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- Bilan 2014-2015
Ce qu’il faut retenir de la saison de Lorient
C'était attendu : la saison de l'après-Gourcuff allait être compliquée. Et ça n'a pas loupé : des Merlus fébriles qui ont joué à se faire peur, mais qui vont finalement rester une dixième saison de suite en élite. Et c'est beau.
L’analyse définitive
Si ce n’est déjà fait, on conseille vivement aux supporters lorientais d’aller passer un petit check-up de contrôle chez le médecin traitant. Juste histoire de vérifier que tout va bien au niveau des battements du cœur, de la pression artérielle et des troubles liés à l’anxiété. Car les malheureux fans des Merlus, habitués ces dernières années à vivre leur passion du football plutôt sereinement, ont cette fois sérieusement flippé, et pendant de longues et pénibles semaines. L’enjeu : une difficile course au maintien, achevée à la 16e place avec seulement 43 points, comme un coureur cycliste malade et diminué s’accrochant aux dernières places du gruppetto, avec la voiture-balai qui pousse au cul. Pour un habituel baroudeur qui avait ravi le public ces dernières saisons à se défendre avec panache et à placer quelques belles banderilles dans le peloton de la Ligue 1, ce fût assez moche de le voir cette fois autant tirer la langue pour finir tout juste dans les délais…
Le principal problème de cette équipe lorientaise cette saison a été son inexpérience. Inexpérience de son entraîneur Sylvain Ripoll, qui avait la lourde tâche de succéder à Christian Highlander Gourcuff. Inexpérience de beaucoup de recrues piochées en Ligue 2. D’incontestables talents, mais qui n’ont pas trop eu le temps de s’adapter à l’échelon supérieur. Il a fallu très vite compenser les départs de trois anciens cadres : Jérémie Aliadière, Vincent Aboubakar et Bruno Ecuele Manga, qui plus est avec les deux derniers partis très tardivement l’été dernier. Résultat : un groupe déstabilisé qui, après un début de saison encourageant, a vite plongé dans la deuxième partie de tableau pour ne plus jamais remonter plus haut que la 14e place.
Le match chef-d’œuvre (et le tournant de la saison) : Marseille 3-5 Lorient
Vendredi 24 avril dernier en ouverture de la 34e journée de Ligue 1 : c’est un match complètement dingo qui a eu lieu ce soir-là au Vélodrome, avec un Jordan Ayew éblouissant qui signe son retour d’un doublé. Ses coéquipiers sont au diapason, même François Bellugou est de la fête. L’OM, avec aussi un grand Ayew de son côté, André, repositionné arrière gauche, revient deux fois au score, de 0-2 à 2-2 puis de 2-3 à 3-3, avant de sombrer défensivement en fin de partie, avec des paris offensifs suicidaires de Bielsa. Moins d’une semaine après avoir perdu à domicile face à Toulouse, un concurrent direct, au Moustoir (0-1), les Lorientais se relancent grâce à ce succès inespéré et enchaînent ensuite, sur l’élan et l’enthousiasme, avec deux nuls et une nouvelle victoire, à Metz, décisive pour le maintien.
Le meilleur joueur : Raphaël Guerreiro
Repositionné milieu offensif gauche cette saison, le néo-international portugais a signé une saison pleine et toujours plus prometteuse, avec 7 buts marqués et 5 passes décisives pour les copains. Ses temps de passage sont très impressionnants avec déjà deux saisons de L1 à plus de 30 matchs avec Lorient, après une première saison révélation en L2 avec Caen, à 21 ans. Pisté par un paquet de clubs en France et à l’étranger, il va être dur à conserver…
L’autre meilleur joueur : Jordan Ayew
La recrue phare et coûteuse de l’été dernier a plutôt bien rempli son contrat, avec des statistiques franchement honnêtes – puisque c’est encore la manière la plus facile de juger le bilan d’un attaquant de pointe : 12 buts, 6 passes décisives. Ça fait qu’il est directement impliqué dans plus de 40% des 44 buts inscrits cette saison par le FC Lorient. Ce n’est finalement pas si loin des 46% d’implication de Vincent Aboubakar la saison dernière (16 buts et 6 passes pour les 48 buts au total du FCL en 2013/2014). Lui aussi n’est vraiment pas certain de rester en Bretagne cet été. Il est question d’intérêt de Lille (Renard le connaît bien…) et de Bordeaux notamment.
Le joueur révélation : Benjamin Lecomte
Fabien Audard peut prendre sereinement sa retraite, son successeur a déjà été trouvé : Benjamin Lecomte, 24 ans seulement, qui a parfaitement su passer le cap L2/L1 après avoir été prêté à Dijon la saison passée. Avec une défense pas souvent hermétique, le Parisien de naissance a eu beaucoup de travail à fournir et il l’a bien fait, avec un total de 225 arrêts cette saison, un record. Il devance assez largement au classement Alphonse Areola (196 arrêts) et Anthony Lopes (194 arrêts).
Le flop : Le Moustoir
Pourquoi faire du Moustoir un flop de la saison ? Pour trois raisons. D’une part en raison des résultats décevants obtenus par les Merlus à domicile : seulement 6 victoires pour 5 nuls et 8 défaites. Le FCL est seulement 17e du classement à la maison. Ensuite en raison des affluences, là aussi décevantes : seulement 13 648 spectateurs de moyenne, pour une enceinte pouvant en contenir plus de 18 000. C’est la 16e affluence de L1 et c’est en très nette baisse, après quatre saisons de suite à plus de 15 000. Enfin, il y a cette fichue pelouse synthétique qui suscite toujours autant de débats et de critiques de la part de nombreux joueurs et entraîneurs de Ligue 1. Un synthétique qui semble même déjà en fin de vie et qu’il faudra rapidement remplacer…
Il a dit…
« Notre position au classement me fait dire que tout n’a pas été brillant durant le mercato estival. Il y a eu des choix sportifs effectués de la part du staff, et j’ai également ma part de responsabilité. Concernant Vincent Aboubakar notamment, j’aurais dû m’opposer à son départ. Si c’était à refaire aujourd’hui, je ne le referais pas. » Loïc Féry fait amende honorable en novembre dernier dans Ouest France.
« C’était une saison de transition, on a préservé les acquis. Je pense qu’on s’est tous construits un peu plus. (…) Au niveau du staff, Sylvain Ripoll a vécu sa première saison comme entraîneur numéro 1, même s’il affichait 600 matchs au compteur comme adjoint, il a fait progresser cette équipe. Être entraîneur, c’est aussi animer une équipe et il a su faire évoluer son staff pour aller plus loin. (…) Le choix qui a été fait il y a un an a été payant. Ce qui compte, c’est où nous sommes, et avec le nouveau mécanisme des montées et des descentes en Ligue 1, il valait mieux être du bon côté. Nous allons attaquer notre dixième saison consécutive en L1. Il n’y a que dix clubs comme cela, et on en fait partie… On va continuer à construire et à développer pour durer. » Le même Loïc Féry dans le même quotidien Ouest France qui fait le bilan il y a quelques jours. Résumé : finalement, on ne s’en sort pas si mal.
Le plus beau but : Raphaël Guerreiro
Parfois encore, il arrive que les Lorientais justifient l’éculée expression qui leur avait été attribuée : celle du « Barça breton » . Comme sur cette jolie action collective réussie face à Lens avec l’inévitable Guerreiro à la conclusion.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
C’est surtout Sylvain Ripoll qui, pour sa première saison sur un banc de L1, s’est un peu trop souvent crispé s’agissant de l’arbitrage : après un péno non sifflé à Caen en octobre, après un but refusé à Annecy contre ETG en mars, puis juste après à cause d’une expulsion jugée sévère à Saint-Étienne… Calme-toi Sylvain, CALME-TOI.
Le coup de sang
« On leur a fait des cadeaux, on fait des erreurs de gamins. (…) Il faut être honnête, c’est toujours pareil depuis le début de la saison. (…) C’est ça le problème quand on fait venir des joueurs de Ligue 2. » Jordan Ayew, agacé après une défaite avec les honneurs au Parc le 20 mars dernier, qui sort le sniper pour tirer sur ses propres coéquipiers. OKLM.
Pourcentage de résistance à la blessure : 20%
Jouffre, Le Goff, Gassama, Guerreiro, Jeannot, Mostefa, Bellugou… Il faut croire que l’infirmière lorientaise est mignonne pour qu’autant de joueurs soient allés lui rendre visite tout au long de cette saison…
Le joueur dont le club a besoin cet été : un défenseur
Clairement, la défense centrale est le gros point noir de cette saison chez les Merlus. 50 buts encaissés, ce n’est pas catastrophique, mais il y a eu tout de même de gros trous d’air, et l’excellent Lecomte ne peut pas tout arrêter dans les cages… À voir si Lamine Koné reste – il serait actuellement pisté par le Sporting Portugal –, mais une chose est sûre : le départ d’Ecuele Manga l’été dernier n’a pas été compensé. Ni Lautoa ni Bellugou n’offrent pleinement satisfaction. Il va donc quasi nécessairement recruter dans ce secteur. Un gars d’expérience serait bien, un peu à la Armand chez le voisin rennais ou à la Sorbon chez le voisin guingampais. Il ne veut pas revenir en France Renato Civelli ?
Ce qui va se passer la saison prochaine
Les petits jeunes issus de la L2 débarqués dans le Morbihan en 2014/2015 en ont bien bavé. Une difficile découverte de l’élite qui peut porter ses fruits pour la prochaine saison. Idem avec Sylvain Ripoll, conforté à son poste par le président Féry. De quoi envisager un maintien plus serein et retrouver la première moitié de tableau, comme en 2013 et 2014 ? Il y a matière à le penser. Puis si vraiment tout déraille à Lorient, pas de panique : Arnaud Le Lan passe actuellement ses diplôme d’entraîneur et pourrait un jour jouer les sauveurs pour son club de cœur. On attend ça avec une certaine impatience d’ailleurs…
Par Régis Delanoë, à Rennes