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Ce qu’il faut retenir de la saison du RC Lens
Vaillants et combatifs, les Lensois n'ont pas réussi à déjouer les pronostics cette saison. La faute à un actionnaire absent, à un stade en réparation, à d'incessants conflits internes et à un effectif bien trop jeune pour espérer quoi que ce soit. Et pourtant, il y a eu de belles choses.
L’analyse définitive
Il y a des clubs pour lesquels tout est joué d’avance. Indéniablement, le RC Lens est de ceux-là. Jamais dans son histoire, le club n’a connu une saison aussi difficile que celle qui vient de s’écouler. Entre un actionnaire qui n’apporte pas les fonds nécessaires au bon fonctionnement du projet, un stade inaccessible pour cause de rénovation, un président qui a visiblement choisi de ne plus manger l’été dernier pour tenter de sauver son club et un effectif bien trop jeune pour prétendre à un rôle d’outsider, les Sang et Or ne pouvaient espérer beaucoup mieux que la relégation en mai 2015. Accrocheurs et courageux, le RC Lens n’aura fait illusion que quelques semaines avant de baisser complètement de rythme une fois l’hiver venu. Sans doute fragilisés par la situation interne, les hommes d’Antoine Kombouaré se sont même écroulés à partir de février, avec seulement sept points pris en quatorze matchs.
Le match chef-d’œuvre : Lyon 0-1 Lens
Troisième journée de Ligue 1 : le RC Lens vient d’entamer le championnat par deux défaites face à Saint-Étienne (0-1) et Nantes (1-0). Pas découragés, les Lensois débarquent à Lyon avec la ferme intention de prendre enfin leur premier point. Ils feront bien mieux : dans une rencontre serrée, et face à un OL pas encore rodé, Nomenjanahary fait la différence dès la 11e minute. Un avantage que le club Sang et Or conservera jusqu’à la fin du match. Lequel reste aujourd’hui encore l’un des rares exploits lensois cette saison.
Le tournant de la saison
La scène se passe le dimanche 2 novembre 2014 pour le compte de la 12e journée. Le RC Lens, qui reste sur une belle victoire à Toulouse (2-0), se rend au stade Vélodrome le moral gonflé à bloc. Pourtant, tout commence mal : dès la 10e minute, Nkoulou ouvre le score suite à un corner de Thauvin. Pas paniqués, les Lensois réagissent dès la 31e avec une belle frappe du droit de Baptiste Guillaume avant de multiplier les occasions. Toutes ratées. Pour l’OM, c’est une bénédiction : les Marseillais reprennent l’avantage grâce à Thauvin et finissent par s’imposer suite à un énième manqué de Wylan Cyprien couplé à un sauvetage in extremis de Mandanda face à Touzghar à la 96e minute. Une égalisation qui, soyons-en sûrs, aurait pu donner des ailes pour la suite.
Le meilleur joueur : Yoann Touzghar
Au club depuis août 2012, Yoann Touzghar aura tout tenté pour montrer la voie à ses coéquipiers. Plus expérimenté que la plupart des joueurs de l’effectif, l’attaquant de 28 ans a souvent répondu présent, même dans les moments les plus difficiles de la saison – et il y en a eu un certain nombre. Statistiquement, ça donne 29 matchs, huit buts et une passe décisive. Un bilan plutôt honnête, qui pourrait éventuellement lui permettre de rester en L1 la saison prochaine.
Le joueur révélation : Jean-Philippe Gbamin
Malgré la faillite collective, le RC Lens a révélé de nombreux jeunes joueurs cette saison. Si Baptiste Guillaume, Wylan Cyprien ou Loïck Landre mériteraient totalement leur place dans cette catégorie, Jean-Philippe Gbamin est sans doute celui qui a vu sa côte grimper le plus vite. À 19 ans, le défenseur a d’ailleurs participé à 33 rencontres cette saison, se payant même le luxe de fêter ses premières sélections en équipe de France espoirs.
Le flop : Hafiz Mammadov
Soyons clairs : dans leur grande majorité, les joueurs lensois n’ont pas grand-chose à se reprocher cette saison. L’unique fautif, c’est bien le propriétaire du club. Sur la liste noire du fisc azéri, croulant sous les dettes – sa société, le Baghlan Group aurait une dette de 150 millions d’euros – Hafiz Mammadov a bel et bien coulé le projet sang et or. Même Gervais Martel a tenté tant bien que mal de l’écarter du club, comme le démontraient ses propos dans L’Équipe en mars dernier : « Il a été le sauveur du club, mais on ne peut pas vivre sur le passé. Je ne vois pas son intérêt à s’accrocher. Il a tout perdu de toute façon. Si le club est cédé, ce sera pour un euro symbolique. Il doit comprendre qu’on est au bord du précipice et qu’on doit s’en sortir. » En vain.
Il a dit :
« Il y a simplement quelques personnes à qui j’ai avancé de l’argent et qui ne me le rendent pas. » Après des mois de silence, Hafiz Mammadov participait en mars dernier à une réunion organisée par la Fédération azerbaïdjanaise de football. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se défend comme un enfant de huit ans.
Le plus beau but : Wylan Cyprien
Des buts du RC Lens, le stade de la Licorne d’Amiens n’en a pas vu des masses cette saison. Les presque 10 000 supporters réunis le 30 août dernier face à Reims peuvent donc se réjouir : non seulement, ils en ont vu quatre, mais ils ont aussi assisté au chef-d’œuvre de Wylan Cyprien qui, juste avant la mi-temps, égalise en envoyant un pétard dans la lucarne droite de Placide.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
87e minute entre Lens et Créteil lors des 16es de finale de la Coupe de la Ligue. Mené 1-0 sur leur pelouse, les Sang et Or croient à la possible égalisation lorsque Pablo Chavarría s’écroule dans la surface. Évidente, la faute n’est pourtant pas sifflée par M. Castro, qui laisse l’action se dérouler. Au grand damn des Lensois qui, sur le contre, voient Ludovic Genest et Créteil doubler le score. C’est ballot.
Le coup de gueule
« Ce que je condamne, c’est qu’ils fassent ça quand on se déplace. J’ai le souvenir que nos supporters comptent parmi les meilleurs de France. Et en plus, on se sanctionne nous-mêmes. S’ils veulent, qu’ils gueulent. Ils ne sont pas contre nous (les joueurs et le staff technique, ndlr), mais ils sont contre le club et j’en fais partie. Je suis triste par rapport aux images que j’ai revues. Et je suis fâché. S’ils veulent tout casser, qu’ils le fassent ici. Mais que ça reste entre nous. » Après les débordements provoqués par ses supporters en février à Caen (défaite 4-1), Antoine Kombouaré invite les supporters à venir « laver le linge sale en famille » .
Pourcentage de résistance à la blessure : 26%
En gros, l’inverse du numéro de leur département. Entre un Ala-Eddine Yahia indisponible jusque fin octobre, un Le Moigne absent plusieurs semaines en fin d’année dernière et une infirmerie bien remplie en janvier (Ludovic Baal, Alharbi El Jadeyaoui, Ahmed Kantari, Loïck Landre et Lalaina Nomenjanahary, tous aux soins), on pourrait même dire que Kombouaré a bien bricolé cette année.
Le joueur dont le club a besoin
Inutile de livrer ses prédictions : dans le viseur de la DNCG, le RC Lens a de grandes chances d’être interdit de recrutement cet été. Même Quentin Leclerc, avocat au barreau de Lille, semble peu optimiste dans une interview accordée à lensois.com : « Je pense que la DNCG sera beaucoup moins clémente. Elle ne l’avait déjà pas été, puisque c’est grâce à un recours que le RC Lens a été rattrapé par la FFF. Mais avec tous les éléments observés, elle ne devrait pas être clémente cette année »
Ce qui va se passer la saison prochaine
Allez, soyons optimiste : le RC Lens, maintenu en L2 malgré ses démêlés judiciaires, va se mêler à la lutte pour la montée en première division la saison prochaine. Peu aidé par un début de saison difficile, les Sang et Or échouent malgré tout aux portes de la L1. Un mal pour un bien. Définitivement débarrassé de la DNCG, Gervais Martel, entouré désormais d’anciens cadres lensois (Wallemme, Warmuz et Vairelles, revenu de son trip dans le slam), peuvent s’atteler à renforcer l’effectif. La suite n’en sera que plus glorieuse.
Par Maxime Delcourt