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- Bilan 2014/15
Ce qu’il faut retenir de la saison de la Lazio
On attendait une saison compliquée. Au mieux du mieux, une saison de transition. Au final, la Lazio réalise une formidable saison, avec à la clef une finale de Coupe d'Italie et une qualification pour le tour préliminaire de la C1. Résurrection.
L’analyse définitive
Le football est ainsi fait. À un penalty près, l’analyse de la saison de la Lazio aurait pu être tout autre. Ce penalty que Gonzalo Higuaín a décidé d’envoyer dans les étoiles, et qui a éteint les rêves de Ligue des champions du Napoli. C’était à 15 minutes de la fin du dernier match de la saison. Une saison qui aurait pu se transformer en cauchemar pour les Laziali, et qui restera finalement dans les annales comme l’une des meilleures de l’histoire du club. Une qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des champions, huit ans après, et une finale de Coupe d’Italie perdue en prolongation contre le finaliste de la C1. Stefano Pioli et sa bande ont réussi à réconcilier les tifosi et leur équipe. Comment ? Avec un jeu parfois magnifique, surtout en deuxième partie de saison, des victoires spectaculaires, et une envie que l’on n’avait jamais vu depuis l’avènement de Claudio Lotito en 2004. La Lazio a failli flancher dans le sprint final, comme c’était déjà arrivé en 2011 et en 2012, mais ce coup-ci, le dernier coup de collier a été le bon. Coup de collier, et coup du destin, aussi. Car si Higuaín n’avait pas loupé ce péno…
Le match chef-d’œuvre : Lazio 4-0 Fiorentina
On aurait évidemment pu parler du Napoli-Lazio de la dernière journée, tant ce match a été fou et décisif. Mais au vrai, le match référence de la saison, pour les Biancocelesti, c’est ce récital offert face à la Fiorentina. Une rencontre d’une intensité folle, où les Romains ont attaqué de la première à la dernière minute, se procurant des occasions à gogo, marquant des buts splendides (pépite de Biglia) et annihilant totalement un adversaire pourtant censé proposer l’un des plus beaux jeux d’Italie. Mais à ce moment-là, la Lazio est dans une dynamique folle, et entretient un seul objectif : rattraper la Roma. Pendant près de deux mois, rien ne lui résiste, et tous les adversaires qui passent au stadio Olimpico repartent avec leur tarif. Vincenzo Montella et ses Violets n’y ont pas échappé.
Le tournant de la saison
Plusieurs tournants dans la saison de la Lazio. D’abord, cette défaite sur la pelouse de Cesena, au terme de laquelle Pioli et ses joueurs se sont regardés dans les yeux et se sont « dit les choses » . Cela a été le début de la remontée. Ensuite, la victoire 2-1 contre Palerme, à l’arraché, où les Romains ont compris qu’ils pouvaient viser haut. Mais s’il ne fallait garder qu’un seul tournant, ce serait ce match contre le Chievo, lors de la 32e journée. Un match que la Lazio aurait pu, aurait dû gagner. La victoire aurait permis de prendre deux points d’avance sur la Roma et de consolider la deuxième place. Le genre de rencontres que les joueurs de Pioli se voyaient bien gagner 4-0, comme d’habitude. Et quand Miro Klose ouvre le score, on se dit que c’est dans la poche. Mais à un quart d’heure du terme, Paloschi égalise, après que Candreva avait raté la balle de 2-0. Un match nul 1-1 qui va laisser des traces, et qui va surtout permettre à la Roma de rester à hauteur de sa rivale… Une vraie occasion manquée, surtout lorsque l’on regarde le classement final.
Le meilleur joueur : Stefan de Vrij
Un roc. Un monstre. Stefan de Vrij s’était révélé lors du Mondial 2014. On l’oublie, mais lui aussi avait marqué lors de la démonstration 5-1 face à l’Espagne. Arrivé à la Lazio pour 8 millions d’euros cet été, le tout jeune défenseur néerlandais a réalisé une saison exceptionnelle. C’est simple, avec lui sur la pelouse, la Lazio n’a perdu qu’un seul match sur toute la saison : le derby lors de l’avant-dernière journée. Sa blessure au genou a clairement conditionné la fin de saison romaine, notamment pour les matchs face à la Juventus (défaite 2-0) et l’Inter (défaite 2-1), ou les nuls contre le Chievo (1-1) et l’Atalanta (1-1). Car le reste du temps, quand il est là, difficile d’aller marquer un but à Federico Marchetti. De Vrij est bon dans l’anticipation, classe dans ses interventions. À Rome, on n’avait pas vu ça depuis le temps d’un certain Alessandro Nesta. A priori, il ne restera pas bien longtemps à la Lazio, car, dans cinq ans, il risque bien d’être le meilleur défenseur central au monde.
Le joueur révélation : Felipe Anderson
Felipe Anderson est né un soir de décembre 2014, au stadio San Siro. Ce soir-là, le milieu offensif brésilien inscrit un doublé, pour un match nul final 2-2. Surtout, il illumine le match de sa classe, avec des raids solitaires et des dribbles en tous genres. Une vraie révélation, puisque Felipe Anderson, en un an et demi à la Lazio, n’avait jamais rien fait de tout ça. Jusque-là, tous ses dribbles étaient ratés, toutes ses tentatives d’accélération étaient lentes, toutes ses frappes étaient mollassonnes. Edy Reja l’avait mis sur le banc, et il semblait destiné à être l’un des nombreux « bidoni » brésiliens passés par la Serie A. Mais en cette soirée d’hiver milanaise, un miracle de Noël a touché le petit Felipe. Et à partir de là, il est devenu un monstre. Inarrêtable, il a littéralement porté la Lazio pendant quatre mois, gagnant des matchs à lui seul (face à la Samp ou le Torino, entre autres). Lors du rush final, il a clairement calé, mais difficile de lui en vouloir après ces quatre mois de grâce totale. Quatre mois qui ont suffi à faire monter sa cote à quelque 35 millions d’euros. Rentable.
Le flop : Baldé Keita
Jusqu’à la 87e minute de la dernière journée de championnat, le flop de la saison, côté Lazio, aurait été Eddy Onazi. L’international nigérian, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de son pays, n’a clairement pas eu le rendement attendu. Rarement titulaire, ses apparitions étaient bien souvent catastrophiques… jusqu’au dernier match face à Naples, où il entre en jeu et inscrit le but qui qualifie la Lazio pour la Ligue des champions. Du coup, le prix du flop de l’année revient à Baldé Keita. Le jeune attaquant s’était présenté l’an dernier à la Serie A avec des promesses plein les valises. On attendait son explosion cette saison, et force est de constater que l’explosion n’a pas eu lieu. Pire, le joueur a semblé en régression par rapport à la saison dernière, où il destabilisait les défenses avec ses dribbles et ses accélérations. Cette année, les dribbles ne passent plus, et surtout, Keita ne marque plus. Un seul but sur l’ensemble de la saison (le but du 4-0 contre Parme, dernier du classement) et une pelletée d’occasions ratées. Ses trois énormes loupés face à l’Atalanta, lors du nul 1-1 à la 34e journée, pèsent dans la balance au moment des bilans. On attend beaucoup mieux l’an prochain.
Il a dit…
Actuellement entraîneur de l’Atlético Madrid, Diego Simeone n’a jamais oublié la Lazio, club avec lequel il a remporté le Scudetto en 2000. Si cette affirmation a évidemment fait plaisir aux tifosi laziali, qui ne l’ont pas oublié non plus, il faudra désormais plus qu’une déclaration d’amour pour déloger Stefano Pioli de son poste.
Le plus beau but
Cette année, à la Lazio, c’était un concours géant de « Qui mettra la plus belle frappe lointaine ? » Trois participants : Marco Parolo, Felipe Anderson et Antonio Candreva. Numériquement parlant, c’est probablement le premier qui l’emporte. Parolo a en effet planté au moins trois ou quatre frappes de poney de 30 mètres au cours de la saison. Difficile, toutefois, de les départager sur un critère purement esthétique. L’enroulé de Felipe Anderson face à Sassuolo, le pétard sur coup franc de Candreva contre le Hellas ou le missile de Parolo face à Parme sont autant de chefs-d’œuvre. Alors, lorsque l’on ne peut pas trancher, il faut aller piocher ailleurs. Le plus beau but de l’année revient donc à Lucas Biglia, pour sa magnifique reprise de volée face à la Fiorentina. L’Argentin a même failli récidiver quelques minutes plus tard, avec une reprise identique qui filait cette fois-ci en lucarne, mais le portier florentin s’est opposé et a dévié sur le poteau. Ce même poteau trouvé par Djordjevic lors de la finale de la Coupe d’Italie face à la Juve…
Le but de Parolo contre Parme
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
Il ne s’agit pas seulement d’une décision. Il s’agit de l’œuvre complète réalisée par monsieur Massa lors de la rencontre Lazio-Inter, à la 35e journée. Une rencontre décisive dans le sprint final, et que l’arbitre avait décidé de diriger à sens unique. Alors que les Romains mènent 1-0 et dominent le début de rencontre (une victoire leur permettrait de prendre deux points d’avance sur la Roma à deux journées du derby, ndlr), l’homme en jaune fluo expulse un défenseur laziale avant la demi-heure de jeu. Sur le coup franc qui suit, Hernanes égalise. Problème, trois joueurs de l’Inter sont hors jeu et gênent la visibilité du gardien. Le but est validé quand même. En deuxième période, c’est au tour de Candreva d’être signalé hors–jeu alors qu’il file seul au but. Problème, il n’était pas hors-jeu. Et ça continue… Icardi rentre dans la surface, Marchetti plonge, Icardi aussi. Aucune hésitation pour monsieur Massa, qui expulse le portier de la Lazio et donne un penalty à l’Inter. Bref, des décisions difficiles à avaler pour les Laziali, et, au final, une victoire 2-1 des Interisti. « Forcément, à 12 contre 9, c’est plus dur de gagner » se laissera même aller Marco Parolo à la fin rencontre.
Pourcentage de résistance à la blessure
15%
Trop de blessés, trop de pépins physiques. C’est d’ailleurs une habitude pour le club romain. Et il n’a pas fallu bien longtemps pour s’en rendre compte. Dès la troisième journée, la nouvelle recrue argentine, Santiago Gentiletti, se fait les croisés sur la pelouse du Genoa. Il ne fera son retour qu’à la 36e journée, huit mois plus tard. Ensuite, les joueurs laziali ont connu de nombreuses blessures, notamment lors du sprint final. De Vrij s’est fait mal au genou lors de la rencontre face à Empoli, ce qui l’a contraint à rater des matchs importants. Idem pour Parolo, touché à une côte, ou pour Biglia, dont la fin de saison a été gâché par une blessure au genou. Sans parler de Djordjevic, qui s’est fracturé la cheville au mois de janvier, en… ratant une frappe. Et tout ça sans disputer la moindre compétition européenne…
Le joueur dont le club a besoin cet été
On aurait tendance à penser que la Lazio a besoin d’un avant-centre. De fait, cette année, l’équipe romaine ne compte que trois buteurs dans ses rangs : Klose, Djordjevic et Keita. 13 buts pour l’Allemand, 8 pour le Serbe et un seul pour l’Hispano-Sénégalais. C’est peu. Pourtant, au moment de faire les comptes, c’est bien la Lazio qui affiche la meilleure attaque de Serie A, à égalité avec la Juventus. Stefano Pioli a justement fait du collectif sa grande force. Une équipe où tout le monde marque et apporte un soutien offensif. Ainsi, Parolo, Candreva, Mauri et Felipe Anderson, des milieux de terrain, ont tous dépassé la barre des 9 buts. Alors, mieux vaut aller chercher du côté de la défense, où Stefan de Vrij n’a pas encore trouvé son compagnon idéal. Le jeune Hoedt a déjà signé pour ce poste, mais avec une Ligue des champions à disputer, on verrait bien un Mats Hummels venir rejoindre son pote Klose du côté de la Ville Éternelle. Après tout, maintenant que Klopp est parti, qu’est-ce qui le retient là-bas, hein ?
Ce qui va se passer la saison prochaine
La saison débute par un tour préliminaire de Ligue des champions victorieux face à l’Étoile rouge de Belgrade. Manque de bol, la Lazio se retrouve dans le groupe de Chelsea, de l’Atlético Madrid et de Porto. Surprise, pour la première journée de C1, les Laziali tapent l’Atlético du Cholo Simeone. Euphorie à Rome. Une euphorie qui retombe légèrement avec les trois défaites consécutives en championnat. Quitte à faire une saison mi-figue mi-raisin, Pioli préfère tout miser sur la Ligue des champions. Le club bleu ciel réussit ainsi à sortir deuxième de la poule, tout en étant 10e de Serie A. Au final, la Lazio se fera sortir en quarts de finale par le Bayern, et réussira à accrocher une inespérée sixième place au classement, qualificative pour la C3. Tout ça pour ça.
Par Éric Maggiori