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Ce qu’il faut retenir de la saison du FC Valence
Chose promise, chose due. Nuno Espírito Santo a allié la parole aux actes en accrochant le wagon de tête, (presque) synonyme de Ligue des champions pour les Valenciens. Avec un petit regret, celui d'avoir raté la troisième marche du podium à coups d'occasions manquées.
Bilan définitif
À un point d’une troisième place « surprise » et à un autre d’un décevant cinquième rang, Valence termine sa saison là où seul Nuno l’espérait en début de saison. Car l’arrivée du gars sûr de Jorge Mendes sur le banc de Mestalla n’a guère suscité d’optimisme en Espagne. Les médias nationaux craignaient une énième manipulation foireuse du super agent, tandis que les bookmakers tablaient sur le licenciement du Lusitanien en novembre ou décembre. Au final, la surprise est totale. Valence réalise un très bon début de saison, (les Ches restent invaincus sept journées), tape l’Atlético, tape le Real, perd deux fois injustement contre le Barça et, malgré deux crises (quatre matchs sans succès en novembre et seulement quatre victoires lors des dix dernières journées), atteint son objectif européen. Si les Valenciens ont profité de la galanterie du FC Séville – jamais disposé à passer devant la belle chauve-souris – ils sont surtout allés chercher leur quatrième rang entre la mi-décembre et la fin du mois de mars (11 matchs remportés sur 14 !). Résultat, Nuno est content, Peter Lim est content, Jorge Mendes est content… Pas sûr néanmoins que tout se passe de la même manière la saison prochaine. Valence devra se renforcer suffisamment pour bien figurer sur tous les tableaux, sachant que le technicien portugais n’a aucune expérience en Ligue des champions en tant qu’entraîneur. Un nouveau défi pour lui.
Le match chef-d’œuvre : FC Barcelone – Valence (2-0)
Un but de Suárez à la première minute et un autre tout pourri de Messi à la dernière. Entre les deux, une domination quasi totale des visiteurs sur la pelouse du Camp Nou. Oui, le meilleur match des Ches est une défaite, mais quel match ! Hormis une prestation calamiteuse de Lucas Orbán, toute l’armée de Nuno Espirito Santo a proposé un jeu de qualité. Conservation de balle, jeu vertical, ouvertures, jeu latéral, axial, frappes de loin, centres… Valence a tout fait à la défense du Barça, sauf marquer des buts. Rodrigo et Alcácer, puis Negredo ont tantôt joué de malchance, tantôt buté sur un Bravo qui a rarement aussi bien porté son nom que ce jour-là. Finalement, Nuno a pu retenir deux enseignements de cette bataille injustement perdue. La première, c’est qu’il aurait dû titulariser Gayà et non Orbán, l’autre, c’est qu’avec un buteur de classe européenne, son Valence pourrait emmerder beaucoup de monde.
Le tournant de la saison : Athletic Bilbao 1–1 Valence + la décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
9 avril 2015, il est bientôt 22 heures et la cathédrale de San Mamès pousse son équipe en difficulté. On joue la 89e minute, et l’Athletic Bilbao est mené 1-0 par les Murciélagos. Les hommes de Valverde n’ont plus trop le choix. Ils jouent de longs ballons vers l’avant en espérant trouver la faille. L’un d’entre eux trouve Aduriz dans la surface. L’Espagnol trouve Viguera face au but mais, après un rebond sur le poteau, la frappe déviée de ce dernier retourne dans les pieds du premier, qui n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but vide. Chanceux, le but est surtout entaché d’un hors-jeu gros comme un camion, qui coûte deux points et peut-être la troisième place finale à Valence. La décision arbitrale est d’autant plus rageante que le juge de touche était idéalement placé sur l’action…
Le but : André Gomes contre l’Atlético Madrid
L’autre match phare de la saison valencienne a eu lieu à Mestalla au mois d’octobre, lorsque les locaux en ont enfilé trois aux Colchoneros en à peine treize minutes. Une minute après l’ouverture du score sur un CSC de Miranda, André Gomes profite de l’euphorie ambiante pour claquer un « golazo » . Une action pleine de technique et un toucher de balle qui rappelle Rui Costa. Superbe. On aurait pu, en outre, tabler sur la demi-volée de bourrin de Negredo contre Levante, mais la finesse fait la différence.
Le meilleur joueur : Nicolas Otamendi
Une bonne tête brûlée argentine comme on les aime, mais avant tout un putain de patron. Annihiler Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et l’attaque de l’Atlético Madrid sur la même saison, c’est fort. C’est très fort, même. Surtout quand, au Camp Nou, l’ancien du FC Porto malmène un Messi à nouveau au sommet de son art. Rien à foutre. Otamendi pourrit son compatriote en un contre un comme il l’a fait avec tous les meilleurs attaquants de la Liga au cours de la saison. Sans parler de son jeu de tête de daron, qui, en plus de faire la différence défensivement, s’est montré bien utile en attaque. Bilan, six buts pour sa première année en Liga. Trois de moins qu’au FC Porto en trois fois moins de temps. Vivement l’année prochaine.
Le flop : Enzo Pérez
Cible du FC Valence depuis plus d’un an, l’Argentin aura dû attendre un énième échec de Benfica en Ligue des champions pour voir les portes de Mestalla s’ouvrir à lui. À Lisbonne, il était indispensable. Sa grinta et sa technique ont convaincu Jorge Jesus de lui donner les clés du jeu benfiquista. Il aurait peut-être mieux fait de ne pas quitter la Luz, car à Valence, c’est l’ombre qui l’attendait. Certes, sa fin de saison n’a pas été dégueulasse, mais il est loin de son meilleur niveau et, pire, ses relations avec Nuno ne sont pas idylliques. À Enzo Pérez de faire en sorte que la girouette tourne.
Les révélations : André Gomes et Gayà
Dans une équipe qui a radicalement changé d’une année sur l’autre, et qui fait confiance à ses jeunes, il est difficile de ne retenir qu’un seul nom. André Gomes et Gayà sont les élus. Le premier a autant surpris que régalé le public valencien par sa technique, sa vision de jeu et son côté esthète. Le football portugais doit se mordre les doigts d’avoir perdu si tôt celui qui fait partie du onze des révélations de la Liga 2014-2015 et devrait viser plus haut dans les saisons à venir. Pareil pour José Luis Gayà, illustre inconnu avant l’arrivée de Nuno sur le banc des Ches. Le latéral gauche, habitué à la Segunda Division, a réussi le grand saut en éjectant petit à petit Lucas Orbán de son fauteuil. Suivi par les trois requins espagnols, il ne devrait pas tarder à se révéler avec la Roja.
La décla
« Mon objectif, c’est la Ligue des champions. » Dire que Nuno a des cojones est un doux euphémisme. En provenance de Rio Ave, club inconnu pour les trois quarts des suiveurs de la Liga, pote de Jorge Mendes et Portugais, donc forcément pas très bien vu en Espagne, l’ancien gardien de but n’hésite pas à se fixer de gros objectifs dès le jour de sa présentation. Et quand, six mois plus tard (en janvier), la direction du club décide de prolonger son contrat, rebelote. « L’année prochaine nous devrons être en Ligue des champions, car c’est là que nous méritons d’être. Ensuite, on se fixera de nouveaux objectifs et on essayera de les atteindre eux aussi. » Ambitieux.
Coefficient de résistance à la blessure : 99%
Bien préparé et bien géré, l’effectif valencien a été épargné par les grosses blessures. Hormis Alcácer, absent des terrains un mois entre février et mars, les autres joueurs n’ont que très rarement été arrêtés plus de quelques jours pour de petites lésions musculaires. La saison rêvée pour un entraîneur.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Jackson Martínez
En 2014-2015, le FC Valence a bien joué, beaucoup dominé et énormément frappé, mais aussi et surtout beaucoup trop vendangé. C’est simple, si le club ne parvient pas à se munir d’un tueur à gages à la pointe de l’attaque, il pourra difficilement viser plus haut sur la scène nationale et jouer les outsiders en Europe. Compte tenu de la qualification des Valenciens en C1 et du portefeuille du proprio, Peter Lim, les chauves-souris devraient trouver chaussure à leur pied sur le marché des transferts cet été. Parmi les buteurs qui vont bouger, Jackson Martínez est sans doute celui qu’il leur faut. Expérimenté, costaud, habile techniquement et efficace, le triple meilleur buteur du championnat portugais a démontré avoir suffisamment de classe pour peser sur les meilleures défenses et gardiens du monde. À Lim de remplir sa valise de billets violets pour convaincre Porto de le lâcher.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Fraîchement rentré de ses vacances avec son pote Jorge Mendes, Nuno Espírito Santo envoie du bois pour sa première conférence de presse de la saison. « Cette année, on sera champions. » Contrairement à 2014, l’Espagne respecte un peu plus le Portugais, mais a quand même du mal à le croire. Pourtant, l’ancien coach de Rio Ave est prêt à tout pour arriver à ses fins, comme aligner son équipe B en C1 et en Copa del Rey pour reposer ses cadres l’espace d’un week-end. La stratégie fonctionne. Éliminé prématurément en Coupe et reversé en C3 sur la scène européenne, Valence cartonne en Liga, au point de se retrouver avec 30 points à l’issue des dix premières journées. Malgré une petite crise hivernale qui voit les Ches retomber à la troisième place derrière le Barça et le Real, la team de Nuno termine très fort et éclate les deux mastodontes au cours des deux dernières journées du championnat pour se sacrer championne avec un point d’avance sur Barcelone et deux sur le Real (meilleure défense avec 14 buts encaissés). Nuno est élu meilleur entraîneur de Liga et fait part de ses nouvelles ambitions : « Redorer le blason du Portugal en envahissant l’Espagne. » Toujours plus haut.
Par William Pereira