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Ce qu’il faut retenir de la saison du PSG
Quatre titres nationaux, des buts, des blessés, Marco Verratti, un coup de gueule en 16/9e, de l'argent, des tunnels et une armoire à trophées qui commencent à avoir de la gueule, finalement, la saison parisienne est plutôt réussie.
L’analyse définitive
En début de saison, le football français met en jeu quatre titres : le Trophée des champions, la Ligue 1, la Coupe de France et la Coupe de la Ligue. Plutôt que de s’emmerder à faire des choix, le PSG a tout gagné. Les quatre, donc. Personne ne l’avait jamais fait en France. Certains parleront de saison « unique » . D’autres diront que le PSG n’a fait que le job. La vérité est entre les deux. Bien moins flamboyant que durant la période septembre-decémbre 2013, le PSG cuvée 2K15 a mis du temps à se mettre en route. Une reprise tardive, des internationaux cramés, des Brésiliens meurtris, un fair-play financier casse-couille, un Ibrahimović rapidement blessé, une infirmerie souvent remplie, cela donne une première partie de saison très poussive bouclée à la troisième place.
À ce moment, Blanc et ses hommes sont dans le dur mais toujours dans le coup. C’est leur force, avoir su faire le dos rond quand les crachats s’intensifiaient. Puis la machine a (re)commencé à faire du bruit. Le PSG a de nouveau collé des raclées tout en maîtrisant mieux ses matchs. Et puis il y a eu des matchs importants bien négociés en 2015 (Saint-Étienne, Lyon, Marseille, Lille, Montpellier) pour terminer sur neuf victoires de rang en championnat et 83 points au compteur. Huit de plus que son dauphin. Cette équipe a-t-elle progressé ? Difficile à dire. L’élimination en quart de finale de Ligue des champions – la troisième fois de suite – a moins laissé de traces que d’habitude. La marche barcelonaise était beaucoup trop haute. Mais contrairement aux autres saisons, les Parisiens se sont vite remis en mode Ligue 1 sans jamais dévier de leurs objectifs. Au point d’en devenir intouchables en avril-mai, quand il fallait vraiment accélérer et braquer tous les titres. Moralité, les Parisiens ont fait une razzia sur la chnouf.
Le match chef-d’œuvre : PSG 6-1 Lille
Le PSG 2014/2015 est un adulte mature. Il a laissé les enfants s’amuser durant l’été, les adolescents durant l’automne avant de se requinquer durant l’hiver pour emballer aux premières lueurs du printemps, quand ça comptait vraiment. Fin avril, les Parisiens terminent leur marathon et reçoivent Lille sans Zlatan Ibrahimović toujours suspendu pour outrage à agent. Le LOSC est en forme puisque l’équipe de René Girard reste sur six victoires en sept matchs quand elle débarque au Parc des Princes. Certains sentent un traquenard mais sur le gazon parisien, ça va beaucoup trop vite pour les Dogues. Le PSG déroule. Dans tous les sens. Kjær et Basa se font martyriser et les Parisiens mènent 4-0 à la pause. Thiago Motta est insolent et Lavezzi plante même un triplé. L’addition est salée : 6-1. Collectivement, c’est un match parfait. Les Parisiens sont efficaces et ne laissent aucune chance à leur adversaire. Un bête assoiffée de sang. Dix jours plus tard, c’est Guingamp qui viendra en prendre six au Parc.
Le tournant de la saison : le déplacement au Vélodrome
Avant le match au Vélodrome, les hommes de Laurent Blanc n’ont que deux points d’avance sur l’OM. Rien n’est encore fait, donc. Surtout que l’OM atteint la mi-temps avec un avantage intéressant (2-1). Le stade Vélodrome est plein. Les Marseillais ont préparé le match depuis quinze jours, trêve internationale oblige. Sans doute trop, d’ailleurs. Au retour des vestiaires, le PSG colle deux buts en moins de 120 secondes. Le score ne bougera plus. En s’imposant face à l’escouade de Marcelo Bielsa, les Parisiens prennent cinq points d’avance sur le champion d’automne. Un leader hivernal qui ne reverra jamais le PSG. L’OM terminant à quatorze points du maillot jaune. Ce match sonne surtout le début de la fin pour tous les prétendants hexagonaux puisque, après cette victoire olympienne, les Parisiens vont ensuite gagner tous leurs matchs de championnat. La machine est en route. Intraitable. Comme Pierre Martinet.
Le meilleur joueur : Marco Verratti
Avons-nous conscience de la chance qui est la notre de voir évoluer Marco Verratti en Ligue 1 ? 32 matchs, deux buts, huit passes, douze avertissements, 95 fautes subies et une excitation rétinienne et phallique permanente à la vue de ses Puma. À 22 ans, l’Italien a franchi un cap cette saison. Déjà, il a compris qu’il pouvait marquer des buts. Ensuite, il a continué de régaler avec des ouvertures frôlant la perfection. Enfin, il a pris en main le volant de la Ferrari QSI pour la conduire comme un daron. Feintes de corps, râteau, sorties de balle irrespectueuses, talonnades, le petit hibou a donné de l’amour. Beaucoup d’amour. Il s’est même émancipé de son chaperon Thiago Motta pour devenir le véritable taulier de cette équipe. Tu ne sais pas quoi faire du ballon ? File le à Marco, il s’occupe de tout.
Le joueur révélation : Javier Pastore
Et oui. L’Argentin est là depuis quatre ans et on a l’impression de l’avoir vraiment découvert cette saison. Régulier d’août à mai, Flaco a surtout découvert qu’il pouvait être constant en jouant au football. Meilleur passeur du club en championnat (dix caviars), Pastore a enfin trouvé sa place sur le terrain. Même Zlatan Ibrahimović a compris qu’il ne fallait plus venir marcher sur ses plates bandes au milieu de terrain. Le numéro 27 a enfin pris la mène de cette équipe et régalé ceux qui commençaient à s’épuiser à défendre l’indéfendable. On a vu notre numéro 10. Entre les lignes, l’ancien de Palerme a fait l’amour a toutes les défenses du pays. On l’a vu presser, défendre, récupérer, régaler de l’exter, jongler dans la surface adverse, humilier des adversaires, enquiller des tunnels, bref, Pastore a mis Blanc dans la merde en étant bon. Avec lui, pas besoin de regarder les statistiques pour comprendre son importance. Ce garçon est le football. Il a même été élu trois fois meilleur joueur du mois avant d’être adoubé par son sélectionneur national. Mais sa plus belle victoire arrive bientôt, il est aussi devenu paternel. Papa et champions.
Le flop : Yohan Cabaye
Son meilleur match ? Caen. Celui où il est sorti à la seizième minute de jeu, en pleurs, sur blessure. Ce match est à l’image de saison. Quand le garçon semblait aller mieux, il se pétait. Et quand il ne se blessait pas, il se noyait en voulant faire du Thiago Motta sans le vice ni même le talent de l’Italien. 24 matchs (13 titularisations) plus tard, le Français n’a jamais semblé être en mesure d’inquiéter un titulaire de l’entrejeu parisien. Pis, on a même l’impression qu’Adrien Rabiot a réalisé une bien meilleure saison que lui. Acheté plus de 25 millions d’euros en janvier 2014, l’ancien Magpie n’a jamais trouvé ses marques au PSG. Le maillot est trop grand pour lui.
Ils ont dit :
« Hey Papus, tire sur mon doigt ! » , Ezequiel Lavezzi dans le vestiaire. Tous les jours. « J’espère que c’est la dernière défaite de la saison » , Nasser, après la première défaite parisienne à Barcelone en décembre. « Tout le monde est unanime pour dire que dans cette première partie de saison, on a manqué de rigueur dans le jeu et certainement aussi en dehors du terrain. Il y aura des petites choses qui vont changer, des passe-droits qui vont disparaître » , Laurent Blanc. « Vive la France ! » , Zlatan Ibrahimović. « Les mecs, c’est pas moi qui va monter la Cope, c’est Papousse Camara » , Thiago Silva.Le plus beau but : Lavezzi face à Rennes
Dix passes, cinq joueurs concernés, le tout à une touche de balle. Contre Rennes, le PSG a fait dans le Joga Bonito avec un Lavezzi qui termine en plat du pied sécurité.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimé
Edinson Cavani s’élance pour tirer son penalty. Marque. S’agenouille. Charge son fusil imaginaire et tire. Voilà dix piges que l’Uruguayen fête ses buts de cette manière. Sauf qu’au Stade de France face à Lens, le geste va lui valoir un rouge. Enfin, un jaune – d’abord – pour « comportement antisportif » envers le public Lensois avant de prendre un second jaune par l’arbitre Nicolas Rainville suite à l’incompréhension du joueur pour son premier avertissement. La raison ? Un geste interprété comme intimidant. Tout va bien.
Le coup de gueule
Une passe en retrait au gardien non sanctionnée et voilà Ibrahimović qui pète un câble dans les coursives du stade Lescure de Bordeaux. Et pas qu’un peu. Des insultes anales aux griefs nationaux, voilà Zlatan au cœur d’un scandale national. Même les partis politiques s’y sont mis. Moralité, le Suédois a pris trois matchs de suspension et a frôlé la lapidation médiatique. Quelle histoire…
Pourcentage de résistance à la blessure : 1%
Que ceux qui n’ont pas été faire un tour à l’infirmerie lèvent la main ? Ils sont peu. Pour la première fois depuis bien longtemps, l’effectif parisien a été en perpétuel reprise. On a même vu le PSG terminer un match à neuf à la suite de blessures (PSG-Caen où Marquinhos, Cabaye, Lucas et Aurier sont sortis sur pépins physiques). Et les conneries ont débuté très tôt puisque Thiago Silva s’est claqué la cuisse au cœur de l’été lors d’un amical à Naples. Ensuite, la mutuelle du club a remboursé à toutes les sauces : le nez de Motta, la talalgie d’Ibrahimović, la cuisse de Lucas, le traitement russe de David Luiz, les larmes de Cabaye, la cheville de Sirigu, les cuisses de Marquinhos, le mollet d’Ibrahimović, etc. Grosso modo, Laurent Blanc n’a jamais vraiment pu disposer de l’intégralité de son effectif. Contre Lens ou Metz, ça passe. Mais quand on doit jouer le Barça en quarts de finale de Ligue des champions, sans Motta, Silva, Luiz (blessés), Ibrahimović, Verratti (suspendus), ça fait beaucoup. Cet été, il faudra investir dans une meilleure pharmacie. Ou faire une vraie bonne préparation physique car, mine de rien, les Parisiens se sont envoyés 59 matchs dans le buffet. Sans compter les sélections nationales.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Danijel Subašić
Salvatore Sirigu a été au cœur des critiques. Ce n’est pas le seul Parisien, d’ailleurs (Ibrahimović, Motta, Silva et Cavani ont eu droit à un procès aussi). Mais l’Italien n’a jamais réussi à renverser la vapeur. Quel est son meilleur match cette saison ? Bonne question. Le Sarde n’a pas fait de boulettes au sens propre mais son absence d’envergure sur les grands matchs interpelle. Avec Salva, c’est toujours « il a pris un but sur lequel il ne pouvait rien faire » . C’est drôle. Au début. Depuis six mois, les rumeurs bruissent dans son dos. Le PSG a besoin d’un grand gardien. Petr Čech, Hugo Lloris, les noms commencent à sortir pour déloger l’Italien de sa cage. Pour franchir un cap, notamment en Ligue des champions, le PSG a besoin d’un portier complètement dingue. D’un type rassurant. Imposant. Impressionnant. Flippant pour les attaquants adverses. Bref, le PSG a besoin de Danijel Subašić. Un mec qui regardait les bombes tomber au-dessus de son tronche quand il avait sept ans et qui, en trois ans, est passé de la Ligue 2 à la Ligue des champions sans broncher.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Nasser va essayer d’amadouer l’UEFA sur le fair-play financier. Le PSG a le porte-monnaie qui chauffe. Il veut dépenser. Alors que la raison financière lui conseille de faire Wissem Ben Yedder, Jordan Amavi et Moussa Sissoko, Nasser, lui, veut du Ángel Di María, Kevin De Bruyne, Hugo Lloris et Daniel Alves. Le PSG veut du clinquant. Du renommé. Du cher. Du bon. Moralité, il ne va rien se passer. La direction sportive va sortir 50 plaques sur Marco Reus de Dortmund et prolonger Ezequiel Lavezzi sans réussir à vendre un seul joueur à part le sémillant Jean-Christophe Bahebeck. Avec les retours tardifs de la Copa América, le PSG va entamer la saison timidement, concédant trois nuls au cœur du mois d’août avant de se mettre en marche courant septembre. Six mois plus tard, le PSG devient le premier club de France à conserver son fameux quadruplé mais se fait encore sortir en quarts de finale de Ligue des champions par l’Atlético Madrid de Griezmann (0-0, 0-1). Ibrahimović sort sur civière. Alors qu’il avait le but de la qualification à Calderón, le Suédois préfère tenter un coup du foulard inversé plutôt que de pousser la balle dans le but vide. Verdict : genou en vrac et balle qui file en touche. Moche.
Par Mathieu Faure