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Ce qu’il faut retenir de la saison de Toulouse

Par William Pereira
8 minutes
Ce qu’il faut retenir de la saison de Toulouse

Que ce fut dur pour le TFC ! Après un excellent début de saison, au cours duquel certains voyaient les Toulousains finir dans les dix premiers, ceux-ci ont finalement sombré dans les abysses de la Ligue 1 avant d'en sortir au dernier moment grâce à Dominique Arribagé. Le point positif, c'est que pour une fois, on ne s'est pas emmerdé sur les bords de la Garonne.

Bilan définitif

Le Téfécé a terminé sa saison comme il l’avait commencée, par une défaite 3-2 face à l’OGC Nice. Entre les deux, un bon premier tiers (on parle carrément de Toulouse comme d’un candidat à la C3) et un sprint final héroïque, tout juste suffisant pour effacer une période de vache maigre qui n’aura été fatale qu’à Alain Casanova et son 3-2-2-1-2. Il aura quand même fallu plusieurs séries noires (trois défaites consécutives aux 10e, 11e et 12e journées, aucun succès entre le 2 décembre et le 31 janvier) pour qu’Olivier Sadran se sépare à contrecœur de l’emblématique technicien toulousain. Bien lui en a pris. Dominique Arribagé, ancien joueur du TFC (comme Casanova), gagne autant de matchs en un mois et demi que son prédécesseur en un peu plus de trois mois. Au-delà des résultats, son grand mérite aura été de déterrer le moral de ses hommes, enfoui dans les entrailles du sol de Haute-Garonne, et de remobiliser ces derniers afin de sauver le club d’une descente évidente. Avec le nouveau système à deux relégations, Toulouse a d’ailleurs sauvé plus que sa saison.

Le match chef-d’œuvre : Toulouse 3–2 Lille

Si, mathématiquement, ce n’est pas tout à fait la victoire du maintien, mentalement, c’est le cas. À trois journées de la fin, avec seulement deux points d’avance sur le premier relégable et juste après une fessée mal payée reçue sur le terrain de Monaco, il était légitime de craindre le pire pour une équipe encore instable. Surtout qu’en début de match, la chance est du côté du LOSC. Nolan Roux dévie un tir moisi et trompe Ahamada à la 9e. Jamais mené en début de match depuis le début de l’ère Arribagé, le TFC le sera deux fois ce soir-là. À l’heure de jeu, Boufal répond à l’égalisation magistrale de Ben Yedder. Le Français avait mis Enyeama sur le cul à la 30e minute d’une frappe aussi belle que peu académique. Le temps passe, Lille parvient à conserver l’avantage jusqu’au chef-d’œuvre toulousain. Les locaux, par l’intermédiaire de Trejo et Braithwaite, plantent deux banderilles en trois minutes (81e et 83e) et offre au Stadium une vraie ambiance. Un double exploit bien mérité.

Le tournant de la saison : Toulouse-PSG (1-1)

Qui sait ce qui se serait passé si le Tef était parvenu à battre ce PSG à domicile. À l’époque, Casanova et ses troupes tournent bien. Celles de Laurent Blanc manquent de confiance. En plus, Serge Aurier oublie un temps qu’il est parisien et offre même un but à Ben Yedder. Toulouse joue mieux, Toulouse frappe plus, mais Toulouse n’a pas de bol. Ce jour-là, Sirigu est décisif (si, si, vraiment !) et Pešić vendange le but du 2-0 en première mi-temps avant de voir Bahebeck égaliser juste après. Le score ne bougera plus. Deux semaines plus tard, le TFC entamera sa série de trois défaites consécutives. Sérieusement, se faire flinguer la saison par Jean-Christophe Bahebeck, si ça c’est pas la lose

Le but : Óscar Trejo contre Rennes

Accélération, crochet, grand pont, tir de l’exter’ et but. Javier Pastore ? Non, Óscar Trejo, qui marque face à Rennes le plus beau but de la saison (juste devant le golazo de Ben Yedder contre le LOSC).

Le meilleur joueur : Ben Yedder

Sans surprise aucune, Wissam a répondu aux attentes. Certes, il a parfois connu des jours moins bons, surtout au début de l’année 2015, mais à sa décharge, Casanova l’a trimbalé un peu partout aux avant-postes. Au final, Ben Yedder termine sa saison avec 14 buts au compteur. Pas son meilleur exercice, certes, mais cela représente quand même un tiers des buts de son équipe. Rarement décevant dans son rôle de leader technique, il donne néanmoins de plus en plus l’impression de ne plus pouvoir progresser dans la ville rose. Ce n’est donc pas un hasard si l’attaquant français a avoué vouloir quitter le club cet été. Si Olivier Sadran ne s’y oppose pas, il ne cèdera son bijou qu’en échange d’un gros chèque. Reste à savoir si Wissam coûte vraiment aussi cher aux yeux de ses prétendants.

La révélation : Aleksandar Pešić

Sur quatre Serbes et deux Roumains, il fallait bien qu’il y ait un joueur de l’Est qui sorte vraiment du lot. Ni superstar, ni maladroit, on peut quand même qualifier Aleksandar Pešić de révélation et de promesse. Pour sa première saison au TFC, il a marqué six buts, dont certains valent leur pesant de cacahuètes. Surtout, le Stadium a découvert un renard, toujours bien placé dans la surface, à l’affût du bon coup. Dans une équipe en meilleure forme, le Serbe peut largement viser le cap des dix buts en championnat. Ça sera peut-être pour l’année prochaine, qui sait.

Le flop : Zacharie Boucher

Arrivé sur les bords de la Garonne en janvier 2014 avec l’étiquette de grand espoir, Boucher n’a jamais vraiment répondu aux attentes. Trop irrégulier, pas assez autoritaire, il a fini par perdre sa place au profit d’Ahamada, que tout le monde avait déjà jeté aux oubliettes. L’arrivée d’Arribagé au club n’a pas arrangé son cas. Il ne doit ses récents matchs en Ligue 1 qu’aux pépins physiques de son concurrent et ne restera a priori pas au TFC plus loin que cet été.

La décla

« Le TFC a sa place dans les dix premiers de L1 » , Dominique Arribagé, sur Télé Toulouse. Fort du succès de l’opération maintien dont il a été l’homme fort, le successeur de Casanova ne veut pas s’arrêter là. Il nourrit de grandes ambitions pour la saison prochaine. Pour arriver à ses fins, il compte réduire son effectif à « 25 ou 26 joueurs » en comptant les jeunes. Autant dire qu’il risque d’y avoir du mouvement au Stadium pendant le mercato.

Le coup de gueule (d’Alain Casanova)

« Des joueurs, à l’image de Wissam… On a l’impression que Wissam, puisque ça fait trois ans maintenant qu’il joue en Ligue 1, qu’il a eu des stats extraordinaires jusqu’à maintenant, on a l’impression que c’est un joueur qui est du calibre d’Ibrahimović ou des joueurs confirmés, expérimentés avec beaucoup de confiance en eux. Or Wissam est un jeune joueur. Il dépend de ses coéquipiers et il peut connaître des périodes de doute. À certains moments, il peut se poser des questions, il peut être moins spontané, avoir moins de réussite. » Question : au micro de France Bleu, Casanova taclait-il son poulain, voulait-il le protéger, ou bien les deux ?

La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée

Le carton rouge adressé par M. Fautrel à Maxime Spano pour son bizutage en L1. Après 39 secondes de jeu et pas un seul ballon touché, le stoppeur du TFC est expulsé pour une faute en position de dernier défenseur à l’entrée de la surface sur Origi. Si le penalty semble légitime, la couleur du carton l’est moins, puisque le fautif a eu le malheur de trébucher avant de heurter le Belge. On est très loin du tacle par derrière volontaire. Et puis la psychologie dans tout ça, merde ? Le gamin n’a que vingt ans…

Coefficient de résistance à la blessure : 1%

Ahamada, Trejo, Kana-Biyik, Aguilar, Didot… Quasiment tous les joueurs toulousains ont été arrêtés pendant au moins un mois cette saison. Casanova et son staff auraient difficilement pu foirer plus leur préparation physique en début de saison.

Le joueur qu’il faut pour l’année prochaine : un gardien de but

Cette saison, les deux coachs de Toulouse avaient le choix entre Zacharie Boucher et Ali Ahamada aux cages. Avec un tel duo de gardien, pas sûr que le PSG aurait été champion de France cette saison. Les deux portiers ont coûté beaucoup de points au Tef, et Boucher étant sur le départ, les dirigeants du club feraient bien de se pencher rapidement sur la question de l’acquisition d’un vrai bon gardien de but. Pas forcément un mec super brillant, juste un gars qui ne commet pas trop de bourdes. Ils n’ont pas ça, en Europe de l’Est ?

Ce qui va se passer la saison prochaine

Avec le système à trois relégations, la Ligue 1 avait encore un intérêt pour les Toulousains. Il fallait jouer pour se maintenir. Avec la nouvelle formule, la première journée aura autant d’intérêt qu’une 35e journée du stade rennais. Pour ne pas sombrer dans l’ennui, Sadran veut bâtir une équipe compétitive. Comme d’habitude, il fera son mercato en Serbie. Il y pioche trois inconnus, mais, contre toute attente, réussit un énorme coup. Lazar Marković, auteur d’une première saison décevante à Liverpool, a le moral à zéro et veut rentrer chez lui. La colonie serbe du TFC lui permet de trouver un compromis entre vie personnelle et professionnelle. Dans le vestiaire, plus personne ne parle français. Arribagé est obligé d’effectuer ses causeries à l’aide de son bouquin Le serbe pour les nuls. L’arrivée de Marković fait du bien au club, puisqu’elle convainc Ben Yedder de rester dans la ville rose. Le quatuor Pešić, Marković, Wissam et Braithwaite fait passer le trident parisien (Lucas, Pastore, Cristiano Ronaldo) pour une bande de marioles et marque vingt buts en dix journées. Les hommes d’Arribagé vont même jusqu’à occuper le fauteuil de leader avant que Ben Yedder ne se claque et que Lazar Marković ne perde tibia et péroné suite à un tacle de bourrin d’Abdennour contre l’ASM. Toulouse entame alors une série noire de douze matchs sans victoire, dont dix matchs nuls. Arribagé a du mal à gérer la crise et finit par être remercié au mois de mars. Son successeur, Alain Casanovic, reprend un club en milieu de tableau (12e), mais à seulement sept points de la Ligue Europa. Le retour du duo Ben Yedder-Marković et le surprenant 3-5-2 du technicien serbe permettent au TFC de revenir à un point de Bordeaux, dernière équipe européenne, à la 37e journée et à la veille d’un derby de la Garonne décisif au Stadium. Match le plus chiant de la saison, cette « petite finale » se dirige vers un 0-0 des familles avant qu’Ali Ahamada ne délivre les siens d’une tête plongeante sur corner à la 92e. En fusion, le public envahit le terrain au coup de sifflet final avant de foutre le bordel sur la place du capitole quelques heures plus tard. Quelques mois plus tard, la ville oubliera l’existence du rugby. Encore une victoire pour le football.

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