- France
- Ligue 1
- Bilan 2014/2015
Ce qu’il faut retenir de la saison de l’AS Saint-Étienne
Plutôt abonnée aux saisons qui ne se ressemblent pas, l'ASSE a assuré une troisième qualification européenne consécutive tout en s'offrant le derby dans le Chaudron. Sans afficher de grandes ambitions, le club du Forez s'est affirmé parmi les grands.
L’analyse définitive
Et si les Verts en avaient terminé avec leurs vieux démons, tant 2014-15 rime avec régularité et fin de série noire. Pour la troisième saison consécutive, l’ASSE se classe dans le top 5, une performance plus vue depuis la grande époque. Un classement qui offre aux Stéphanois un nouveau passeport pour l’Europe. Et pour tout Vert qui se respecte, la victoire dans le Chaudron contre l’OL avait quoi qu’il en soit assuré une saison historique.
Le match chef-d’œuvre : Saint-Étienne 3-0 Lyon
Novembre dans le Forez, autant dire rien de bien glamour. Alors quoi de mieux qu’un derby à Geoffroy-Guichard pour trouver du spectacle. Mais depuis 21 ans, la venue des Lyonnais se termine toujours en eau de boudin. Pour retrouver un chaudron bouillant, il faut remonter à 1994, quand Laurent Blanc libéro était meilleur buteur du club. Mendy avait inscrit un doublé, et Despeyroux, surnommé « désespeyroux » , avait offert un bonheur sans nom aux 18 000 spectateurs, un mercredi soir. Alors, quelle ne fut pas la joie d’un stade, cette fois plein, pour célébrer ce 3-0 libérateur (Sall, Cohade et Van Wolfswinkel). Plus rien n’avait d’importance, la saison pouvait s’arrêter là.
Le tournant de la saison
Ah l’Europe, ses équipes aux noms compte-triple : Dnipro Dnipropetrov, Qarabağ Agdam et Inter Milan. Saint-Étienne était taillé pour ne pas faire de la figuration dans cette poule de Ligue Europa. Pourtant, trois premiers matchs sans le moindre but et un bilan de cinq nuls pour une défaite. Les hommes de Galtier sont repartis comme ils sont arrivés, sur la pointe des pieds, sans bousculer personne. Libérés de cette compétition qu’ils ne désiraient pas au point d’en tomber amoureux, les Verts ont embrayé sur le championnat, délestés d’un poids.
Le meilleur joueur : Max-Alain Gradel
Débauché de Leeds United, alors relégué en D2 anglaise, Max-Alain Gradel arrive dans le Forez en 2011 pour 2,5 millions d’euros. Si ses débuts ne sont pas explosifs, il lui aura fallu trois saisons avant de prendre son pied. Max-Alain a terminé la saison en fanfare, célébrant ses buts à la manière de l’ancien Brésilien Alex. Avec un total de 17 pions, il termine à la cinquième place des buteurs de Ligue 1, assurant ainsi avec brio la suite d’Aubameyang, (19 réalisations lors du championnat 2012-2013). Revenu gonflé à bloc après le titre de champion d’Afrique des nations avec la Côte d’Ivoire, il a participé à maintenir l’ASSE dans le bon wagon.
Le joueur révélation : Kevin Théophile-Catherine
Prêté par Cardiff City, Kevin Théophile-Catherine avait la lourde tâche de faire oublier Kurt Zouma parti rêvé à Chelsea. Champion de France des 18 ans avec Rennes, mais aussi vainqueur de la Gambardella, ce milieu de terrain repositionné défenseur latéral a aussi dépanné en défense centrale stéphanoise quand le gaillard Sall était blessé. Preuve de satisfaction, il devrait s’engager définitivement avec l’ASSE. On aurait pu aussi parler du grand frère Florentin Pogba, défenseur central, mais sa blessure l’a tenu trop longtemps éloigné des terrains.
Le flop : Ricky van Wolfswinkel
Il est arrivé beau et soigné. L’international hollandais repartira avec en mémoire un rendez-vous manqué. Jamais Ricky van Wolfswinkel ne s’est imposé à la pointe de l’attaque. Cinq buts et puis s’en va. Autre flop, Allan Saint-Maximin. Annoncé comme l’espoir du club, l’attaquant peine à trouver une place dans le groupe de Galtier alors qu’il a signé un contrat professionnel depuis deux ans. Mais à 18 ans, l’international français a encore le temps de prouver que tous les espoirs mis en lui ne sont pas du flan.
Il a dit…
« On n’a ni l’expérience, ni les moyens de la 3e place. Viser la 4e place, ce n’est pas manquer d’ambition, c’est être réaliste. Ça nous permettrait de nous améliorer en Ligue Europa. La prochaine étape serait de gagner des matchs et de sortir des poules. »
Alors que l’ASSE peut mathématiquement encore jouer la 3e place à trois journées de la fin du championnat, Christophe Galtier, l’entraîneur stéphanois, se montre chatouilleux sur la question de la participation ou non à la Ligue des champions. Les résultats ont répondu à sa place.
Le plus beau but
Jérémy Clément n’avait plus marqué en Ligue 1 depuis 2009. Et c’était avec le PSG. Pour sa première réalisation sous les couleurs stéphanoises, il ne s’est pas posé de question, au point de reprendre de son mauvais pied une volée qui finit dans les filets niçois. Peut-être pas le plus beau, mais celui dont on se souviendra.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
Paradoxale. Alors que les Verts prennent le bouillon lors du match retour à Gerland, Rose se fait expulser et Gradel égalise sur penalty. Juste avant la pause, Hamouma donne l’avantage à Saint-Étienne. Vexés par la double peine, les Lyonnais, réduits à dix, vont aller chercher la rage nécessaire dans cette « injustice » pour revenir au score (2-2).
Le coup de sang
Max-Alain Gradel, pas content : « Depuis que je suis ici, on n’est pas vraiment ambitieux. Pas au point de vouloir gagner quelque chose ou aller plus haut, car on n’arrête pas de vendre nos meilleurs joueurs. Il n’y a pas besoin d’être intelligent pour le comprendre. On a eu de très bons joueurs et, si on les avait gardés, on serait parmi les meilleures équipes du championnat et on aurait pu titiller le PSG ou Lyon. Mais en vendant les meilleurs éléments, cela montre les ambitions du club »
Pourcentage de résistance à la blessure
55%
Les Verts n’ont pas été épargnés. Dans la liste, une tendance en défense. Pogba, claquage juste avant le championnat d’Afrique des nations, blessé de janvier à fin avril. Perrin, absent un mois, Sall deux mois, adducteurs fragiles, François Clerc qui n’a réellement débuté sa saison qu’en février, mais aussi Erding et Hamouma régulièrement blessés.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Claudio Beauvue
Si Sainté maintient sa politique de recrutement calculé selon le salary cap, à savoir un salaire mensuel maximum de 90 000 euros par mois, et que ses ambitions ne sont pas plus enthousiastes, un joueur du calibre de Gradel devrait aller voir ailleurs ce qu’il se passe. Alors déjà du côté des supporters, on attend un attaquant, un vrai, parce que depuis le départ de Gomis, l’ASSE n’a plus investi dans un pur avant-centre. Et ils ne comprendraient pas un non-engagement, sachant que le centre de formation de l’Étrat appartient désormais au club et que le nouveau stade est terminé. Si le jeune Saint-Maximin est espéré, l’attaquant guingampais Claudio Beauvue, qui a confirmé son départ, pourrait être la solution. Mais déjà trop cher pour l’ASSE ?
Ce qui va se passer la saison prochaine
Après un recrutement toujours maîtrisé, mais des ambitions enfin affirmées, l’ASSE parvient à garder ses meilleurs joueurs dont Gradel. À ses côtés, le jeune Saint-Maximin explose et les deux attaquants dépassent à eux deux la barre des trente réalisations. En défense, Pogba tient la baraque aux côtés d’un Perrin en forme internationale et d’un Ruffier poussant Lloris sur le banc de l’équipe de France. L’ASSE, bercée par un chaudron ambiance seventies, fait de nouveau rêver la France en chatouillant le PSG en tête du classement. Mais dans la dernière ligne droite, Galtier fait du Galtier en affirmant que le club n’est pas prêt pour être champion de France. Paris se détache, Monaco prend l’intérieur, et les Verts terminent sur le podium. Cette-fois, le club se dit prêt à jouer la Ligue des champions.
Par Cédric Perrier