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Ce qu’il faut retenir de la saison du FC Séville
Belle comme une danseuse de flamenco, Séville n'aura pas terminée dans le top 4 de la Liga, mais se qualifie tout de même directement pour la prochaine Ligue des champions. Grâce à quoi ? Grâce à sa seconde Ligue Europa consécutive, ramenée de Varsovie. Étude du vivier sévillan, là où le football bat son plein.
L’analyse définitive
Une saison à entrer en lettres d’or dans son livre d’histoire. Si le FC Séville devait résumer son exercice 2014/2015, ce serait sans complexe que les anciens du club parleraient du meilleur cru des Palanganas depuis leur création en 1890. Avec 76 points glanés en 38 journées, le FC Séville aurait terminé deuxième de Ligue 1, deuxième de Serie A ou encore troisième de Premier League. Mais en Liga, Séville ne finit qu’à une décevante cinquième place, synonyme de qualification en Ligue Europa. Une C3 à laquelle Séville commençait à s’habituer beaucoup trop. Double vainqueur en titre, les Sévillans auront cette fois-ci l’honneur de jouer la C1, après leur difficile succès contre les Ukrainiens du FC Dnipro en finale à Varsovie (3-2). Car depuis cette saison, l’équipe victorieuse de la C3 est directement qualifiée pour les phases de poules de la Ligue des champions. Une bonne nouvelle pour l’attractivité de cette Coupe d’Europe souvent snobée, mais aussi une bonne nouvelle pour Séville, toujours prête à se frotter au gratin du football européen.
Le match chef-d’œuvre : Séville-Fiorentina 3-0
Se sublimer dans les moments les plus importants. Voilà à quoi on reconnaît véritablement les grandes équipes. Et dans cette demi-finale aller de la Ligue Europa, le FC Séville avait fort à faire contre la Fiorentina de Vincenzo Montella, tombeuse de l’AS Rome et du Dynamo Kiev lors des tours précédents. Pour ce match capital au Sánchez-Pizjuán, Unai Emery décide de tenter une folie : placer son ailier droit habituel, Aleix Vidal, en position de… latéral droit. Une intention clairement offensive pour les Nervionenses, preuve d’un désir de toujours aller de l’avant. Après quelques minutes de flottement où Mario Gómez aura eu une balle pour ouvrir le score, Séville réalise une première combinaison collective fantastique, au terme de laquelle Aleix Vidal, justement, vient ouvrir le score. Après la pause, le néo-latéral viendra même planter un doublé grâce à un travail parfait de Vitolo. Emery vient de réussir son pari, et va asséner le coup de grâce d’un nouveau coup de baguette magique. Entré à la place de Carlos Bacca, Kevin Gameiro marque le but du K-O sur sa première touche de balle de la partie. Séville vient de faire exploser la Viola, et peut envisager sereinement des réservations d’hôtel pour la Pologne.
Le tournant de la saison, Villarreal-FC Séville 1-3
Après des poules et un seizième de finale en guise de rodage, Villarreal, tombeur du Red Bull Salzbourg, et Séville, vainqueur du Borussia Mönchengladbach, se rencontrent lors des huitièmes de finale de C3. Une petite malchance pour le foot espagnol, puisque ses deux dernières candidats en lice pour la victoire finale devront croiser le fer très tôt dans la compétition. En vérité, le match aller au Madrigal sera un tournant à la fois pour Villarreal et pour le FC Séville. Mené après seulement 13 secondes suite à un but de Vitolo, le sous-marin jaune cherche à redresser la barre. En vain. D’un coup de tête dont il a le secret, Stéphane M’Bia porte la marque à 2-0 avant la pause. Le coup de bambou fait mal à la tête des Amarillos, et même si Luciano Vietto réduit la marque, c’est Kevin Gameiro qui porte le score à 3-1 pour Séville. Avec trois buts inscrits à l’extérieur, la double confrontation est déjà pliée en faveur des Andalous, qui filent vers les quarts de finale. Pour Villarreal, cette petite leçon de football efficace par son grand-frère sera bien utile pour un meilleur parcours l’an prochain.
Le meilleur joueur : Ever Banega
« Ceux qui pensent vite et bien sont les footballeurs qui réaliseront une belle carrière. Au final, ce sont les joueurs techniques qui ressortent le plus souvent de l’esprit des gens, parce qu’ils apportent de la beauté au jeu. Toute personne qui aime le football aimera Banega. » Avec des mots lourds de sens, Sergio Canales explique à quel point son ancien coéquipier apporte au football. De la vie, de l’esthétisme et, ô joie, de la régularité. Car lorsque l’on se penche sur le passé du natif de Rosario, ses tuiles en tout genre l’empêchaient d’être encore parmi les vrais cadors des milieux de terrain mondiaux. Avec cette première saison au cours de laquelle il sera progressivement monté en puissance, Banega vient de gagner une place au sein des 23 joueurs appelés par Tata Martino pour la Copa América au Chili. Mieux : il sera très probablement titulaire aux côtés de Javier Mascherano et Javier Pastore. Amoureux du beau jeu, pensez à remplir grassement votre machine à café pour les jours à venir.
Le joueur révélation : Aleix Vidal
Inconnu au bataillon il y a encore un an, Aleix Vidal est arrivé à Séville sur la pointe des pieds, en provenance d’Almería après seulement une saison passée en Liga. Très vite intégré au sein du FC Séville, le joueur est utilisé dans un premier temps comme ailier droit. Rapide, agile et doté d’une bonne frappe de balle, le Catalan d’origine ne met pas longtemps à convaincre Unai Emery de le titulariser très régulièrement, voire de le faire redescendre de temps en temps pour densifier le jeu offensif. Au fur et à mesure de la saison, son impact au sein de l’attaque sévillane grandit, à tel point que fin mai, Vicente del Bosque décide de convoquer le joueur pour les matchs contre le Costa Rica et la Biélorussie, prévus les 11 et 14 juin 2015. Et le conte de fées ne s’arrête pas là : ce lundi, le FC Barcelone a rendu officiel l’achat d’Aleix Vidal pour 6 millions d’euros. En attendant le mois de janvier 2016, le joueur restera avec ses partenaires de Séville. C’est presque ringard de le dire, mais c’est bien la preuve que dans le football, tout peut aller très vite.
Le flop : Gerard Deulofeu
Il est venu, il a vu, il a perdu. Cette saison devait être celle de la confirmation pour Gerard Deulofeu après une saison convaincante à Everton. Elle fut finalement celle de sa condamnation. Aligné en début de saison par Emery, l’ancien grand espoir du FC Barcelone s’est gentiment fait griller à feu doux par Aleix Vidal, Vitolo, Juan Antonio Reyes et Vicente Iborra. Cinquième choix d’Emery, le Catalan n’aura eu le droit qu’à la célébration d’un titre en Ligue Europa, ce qui lui ajoute au moins une ligne à son palmarès. Mais l’an prochain, personne ne sait vraiment où va filer Deulofeu. Parce qu’à ce rythme-là, le Barça ne pourra lui offrir qu’une place de titulaire… avec la B.
La belle décla
« Il insiste énormément sur la préparation et tous les petits détails. Peu importe le match, l’adversaire, il est toujours minutieux dans son approche des rencontres. Un autre aspect important, c’est que même après des défaites, il reste toujours positif. Il arrive, et il nous dit : « Ce n’est pas grave, les gars. Il y a ce point-ci, ce point-là sur lesquels on n’a pas été très bons. On va se concentrer là-dessus pour rebondir, pour s’améliorer. » Du coup, ça pousse le groupe à ne pas cogiter et à toujours être dans la progression. De toute façon, on joue tous les trois jours, on n’a pas le temps de s’apitoyer. Pour résumer, il est à la fois perfectionniste et positif. » Grzegorz Krychowiak, élogieux envers son entraîneur Unai Emery.
Le plus beau but, Denis Suárez, Séville-Zénith Saint-Pétersbourg 2-1
Comme la caverne d’Ali Baba, le FC Barcelone cache certains de ses plus beaux bijoux à venir chez la concurrence. Prêté jusque juin 2016 – et donc inclus dans la vente d’Ivan Rakitić au Barça – Denis Suárez récite ses gammes dans l’ombre, avant de pouvoir figurer parmi les milieux de terrain culés d’ici un ou deux ans. Mais de temps en temps, son potentiel est mis en lumière. Lors du quart de finale aller de Ligue Europa contre le Zénith Saint-Pétersourg, le gamin de 21 ans donne un avantage essentiel à son équipe dans les tout derniers instants du match, à l’aide d’une reprise de volée bien touchée. Se faire féliciter par Ever Banega derrière, ça n’a pas de prix.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
Parmi les affiches de la Liga, la rencontre entre le FC Séville et l’Atlético Madrid au Sánchez-Pizjuán avait clairement déçu tous les amateurs de match à spectacle (0-0). Fermée et engagée, la rencontre s’est rapidement transformée en purge, à tel point qu’Antoine Griezmann a cru bon de s’engager dans un duel par un tacle glissé. Avec ses crampons calés sur le genou d’Aleix Vidal, Griezmann fait passer un frisson à tous les téléspectateurs et n’écope sur cette action que d’un carton jaune. Sans chauvinisme, il aurait mérité bien plus…
Le coup de gueule
« Ne cherchez pas les spéculations, recherchez plutôt les réalités. La réalité, c’est que le travail réalisé à Séville est bon. À partir de là, si cela conduit à l’intérêt des autres équipes, c’est également positif. » Quand un journaliste pose une question à Unai Emery sur une rumeur de départ au Real Madrid, le Basque finit par lui dire ses quatre vérités. Et il faut bien le dire, le bonhomme n’est pas du genre à quitter la maison si facilement, même avec deux C3 gagnées en deux ans. La preuve, puisqu’en début de semaine, Emery a prolongé son aventure avec le FC Séville d’une année supplémentaire. Histoire de se plonger en terrain connu dans l’ambiance de la C1.
Pourcentage de résistance à la blessure : 40%
Quand on perd ses deux gardiens sur blessure, on se dit que la saison n’est pas loin d’être un calvaire. Mais à Séville, pas du tout. Beto blessé aux ligaments croisés et Mariano Barbosa touché par une déchirure fibrillaire, c’est le canterano Sergio Rico qui se charge de garder les buts sévillans. Et malgré son jeune âge, ce portier s’est montré d’une sûreté déconcertante pendant le reste de l’année, à tel point qu’il est aujourd’hui le numéro un incontestable de l’équipe. Autre grosse tuile pour Séville en cours de saison, la blessure aux croisés de son arrière central argentin Nico Pareja. Comme quoi, on peut subir une hécatombe de blessure et réaliser une belle saison.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Stefan de Vrij
Pour jouer la C1 l’an prochain, Séville semble suffisamment armée offensivement et dotée d’un effectif assez dense au milieu. Sur le plan défensif en revanche, des alternatives au capitaine Coke et Benoît Trémoulinas devraient être mises en place sur les côtés. Et si le poste de gardien de but semble assez fourni, il faudra sans doute se trouver un défenseur central de classe mondiale pour pouvoir résister à des serial-buteurs comme Diego Costa ou Robert Lewandowski. Parce que même si Timothée Kolodziejczak a beaucoup appris cette saison, ça risque d’être un peu limité. Dès lors, récupérer un roc comme le stoppeur de la Lazio Rome Stefan de Vrij serait un vrai gros coup sur le marché des transferts. Et l’occasion de prouver à toute l’Europe que Séville fait bien partie du Big 5 espagnol.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Prêt à démarrer la saison sur l’acquisition d’un nouveau titre, le FC Séville subit logiquement la loi de son aîné le FC Barcelone au stade Louis-II et laisse filer la Supercoupe d’Europe. Vaincu mais pas abattu, les Sévillans prennent un départ canon en Liga, à tel point que seul le FC Valence les devance au classement après huit journées. En C1, Séville brille et termine première de sa poule, composée d’Arsenal, de l’AS Rome et de l’Olympique lyonnais. Tombeur du Benfica en huitièmes, Séville chute avec les honneurs contre le Paris Saint-Germain en quarts de finale (2-1, 2-4), malgré un doublé de Kevin Gameiro lors du retour au Parc des Princes. En championnat en revanche, la donne s’est inversée, et l’équipe lutte avec l’Atlético Madrid et l’Athletic Bilbao pour la quatrième place qualificative en C1. Battus 3-2 à la dernière journée dans la Cathédrale de San Mamés, Séville doit se contenter de la Ligue Europa, et voit ses meilleurs éléments s’envoler vers d’autres cieux : Vitolo et Denis Suárez optent pour le Barça, Krychowiak signe à Chelsea, Iborra part à Manchester City et Sergio Rico devient le successeur de Gianluigi Buffon à la Juventus. Génération dorée.
Par Antoine Donnarieix