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Ce qu’il faut retenir de la saison de l’Inter Milan
Parfois le meilleur, souvent le pire, un changement d'entraîneur et au final un résultat anecdotique dans chaque compétition. La saison de l'Inter Milan restera l'une des plus frustrantes de son histoire malgré la montée en puissance de ses deux perles Icardi et Kovačić. Roberto Mancini a déjà prévu une révolution.
L’analyse définitive
Quand on a un nouveau propriétaire depuis 2013, qu’on a connu le triplé de 2010 et qu’on est tout simplement l’un des clubs les plus populaires du Vieux Continent, terminer à la 8e place et se voir privé de compétition européenne relève de la désillusion. Mais si l’entraîneur Walter Mazzari est débarqué en cours de saison, c’est forcément qu’un truc cloche, que la bonne volonté et le charisme de Roberto Mancini ne suffiront pas à régler la mire sans un travail de fond. Tout cela pour dire que l’Inter, après une 5e place presque encourageante la saison dernière, a donné l’impression de perdre une année de sa riche histoire : quelques matchs porteurs d’espoirs comme la raclée contre Sassuolo (7-0) ou la victoire contre l’AS Roma en fin de saison, mais aussi beaucoup d’accidents de parcours comme une valise prise à la maison contre Cagliari, ou une défaite chez les mourants de Parme. Faute d’être réguliers et d’afficher un vrai projet de jeu – logique aussi quand l’entraîneur change en cours de route – les Nerazzurri n’ont su rivaliser avec les gros et se sont contentés d’espérer accrocher le wagon Ligue Europa sur un malentendu, lequel n’a jamais eu lieu. Une saison sans saveur confirmée par les deux matchs nuls dans le derby de Milan et l’élimination dès les huitièmes de finale de la Ligue Europa contre le premier vrai écueil, Wolfsburg. Erick Thohir et les supporters espéraient forcément mieux.
Le match chef-d’œuvre : Inter Milan – Sassuolo (7-0, 2e journée)
En début de championnat, l’Inter a laissé croire qu’elle pouvait se glisser dans la course à l’Europe à défaut de déranger la Juventus ou la Roma dans celle au titre. Pas forcément longtemps, mais le temps suffisant pour exploser Sassuolo 7-0 lors de la seconde journée. De ce match, on pourra retenir toutes les qualités de l’effectif nerazzurro : un Icardi capable de marquer en raccroc, du droit depuis l’extérieur de la surface, ou du gauche en pleine course, un Kovačić inspiré et au toucher de balle subtil, et des transmissions offensives en première intention de Guarín qui ont rendu folle une défense adverse pourtant regroupée. Du bon boulot, mais vu que les Intéristes ont souvent été en grève cette saison…
Le tournant de la saison : la claque à la maison contre Cagliari (1-4)
Quoi de mieux pour comprendre que la saison sera un long chemin de croix qu’une bonne fessée à la maison contre une équipe du ventre mou ? Walter Mazzari a sûrement tout pigé lors de la 5e journée contre Cagliari : une défense poreuse, des attaquants adverses qui se sentent chez eux dans la surface d’Handanović et un Ekdal qui réalise le match de sa vie… Contre Cagliari, l’Inter s’en prend quatre en une mi-temps, ne donne l’impression de pouvoir inverser la tendance que grâce à un but d’Osvaldo, avant de subir les foudres du commentateur d’Inter TV, dépité devant le spectacle et qui ne daigne même plus parler sur les deux derniers pions de la formation de Sardaigne. Trois journées après avoir explosé Sassuolo, l’Inter a constaté que son socle défensif était bien trop friable pour pouvoir espérer quoi que ce soit….
Le meilleur joueur : Mauro Icardi
Dans une saison quelconque, Mauro Icardi est peut-être le seul Intériste à avoir su tirer son épingle du jeu. À 22 ans, l’Argentin est devenu père de famille et a visiblement gagné en maturité : co-meilleur buteur de Serie A avec l’ancêtre Luca Toni, une égalisation à la 88e minute sur panenka contre Naples pour montrer qu’il en a dans le slip, quelques passes décisives et aucun gros passage à vide… Le compatriote de Lionel Messi a pris une nouvelle dimension et s’est affirmé comme la plus grande valeur marchande de l’Inter, avec Mateo Kovačić. L’Argentin sera avec son partenaire croate l’un des piliers du onze de Roberto Mancini la saison prochaine, à moins d’en être la plus grosse vente cet été.
Le joueur qui a pris une nouvelle dimension : Mateo Kovačić
Peut-on parler de révélation pour un joueur qui était déjà titulaire en 2013-2014 ? Forcément non, sauf que Mateo Kovačić a probablement réalisé son exercice le plus abouti en 2014-2015, avec ses premiers buts en Serie A (5) et un impact beaucoup plus net sur le jeu de l’Inter. À 20 ans, il peut représenter l’avenir du club, et dans le présent, son inconstance a été à l’image de celle de son équipe. Capable d’être brillant comme d’être transparent.
Le flop : Yann M’Vila
Arrivé cet été en prêt pour se relancer après s’être enterré au Rubin Kazan, Yann M’Vila n’a finalement pas su s’imposer dans l’entrejeu intériste. Assez logiquement sous les ordres de Walter Mazzari, qui préfère les hommes de devoir à la Gary Medel, puis de manière beaucoup plus surprenante après l’arrivée de Roberto Mancini, plus à même d’apprécier la qualité de passe et la vision de jeu de l’ancien Rennais. Sauf que ce dernier n’a pas su convaincre l’ancien technicien de Manchester City : après cinq apparitions dont seulement deux titularisations, M’Vila a disparu des feuilles de matchs depuis le 6 janvier et une apparition dans les arrêts de jeu contre la Juventus. Aujourd’hui, difficile de dire où en est l’international français et, si à 24 ans, il a la force mentale pour se relancer.
La phrase gentille de Javier Zanetti
Présent à l’Inter depuis 1995, l’Argentin Javier Zanetti y a été joueur pendant 19 ans, n’ayant raccroché les crampons qu’en fin de saison passée. Sans quitter les Nerazzurri puisque le Milanais d’adoption est devenu le vice-président du club. « Aujourd’hui, je ne porte plus le maillot, mais la cravate. Mais je fais toujours partie de l’Inter. C’est ce qui compte le plus. » Une belle déclaration qui montre que l’amour d’un club, cela peut encore exister.
Le plus beau but : la panenka d’Icardi
Un penalty en panenka, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus impressionnant. Mais quand elle est réalisée par un gamin de 22 ans à la 88e minute d’un match à Naples, alors que son équipe est menée 2-1, cela implique que le buteur a ce qu’il faut dans le short. Ou alors un grain à la place du cerveau.
La décision arbitrale qu’ils n’ont pas aimée : le hors-jeu de Brosović contre la Juve
Lors de la 36e journée, encore en mesure d’accrocher un strapontin européen, l’Inter reçoit l’équipe B de la Juventus, déjà championne et en mode « Road to Berlin » . Dominateurs, leaders au tableau d’affichage, les hommes de Roberto Mancini font le break sur une reprise de Brosović rapidement signalé hors-jeu. Sur les ralentis, la position irrégulière du milieu offensif est tout sauf évidente. Dans la foulée de ce but refusé, la Juve obtient un penalty que Marchisio met au fond. 1-1 à la pause, Morata finira le job à la 83e, au grand dam des supporters milanais.
Le coup de sang d’Arrigo Sacchi
« La dernière fois que j’ai vu une équipe italienne gagner la Ligue des champions, c’était l’Inter. Une équipe qui n’avait aucun Italien, une honte. Malheureusement, ici, nous vendons notre âme au diable pour gagner. » Présent au salon du livre de Turin il y a quelques semaines, Arrigo Sacchi aurait tiré sur l’ambulance de l’Inter à en croire la Gazzetta dello Sport. Pas forcément une surprise de la part d’un entraîneur qui avait dérapé sur la trop grande proportion à son goût de jeunes joueurs noirs dans le foot italien. Dans l’histoire, c’est le délicat Marco Materrazzi qui a eu le dernier mot avec subtilité : « Moi, je me demande si son AC Milan aurait pu gagner la Champions sans tous ses Hollandais. » Et, en plus, deux d’entre eux étaient noirs…
Pourcentage de résistance à la blessure : 85%
Excepté Nagatomo absent pendant près de trois mois entre deux blessures et une participation à la Coupe d’Asie avec le Japon, l’Internazionale n’a pas eu à déplorer de grosses défections dans son effectif, si ce n’est celle de Palacio en début de championnat. Ce qui a néanmoins amené l’Argentin à avoir un gros retard à l’allumage et indirectement favorisé l’éclosion d’Icardi. Si les Nerazzurri veulent trouver de bonnes excuses, il faudra chercher ailleurs que du côté de l’infirmerie.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Thiago Motta
Capable du meilleur, mais surtout du pire, l’Inter a donné l’impression de manquer d’un véritable patron au milieu capable de calmer le jeu pour préserver un score ou de remobiliser les troupes face à l’adversité. Une carence qui fait penser au profil d’un Yaya Touré, priorité absolue d’Erick Thohir, mais qui semble prêt à rester une saison de plus à Manchester City, ou à celui de Thiago Motta, qui avait quitté le club à l’hiver 2012 pour rejoindre le projet du PSG. L’Italo-Brésilien a moins le profil du joueur box to box, mais pourrait apporter une consistance défensive et un peu de réalisme dans la maison nerazzurra. Mais bon, ce n’est pas un seul joueur qui permettra de régler tous les problèmes intéristes, Mancini ayant déjà évoqué la nécessité d’avoir 8 ou 9 recrues…
Ce qui va se passer la saison prochaine
Conscient que son jouet ne pourra donner sa pleine mesure sans une refonte totale, Erick Thohir négocie avec l’UEFA le droit d’investir massivement cet été sans être sanctionné par le fair-play financier. Arrivent Thiago Motta et Geoffrey Kondogbia au milieu, Stevan Jovetić pour évoluer attaquant gauche, Bacary Sagna pour reprendre le poste d’arrière droit ou encore Mamadou Sakho pour entrer en concurrence avec Nemanja Vidić. Vu qu’il lui reste encore un peu de sous à claquer, le propriétaire indonésien fait plaisir à son entraîneur en recrutant Samir Nasri à Manchester City, même si Hernanes ou Kovačić ont donné satisfaction. Fort d’un effectif largement remanié, l’Inter peine à lancer sa saison, se retrouve 10e à la trêve, sans fonds de jeu. Roberto Mancini est débarqué et Thohir offre le poste à Arrigo Sacchi, dont la première mesure consiste à installer Materazzi comme adjoint, la seconde à recruter Balotelli pour jouer en pointe avec Icardi. Pragmatisme italien…
Par Nicolas Jucha