Sturridge n’avait pas été blessé si longtemps ? Nul ne le sait, mais c’est certain qu’elle aurait été meilleure, tant l’absence de l’attaquant anglais aura été un fardeau pour les Reds. Alors que son association avec Mario Balotelli semblait prometteuse, Sturridge s’est vite blessé à un mollet lors d’un rassemblement avec l’équipe nationale et son corps ne l’a ensuite jamais laissé tranquille. « Cela vient peut-être de mon morphotype, c’est peut-être héréditaire, a-t-il expliqué. Mes oncles et mon père étaient toujours blessés aussi. Je suis très rapide, mais cela me rend plus vulnérable, car mes muscles sont trop sollicités par cette explosivité. » Balotelli, Lambert, Borini et même Sterling ont été essayés en pointe pour le faire oublier, en vain. Et mauvaise nouvelle pour Liverpool, Sturridge manquera aussi le début de la saison prochaine à cause d’une opération à la hanche. La poisse.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Alexandre Lacazette
Des buts. Voilà ce qu’il a principalement manqué à Liverpool cette année. La priorité de l’intersaison est donc de trouver un attaquant qui garantit entre 15 et 20 pions en championnat. Pas vraiment le cas de Divock Origi, qui arrive chez les Reds après une saison pourrie à Lille. Si les dirigeants du club cinq fois vainqueurs de la C1 ont déjà signé Danny Ings (Burnley) et lorgne sur Christian Benteke (Aston Villa), la priorité devrait être Alexandre Lacazette. Meilleur buteur de L1 (27 réalisations), l’attaquant lyonnais a le profil parfait pour être l’avant-centre de Liverpool : réaliste, très mobile et surtout pas encore dans la caste des attaquants inaccessibles financièrement. Problème, beaucoup de clubs se disent la même chose. Et ils jouent la Ligue des champions, eux.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Brendan Rodgers reconduit malgré une saison très moyenne, les dirigeants des Reds prônent la stabilité. En tout cas pour leur entraîneur. Car la grande lessive est de mise dans l’effectif à l’intersaison, avec les départs de Balotelli, Lambert, Gerrard, Johnson, Borini, Lucas et surtout Sterling, vendu 55 millions à Manchester City, contre les arrivées de Milner, Ings, Clyne, Ntep et Benteke. Sur le podium jusqu’au Boxing Day, les Reds commencent à fatiguer et terminent une nouvelle fois sixièmes, juste derrière Crystal Palace, énorme surprise de la saison. Heureusement, l’année est sauvée par la victoire en Ligue Europa. Opposé à l’OM en finale au Parc Saint-Jacques, le LFC se fait d’abord marcher dessus. Avec trois buts de retard à la pause, la messe semble dite. Mais l’impensable se produit : Henderson marque dès le retour des vestiaires, imité ensuite par Milner et Can. Mignolet sort les tirs au but de Mendy et Payet, et Liverpool remporte sa 4e C3. Mais le « miracle de Bâle » n’empêche pas Rodgers de se faire couper la tête deux jours plus tard et de voir Benítez, limogé du Real en février, lui prendre sa place sur le banc.
Par Axel Bougis