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Ce qu’il faut retenir de la saison de la Roma
La vie est un éternel recommencement. Avec la Roma, il y a souvent un air de déjà-vu. En tout cas, cette saison ressemble à peu de choses près à la dernière. Un départ canon, des espoirs, des matchs nuls, des recrues inutiles pour finalement limiter la casse.
L’analyse définitive
La Roma a le profil type d’un éternel second. Chargée à bloc en début de saison avec une grosse série de victoires et un mercato large. De bons joueurs, mais trop gentils. Un mental précaire, vulnérable, pouvant s’effriter au premier obstacle et difficilement révocable. Bref, ce n’est pas suffisant pour aller chercher une Juventus toujours plus méchante. Rudi Garcia, l’entraîneur français, l’a appris à ses dépens, et il y a fort à parier que la saison prochaine, il ne se risquera pas à tenter le moindre pari. La Roma a vécu une très difficile fin d’année 2014. Mais elle a su se relever petit à petit en travaillant dans son coin, en enchainant les matchs nuls et en surfant sur son tapis de points engrangés depuis la fin du mois d’août. Et plus important que tout, elle a réussi à conserver sa seconde place devant l’autre club de Rome en remportant un derby à double tranchant. Pour la saison prochaine, il y a de fortes chances pour que Rudi Garcia demande conseil à Jan Ullrich, Raymond Poulidor, Franck Azéma, ou encore Roger Federer pour l’aider à passer un cap.
Le match chef-d’œuvre : Roma 4–2 Inter
À cette époque la Roma était encore belle, fraîche, pleine de bons sentiments. Elle avait encore du mental. Elle gagnait ses matchs en marquant plus que l’adversaire. Même remontée au score, elle trouvait les moyens de renverser la tendance en sa faveur. C’était huilé, fou, efficace. Bref, on voulait encore bien croire à sa jolie saison.
Le tournant de la saison : octobre rouge
C’est au cours de ce mois que la Roma comprend qu’elle n’arrivera pas à suivre la cadence imposée par la Juve. Le 5 octobre, la Roma s’incline au Juventus Stadium au terme d’un match polémique. Le 17, Rudi Garcia déclare qu’il est sûr de remporter le Scudetto avant une jolie victoire face au Chievo. Le 21, elle se fait dérouiller par le Bayern en Ligue des champions. Le 25, elle laisse deux points contre la Samp’. Et le 1er novembre, elle se prend une leçon contre le Napoli. En parallèle, la Vieille Dame sprinte déjà. À 28 journées de la fin, l’identité du futur vainqueur du Scudetto ne fait déjà plus de doute. La Roma se concentre désormais sur un nouvel objectif : conserver sa deuxième place.
Le meilleur joueur : Radja Nainggolan
Dans une équipe au bilan paradoxalement décevant, c’est toujours compliqué de sortir quelqu’un du lot. Mais s’il fallait absolument choisir, c’est certainement le milieu belge qui a été le plus régulier cette saison. 46 matchs joués, cinq buts, quatre passes décisives. Ce n’est pas fou mais ce n’est pas dégueulasse non plus. On retient surtout son engagement constant et sa grosse volonté dans pratiquement toutes ses prestations. Dans le même style, Pjanić, Ljajić ou encore Florenzi n’ont pas de quoi rougir non plus.
Le joueur révélation : Alessandro Florenzi
Avec les absences répétées de Torosidis et de Maicon, Rudi Garcia a cherché à fournir son côté droit. Deux options : un jeune ou bien une reconversion. Le Français a choisi la deuxième option et a titularisé pour la première fois Florenzi en latéral droit au match retour face au Bayern. Score final 2 – 0. Aucune réelle satisfaction si ce n’est la prestation d’Alessandro. Depuis, le pur produit de la Roma a enfin trouvé une place de titulaire, là où l’attendait le moins. Ancien milieu relayeur, Alessandro se fait plaisir comme jamais en latéral droit, il défend comme un chef, participe grandement au jeu offensif de son équipe et marque des buts de dingue.
Le flop : Ashley Cole
Récupéré en fin de contrat en provenance de Chelsea à 33 ans, le latéral gauche semblait être une super affaire. Même à 200 000 euros par mois. Sauf qu’après trois matchs, Rudi s’est rendu compte de l’arnaque et de la raison pour laquelle personne ne s’est précipité sur cette superbe affaire. Urgente, en super état, comme neuve, contrôle technique fait il y a peu et gratuite. Le bon coin quoi.
Il a dit…
« Tant que je n’aurais pas dépassé Piola, je ne m’arrêterai pas » . À 38 ans, Totti rassure tous ceux qui ont peur de le voir partir bientôt. Il Capitano veut battre le record de 274 buts détenu par Silvio Piola. Sachant qu’il en est pour le moment à 243, on n’est pas encore prêt de le voir raccrocher ses crampons. La Roma va devoir composer avec Francesco pendant encore deux, voire trois, bonnes années.
Le plus beau but :
Crochet, feinte, frappe de forain sans angle. Florenzi inscrit là sans aucun doute l’un des plus beaux buts de cette saison face à Sassuolo.
Au moins à égalité avec celui d’Holebas contre l’Inter.
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée :
Sans aucune surprise, la suite de décisions de Mr. Rocchi face à la Juventus au match aller. S’il n’a pas eu non plus tout faux sur toute la ligne, l’homme au sifflet a fortement influencé l’issue de la rencontre. À un niveau tel que la Gazzetta a titré le lendemain « Rocchi Horror Picture Show » et le Corriere delle Sport « Championnat faussé » .
Le coup de gueule :
« Nous devons changer notre attitude pendant la semaine. Nous devons avoir la rage, la détermination, et le désir de résultats. Ça ne va pas. Si nous voulons atteindre les sommets, nous ne pouvons pas accepter certaines choses. Nous devons nous réveiller et donner beaucoup plus » . Alors que la Roma se fait rattraper par la Lazio au classement fin avril, Miralem Pjanić, leader technique de cette équipe, pousse une gueulante en conférence de presse. C’est rare venant de sa part. Il déplore la faible implication de certains de ses coéquipiers. Ils est à deux doigts d’en désigner certains d’entre eux. Surprenant venant de la part d’un garçon si calme. Si rare, que cette sortie sera suivie d’effets immédiats. Le week-end suivant, la Roma balaie Sassuolo et gagne par la suite le sprint final vers la seconde place.
Pourcentage de résistance à la blessure : 50 %
Il y a eu des bonnes périodes et des moins bonnes. Le début d’année 2015, les fragilités musculaires et osseuses de la Roma ont refaits surface. Ljajić, Gervinho, Ibarbo, De Rossi pour ne citer qu’eux, sont passés par la case infirmerie, obligeant Rudi à des changements tactiques. Le Français a même dû faire face à des problèmes en interne avec ses préparateurs et médecins. Mais dans l’ensemble, la Roma s’en est plutôt pas mal sortie. Disons que ça aurait pu être pire, connaissant la fragile réputation de cette équipe. Et puis quand on tape « blessure Roma » dans Google, le premier lien sur lequel on tombe, c’est l’horrible blessure de Mattiello infligée par Nainggolan. Dans ces cas-là mieux vaut ne pas trop l’ouvrir. À moitié quoi.
Le joueur dont le club a besoin cet été : Un buteur
Quel qu’il soit. Un mec capable de marquer en masse. Parce qu’espérer finir premier avec un meilleur buteur à seulement huit buts en fin de saison, qui n’est même pas un vrai attaquant… Ce n’est plus possible. Alors peut-être que la Roma va devoir chercher une solution à domicile. Destro est de retour à Trigoria, Doumbia va certainement retrouver la confiance. Mais dans tous les cas, il va falloir trouver un mec qui passe la barre des quinze buts en championnat.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Rudi Garcia avait bien besoin de ces congés. Du côté de chez lui, à Nemours, une petite commune de Seine-et-Marne, il décide de passer des vacances tranquilles. De longues et modestes journées à faire le point sur sa situation. Le tout devant le Tour de France. La trajectoire du discret Jean-Christophe Péraud, un illustre inconnu devenu second du dernier Tour et finalement premier vainqueur français de la grande boucle depuis des lustres, lui donne des idées. Cette année, sa communication sera minime. Pas de rumeur, pas de polémique, rien qui puisse déstabiliser son groupe. La consigne est la même pour ses joueurs. En début d’année, au moment d’annoncer les objectifs de l’équipe, Rudi surprend tout son monde et déclare vouloir jouer le maintien. Une énorme surprise, mais surtout un énorme coup de bluff. Ses joueurs, totalement détendus, gagnent match sur match et prennent dix points d’avance sur la Juve à Noël. Pallotta et Sabatini en sont ravis. La Louve passe également sans souci la phase de poules de Ligue des champions. Mais à force de fuir les médias et de s’entraîner à huis clos, la stratégie de Rudi se retourne contre lui. La pression médiatique se fait de plus en plus forte et son équipe s’écroule de toutes parts. La Roma finit cette fois derrière la Lazio au classement. Totti arrête sa carrière et prend la succession de Rudi. L’amour entre eux aura duré trois ans.
Par Ugo Bocchi