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- Bilan
Ce qu’il faut retenir de la saison de Guingamp
Plus de 50 matchs, une épopée européenne, une demi-finale de Coupe de France et un maintien assez tranquille en Ligue 1 : c'est le bilan vite fait de la saison de l'En Avant de Guingamp, peut-être la plus belle de l'histoire du club, en tout cas la plus dense.
L’analyse définitive
L’EAG a été un improbable animateur de la saison de foot en France, squattant régulièrement la Une de l’actu sportive et des discussions entre débatteurs TV et habitués des réseaux sociaux. Mais c’est surtout pour sa jolie aventure en Ligue Europa en réalité que les Bretons ont fait parler, plus que pour leur parcours en championnat, terminé à une très honnête 10e place, sans jamais pouvoir viser mieux, sans sérieusement flipper longtemps pour le maintien non plus. Pour ce qui est du parcours européen, il a été mis en avant (sic) d’abord au regard des prestations décevantes des autres engagés français en C3. La bande à Gourvennec a aussi démonté en règle la croyance selon laquelle il est impossible de mener de front plusieurs tableaux quand on est un club avec un budget modeste, tant ses performances sur la scène continentale semblent avoir permis d’enrichir la dynamique d’un groupe homogène et solidaire, d’où ont émergé quelques individualités, dont bien sûr le désormais inévitable Claudio Beauvue. Seule déception de la saison : la défaite un peu bête à Auxerre aux portes d’une nouvelle finale de Coupe de France, après un parcours un brin chanceux. Allez, c’est juste histoire de s’éloigner enfin un peu des projecteurs…
Le match chef-d’œuvre : Guingamp 1-0 PSG
EAG face au PSG, le 14 décembre dernier : trois jours après la qualification pour les 16es de finale de la Ligue Europa obtenue sur la pelouse du PAOK Salonique, Lionel Mathis et ses potes se paient le champion en titre et futur tenant, d’un but inscrit en début de match par Jérémy Pied. Score final : 1-0. La dernière défaite des hommes de Laurent Blanc en championnat remontait à la fin de la saison précédente. « Je ne sais pas comment les joueurs ont fait pour battre Paris, s’interrogeait le pourtant pragmatique Gourvennec dans une interview accordée à So Foot en début d’année. On a pris l’avion dans la nuit de jeudi à vendredi, on est arrivés le vendredi matin vers 5 heures, et on a joué Paris le dimanche… On a mis quasiment la même équipe, ce match est une énigme pour moi. »
Le tournant de la saison
3 décembre dernier : les Guingampais, dernier de la L1 au coup d’envoi, s’imposent 5-1 au Roudourou face à Caen, un candidat direct. Gourvennec fait le choix du retour au 4-4-2 et redonne les clés du jeu aux tauliers historiques, dont l’ex-placardisé Thibault Giresse. Au coup de sifflet final, l’EAG sort de la zone rouge, dans laquelle il ne replongera plus de la saison.
Le meilleur joueur : Claudio Beauvue
Il y a quelques jours, Ouest France livrait le résultat de son sondage pour désigner le meilleur joueur guingampais de la saison : Beauvue a recueilli 413 voix sur 600 votants, devançant très largement Pied et Lössl. Rien d’étonnant pour « Air » Beauvue, ailier reconverti dans l’axe, où il a fait parler sa vivacité et son incroyable jeu de tête, malgré un gabarit modeste. Au bilan de sa saison marathon : 26 buts inscrits en 51 matchs, dont 17 en championnat. C’est autant que Didier Drogba lors de sa saison 2002/2003 et le désormais ex-Blues s’est d’ailleurs empressé de féliciter son successeur sur les réseaux sociaux.
Le joueur révélation : Jonas Lössl
Difficile de départager le portier Jonas Lössl de l’ailier Jérémy Pied, mais puisqu’il faut faire un choix… Le premier est arrivé incognito en France, depuis son Danemark natal, et s’est imposé au poste de numéro 1, profitant d’un combo blessure/suspension/méforme du titulaire en début de saison, Mamadou Samassa. S’il reste encore perfectible, avec quelques sautes de concentration et des difficultés à capter les ballons, il est tout de même une satisfaction et a gagné sa place pour la prochaine saison. S’agissant de Jérémy Pied, il s’agit plus d’une relance que d’une révélation, lui dont on connaissait les qualités depuis sa formation à Lyon mais qui s’était un peu perdu depuis à Nice. Dans un registre différent aussi, il faut noter l’étonnante réussite offensive de Christophe Mandanne, lui qui n’avait pas spécialement une réputation de finisseur jusque-là. Preuve qu’on peut réaliser la meilleure saison de sa carrière l’année de ses 30 ans…
Le flop : Ronnie Schwartz
Un bel échec tout de même à signaler : Ronnie Schwartz, l’un des trois Danois arrivés l’été dernier en Bretagne. Si Lössl et Jacobsen ont réussi à s’imposer, ce n’est pas le cas de « Waynej » Ronnie, qui a traîné toute la saison quelques kilos en trop et des pépins physique, l’un n’allant probablement pas sans l’autre. Barré par le duo Mandanne/Beauvue, il a progressivement disparu des feuilles de match…
Ils ont dit…
À la fin d’une rencontre de l’EA Guingamp, un journaliste demande à Claudio Beauvue et Christophe Mandanne s’ils « pensent à une convocation en équipe de France » . Leur réponse se fait avec le sourire, mais en dit long sur leurs sentiments. En attendant, Air Beauvue continue d’être dans les petits papiers de Didier Deschamps.
Le plus beau but : Lars Jacobsen
Le vétéran danois n’a marqué qu’un but cette saison mais il mérite d’être mis à l’honneur. « Comme elle vient ! »
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
La défaite 1-3 à domicile le 4 avril dernier face à l’OL a été mal vécue dans les travées du Roudourou, avec un penalty sévère sifflé en faveur des visiteurs, suivi d’un carton rouge encore plus sévère adressé à Christophe Kerbrat juste avant la mi-temps… Pas de quoi crier au scandale mais on a déjà vu Clément Turpin plus inspiré que ce jour-là.
Le coup de sang
27 septembre à Montpellier : l’En Avant est dans une mauvaise spirale et perd cruellement 2-1 en fin de match. De quoi énerver Samassa, qui récolte un rouge, et Angoua, qui cherche à retirer le carton des mains de l’arbitre. Un geste qu’il réitérera quelques semaines plus tard… Moche.
Pourcentage de résistance à la blessure
90%
Malgré une saison marathon à plus de 50 matchs, il n’y a pas eu de grosses blessures à gérer, avec un roulement d’effectif judicieux quand il le fallait et de bons suppléants aux rares joueurs qui ont squatté l’infirmerie plus de deux ou trois semaines d’affilée (Marveaux, Lévêque). Ce serait donc vrai pour la potion magique ?
Le joueur dont le club a besoin cet été : Mohamed Yattara
Priorité au recrutement d’un attaquant, avec les départs probables de Beauvue et Mandanne. Aucune piste sérieuse n’a encore fuité dans la presse mais on se risque à un pronostic : et pourquoi ne pas relancer Mohamed Yattara le Lyonnais ?
Ce qui va se passer la saison prochaine
Scénario 1 : Gourvennec reste à Guingamp, le club s’assure un solide recrutement grâce à la réputation grandissante de son entraîneur, ce qui permet de réussir un nouveau confortable maintien, avec en prime un nouveau joli parcours en Coupe, histoire de repartir en quête d’une nouvelle aventure européenne la saison suivante. Scénario 2 : Gourvennec part de Guingamp et est remplacé par Raymond Domenech, qui possède une maison secondaire dans les environs. Bad buzz : le pari de relancer Sidney Govou et Djibril Cissé pour remplacer Mandanne et Beauvue est un échec cuisant. La saison se termine sur une moche relégation et une demande en mariage foireuse à Pierre Ménès.
Par Régis Delanoë