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Ce qu’il faut retenir de la saison du Bayern Munich
Si le Rekordmeister a remporté le 25e titre de champion de son histoire, il le doit à lui-même bien sûr, mais aussi à une concurrence qui s'est tiré dans les pattes. Et heureusement d'ailleurs, car ce n'était pas le meilleur Bayern de ces dernières saisons, si l'on en croit ce qui se passe en coulisses...
L’analyse définitive
Elle est facile : le Bayern Munich est trop fort. Trop fort pour son championnat. Même si les Bavarois n’ont pas été franchement en réussite face aux gros (deux nuls face à Schalke, une victoire et une défaite contre Wolfsburg, pareil contre Leverkusen, un nul et une défaite contre Gladbach, et deux victoires serrées face au BvB), ils ont assuré l’essentiel : battre un maximum d’équipes. Là où les Loups, les Poulains et autres employés de Bayer ont perdu des points à droite à gauche contre des clubs plus modestes, le Rekordmeister, lui, s’est rendu aux quatre coins du pays avec la ferme intention de repartir avec trois points de plus à la fin de chaque week-end. Et pour que le reste de la Bundesliga imprime bien les intentions du Bayern, l’escouade de Pep Guardiola y est allée avec la manière : ballon confisqué, et vas-y que je m’invite dans ta moitié de terrain et que je te pilonne. À en croire les statistiques, ça marche 7,5 fois sur 10, puisque le Rekordmeister s’est imposé à 25 reprises cette saison, marquant 2,35 buts/match (et n’en concédant qu’un toutes les deux rencontres). Derrière, les « chasseurs » ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Car s’ils n’avaient pas fait les kékés face à des équipes à leur portée, ils auraient pu aller chercher le Bayern. Sauf qu’ils ont trop de respect pour leurs adversaires. Alors que si Munich peut écraser, il écrase. Et c’est très bien ainsi.
Le match chef-d’œuvre : Bayern Munich 6-0 Werder Brême
On joue depuis deux mois à peine que le Bayern Munich a déjà pris les commandes de la Bundesliga et compte déjà quatre points d’avance sur le Borussia Mönchenglabdach. Hormis deux matchs nuls, à Schalke (1-1) et à Hambourg (0-0), les Bavarois terrassent tout ce qui passe, en prenant bien soin de soigner leur différence de buts (comme si cela allait vraiment compter à la fin…). Arrive alors la 8e journée du championnat. Et c’est un pauvre Werder Brême qui vient toquer à la porte de l’Allianz Arena. Un Werder en haillons, lanterne rouge et dernière équipe (avec Fribourg) à ne pas avoir connu les joies d’une victoire cette saison. Bien évidemment, cela fait un peu de peine au Bayern, qui ne voit devant que l’ombre de l’un de ses rivaux historiques. Mais il y a un saladier à soulever au printemps, donc pas le temps de faire dans le sentimentalisme. Philipp Lahm marque son premier but à la maison depuis quatre ans, Xabi Alonso inscrit sa première réalisation en Bundesliga d’un coup franc malicieux, Thomas Müller se fait justice lui-même sur penalty et Mario Götze montre le temps d’un but toute la classe qu’il possède. 4-0 à la mi-temps, un Bayern Munich quasiment au complet s’amuse avec son punching-ball du jour. En fin de rencontre, Lahm et Götze se font encore un peu plaisir. 6-0. Jeu, set et match. La victoire la plus aboutie du Rekordmeister cette saison (le 8-0 contre le HSV ne compte pas, tant il n’y a pas eu d’opposition en face).
Le tournant de la saison
Le Bayern Munich étant en mode « trois points par match » à chaque sortie, ce sont les équipes juste derrière qui décident de quand aura lieu le sacre du Rekordmeister. Cette saison, le Bayern a fait la course en tête quasiment tout le long, et n’a jamais vraiment été inquiété. Il est vrai qu’à un moment, Wolfsburg est revenu à 8 points du leader, grâce à une belle entrée en matière dans la Rückrunde (victoire 4-1) Mais 8 points, c’est beaucoup. Et même si les Loups tiennent pendant un moment la distance, ils finiront eux aussi par craquer, au 24e épisode du championnat. Menés, les Bavarois retournent la situation face aux Roten de Hanovre pour finalement s’imposer 3-1. Pendant ce temps, Wolfsburg s’incline 1-0 à Augsburg sur un but de Dominik Kohr. Le Bayern reprend onze points d’avance. Ce n’est pas encore officiel, mais c’est déjà fini. À moins que c’était fini dès le début, en fait.
Le meilleur joueur : Arjen Robben
Plus les années passent, et plus le Néerlandais est indispensable à son équipe. Quand il est là, on ne voit que lui. Et quand il est absent, cela se voit également. Si le Bayern n’a pas trop galéré dans l’ensemble, tout le monde a remarqué l’absence de Robben, capable de crochets, d’accélérations et de frappes hors du commun. Disons-le franchement : considérant que Lionel Messi et Cristiano Ronaldo ne sont pas de ce monde, Arjen Robben est le meilleur joueur sur Terre. Dommage qu’on l’ait si peu vu jouer cette année.
Le joueur révélation : Mitchell Weiser
À la base, Mitchell Weiser était le back-up du back-up du back-up. Et puis tout le monde s’est blessé, et le natif de Troisdorf, absent lors de la Hinrunde, a fait son retour dans le groupe en début d’année 2015. Petit à petit, le meilleur copain de David Alaba s’est imposé sur son côté droit, a délivré quelques passes décisives, et a même réussi à enchaîner 7×90 minutes en championnat. En fin de contrat, l’un des chouchous de Guardiola devrait être prolongé, en dépit de l’intérêt de certains pensionnaires de la 1. Bundesliga.
Le flop : Mario Götze
On pensait que le but victorieux en finale de Coupe du monde lui avait fait du bien. Il n’y a qu’à voir son début de saison remarquable, où petit Mario enchaînait but sur but et où l’on pensait qu’il allait enfin devenir grand. Mais quand l’heure est venue de prendre ses responsabilités (suite aux blessures et convalescences des Ribéry et autres Robben), le mental de Götze est parti en vacances, et le joueur a tout simplement disparu, bafouillant son football et se dribblant plus lui-même que ses adversaires. Ses statistiques de deuxième partie de saison sont d’ailleurs faméliques : 2 buts, 2 passes décisives. Triste bilan pour celui qui est à nouveau relégué au rang d’espoir. Mais l’espoir n’est pas éternel, surtout quand on joue au Bayern…
Les belles déclas de la saison
« Je ne sais pas. Vous savez, moi c’est Müller, sans Wohlfahrt derrière. » (Thomas Müller répond aux journalistes qui lui demandent si Schweini et Ribéry seront présents contre Porto)
« Il m’a dit « Je t’aime », alors j’ai répondu « Je t’aime ». » (Franck Ribéry à propos de Rafinha, venu le féliciter après son but contre Leverkusen pour son come-back)
« Philipp Lahm m’a déçu, je pensais qu’il mettrait un triplé. Peut-être qu’il ne jouera pas lors du prochain match. » (Pep Guardiola, mode ironie ON après le doublé de Lahm face au Werder)
« En Allemagne, les gens parlent trop. » (Pep Guardiola, mode ironie OFF)
Le plus beau but : David Alaba
Tout comme Robben et Ribéry, on n’a pas assez vu jouer David Alaba cette saison, et c’est dommage, vu le pied gauche qui est le sien.
Alaba Free Kick Goal vs Stuttgart von great-and-funny-videos
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
Elle a eu lieu en Coupe, et non en championnat. Opposés au Borussia Dortmund en demi-finale de Pokal, les Bavarois (qui mènent déjà 1-0) réclament à la 56e minute un penalty pour une main de Schmelzer dans la surface. Herr Gagelmann dit de continuer à jouer. La suite, on la connaît : égalisation de PEA une vingtaine de minutes plus tard, Lewandowski qui se fait boxer par Langerak (et qui n’obtient rien) et enfin, une mythique séance de tirs au but. Et dire qu’à 2-0, le match aurait sans doute été plié…
Le coup de sang
15 avril 2015 : sans Alaba, Ribéry et Robben, le Bayern se fait cartonner 3-1 par le FC Porto. Comme un malheur ne vient jamais seul, Mario Götze sort sur blessure. La goutte d’eau qui fait déborder le vase de Guardiola, qui s’en prend au corps médical, responsable selon lui de la méforme de plusieurs joueurs. Réaction immédiate du docteur Müller-Wohlfahrt, qui décide de quitter le club avec son staff. « Après la rencontre de Ligue des champions, le staff médical a été tenu pour principal responsable de la défaite, pour des raisons que l’on ne comprend pas. Le lien de confiance a été endommagé » . Hormis un break en 2008-09 (suite à la présence de Klinsmann), Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt travaillait au club depuis 1977. Quand il a commencé, Guardiola avait 6 ans.
Pourcentage de résistance à la blessure
Corps fragiles + mauvais œil + Guardiola + Müller-Wohlfahrt = 0%
Le joueur dont le club a besoin cet été : un ailier
Franck Ribéry et Arjen Robben ayant été blessés une bonne partie de la saison, c’est triste, mais il faut se faire une raison : ces deux-là joueront de moins en moins dans les années à venir. Il faut donc penser au futur. Et le futur (n’en déplaise à Francky), c’est Antoine Griezmann. Ne serait-ce que pour son nom de famille, le Bayern serait parfait pour l’international français. Sinon, il y a d’autres pistes évoquées, comme Ángel Di María, Karim Bellarabi ou encore Kevin De Bruyne. Mais pour ce dernier, ce ne serait pas avant 2016…
Ce qui va se passer la saison prochaine
En début de saison, Manuel Neuer pète un câble : il ne veut plus de défenseurs devant lui. Il veut avoir sa moitié de terrain pour lui tout seul. Une idée qui ravit Guardiola, qui décide d’aligner dix milieux de terrain devant l’homme bionique. Le Bayern termine ses matchs avec 99,9% de possession et, quitte à ressembler de plus en plus à une équipe de hand, gagne tous ses matchs 25-22. C’est la balade en championnat et en Coupe, mais pas en Ligue des champions. Le Bayern passe difficilement le premier tour, sort le Dynamo Kiev en huitièmes avant de reperdre à l’aller face au FC Porto. C’est à ce moment-là que surgit Uli Hoeness, entouré de Sammer et de Müller-Wohlfahrt. Guardiola est débarqué et remplacé par Heynckes jusqu’à la fin de saison, et Rummenigge se mure dans son silence. Uli est back dans le business, et finalement, en fin de saison, le Bayern s’offre le triplé en battant le PSG en finale de C1.
Par Ali Farhat