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Ce qu’il faut retenir de la saison de Dortmund
Outsider pour le titre en début de saison malgré le départ de Robert Lewandowski au Bayern, Dortmund a complètement plongé, finissant même par être lanterne rouge. Avant de se reprendre, d'accrocher une place européenne et de dire adieu à Klopp et Kehl. Ascenseur émotionnel.
L’analyse définitive
Bizarre exercice que celui que vient de vivre le BvB. Malgré le départ de Lewandowski chez le Rekordmeister, la campagne de recrutement, faite de jeunes promesses (Immobile, Ginter) et de valeurs sûres (Ramos), faisait naître bien des espoirs de reconquête. Une impression confirmée par la victoire contre le Bayern en Supercoupe, nette et sans bavure. D’autant plus que Kagawa, libéré du joug mancunien, finissait par rentrer à la maison, que Gündoğan allait rejouer au football, que Reus allait mettre tout le monde d’accord sur son véritable statut. Las, le BvB a enchaîné les blessures et les défaites souvent poissardes les unes et les autres, occupant même un temps la dernière place. Seule la Ligue des champions servait de bouffée d’air frais. Durant l’hiver, on parlait de licenciement de Klopp, de départ des cadres, de relégation. Et puis tout a fini par rentrer dans l’ordre, les buts ont commencé à arriver comme le ketchup et la défense a (un peu) repris confiance. Éliminé logiquement par la Juve en LdC, Dortmund est remonté en Buli, finissant à une septième place synonyme de Ligue Europa, tout en allant cherché une finale de DFB-Pokal. Un bilan presque inespéré si on retourne quelque mois en arrière, mais quand même franchement décevant si on se souvient des ambitions de début de saison. Mi-figue mi-raisin, et même doux-amer avec le départ surprise de Kloppo et celui plus attendu de Sebastian Kehl.
Le match chef-d’œuvre : BvB 3-2 Hoffenheim
Bien sûr, il y a eu quelques raclées infligées en Ligue des champions : 2-0 à Arsenal, 3-0 à Anderlecht, 4-0, puis 4-1 pour Galatasaray. Mais le quart de finale de DFB-Pokal face à Hoffenheim reste quand même un sacré moment. À l’époque, la coupe semblait le seul moyen d’aller arracher l’Europe. Il y a d’abord l’ouverture du score de Subotić, d’une volée improbable sur corner. À peine deux minutes plus tard, la réponse de Kevin Volland, dans les mêmes conditions. Neven se troue ensuite, et laisse Roberto Firmino aller piquer le ballon au-dessus de Langerak. Pas du tout au goût d’Aubameyang, qui, sur un centre de Durm, passe devant son défenseur pour marquer de la tête. Et que dire du finish, ce missile de Sebastian Kehl dans le temps additionnel ?
Le tournant de la saison : Bayern 2-1 Dortmund
1er novembre 2014, 10e journée. Dortmund est 16e, avec un bilan famélique de 2 victoires, 1 nul et 6 défaites, dont quatre consécutives. C’est l’heure de se rendre sur la pelouse de l’Allianz Arena. Le Bayern est déjà tranquillement installé en tête. Mais qu’à cela ne tienne : presque contre le cours du jeu et surtout des événements, Marco Reus ouvre le score à la demi-heure de jeu. Longtemps, on croit à la résurrection. Et puis à la 72e, Robert Lewandowski fait encore un peu plus mal à ses anciens supporters en égalisant. Une grosse dizaine de minutes plus tard, Subotić retient un peu trop par le maillot Ribéry, entré en jeu. L’arbitre, cruel, siffle un penalty que transforme Robben, pas comme en 2012. Si le BvB s’imposera la semaine suivante contre Gladbach, la Bundesliga est d’ores et déjà foutue.
Le meilleur joueur : Pierre-Emerick Aubameyang
Ça peut paraître fou à dire, mais PEA a porté le BvB sur ses épaules. L’ancien tout droit archi-maladroit qui sévissait sur le flanc droit par intermittence a profité de l’incapacité d’Immobile et Ramos pour s’établir comme le véritable 9. Reus longtemps blessé, tout comme Kuba, alors que Miki et Kagawa n’étaient pas capables de viser un éléphant dans un ascenseur, il a dû tout faire. C’est quasiment mission accomplie : 16 buts (trois de plus que l’an dernier, certes en tirant quelques pénos) et 7 assists en Buli, contre 17/7 pour Lewandowski au Bayern. Rajoutez 3/2 en LdC, 4/1 en Pokal, un sens du but en perpétuelle amélioration, une entente masquée avec Reus, et vous avez résolu l’équation. Si on se rappelle que Lewandowski n’avait claqué que 9 buts toutes compétitions confondues lors de sa première saison, on peut s’attendre à une véritable explosion la saison prochaine.
Le joueur révélation : Mitch Langerak
Il y aurait des choses à dire sur la reconversion de Henrikh Mkhitaryan en ailier ou le retour de İlkay Gündoğan. Mais la vraie surprise, elle s’appelle Mitch Langerak. L’éternel numéro 2 a été intronisé titulaire à un moment où Weidenfeller était au fond du gouffre, et s’en est quand même plutôt pas trop mal sorti. Que dire aussi de cette demi-finale de Pokal contre le Bayern, où il a été héroïque, notamment lors des tirs au but ; bien aidé par les glissades, il est vrai. Si Roman a fini par reprendre son poste, reste à savoir ce que l’intersaison réservera à l’Australien.
Le flop : Shinji Kagawa, et tous les autres
Shinji Kagawa. À la fin de l’été, la campagne #FreeShinji a porté ses fruits. Le Japonais, embourbé à United depuis trop longtemps, était de retour. Premier match : un but, une passe décisive. Et puis plus rien, ou si peu, comme s’il avait oublié comment démanteler les défenses comme avant. Shinji s’est quand même repris en fin d’exercice, laissant espérer une bien meilleure saison prochaine. Ah et sinon, on aurait pu parler de Großkreutz, passé de latéral droit de la Nationalmannschaft à joueur de la réserve, de Ginter, perdu sur un terrain, Immobile, incapable de s’adapter à l’Allemagne, Ramos, erreur de casting, ou Jojić, casper.
Il a dit…
« Je vais partir avec un sac plein de souvenirs. On se reverra. » Jürgen Klopp, toujours, dans sa déclaration d’après-match aux fans du BvB après sa dernière au Westfalenstadion.
Le plus beau but : Sebastian Kehl
La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée
Le penalty accordé au Bayern en fin de match pour un câlin de Subotić sur Ribéry. La Toussaint, c’est pas pour tout le monde.
Le coup de gueule
« Le poison qui nous fait penser que tout va s’arranger tout seul doit finir par sortir de nos têtes, de toutes nos têtes. » Hans-Joachim Watzke, au soir de la 12e journée, n’était vraiment pas très content.
Pourcentage de résistance à la blessure
0%Tout le monde est tombé. Dortmund, nouvel Arsenal.
Le joueur dont le club a besoin cet été : un gardien
Techniquement, pas grand monde. Le probable départ de Gündoğan a déjà été plus ou moins compensé par l’arrivée du couteau suisse Castro, d’autant plus que Geis devrait suivre pour remplacer numériquement Kehl et que Şahin sera là pour driver tout ca. Devant, PEA s’est imposé, Ramos et/ou Ciro devront peut-être faire leurs bagages. Kagawa va se remettre en forme, tout comme Reus et Kuba, alors que Kampl va engranger de l’expérience, et Miki de la confiance (s’il reste). En latéraux, Piszczek va revenir, Schmelzer est réglo, et sinon Durm fait bien le travail, voire KG, qui a clamé son envie de revenir. En central, Subotić vient de prolonger, Sokratis est une muraille, Hummels n’est toujours pas à United, Ginter n’est pas devenu mauvais du jour au lendemain. Reste le poste de gardien de but. Weidenfeller n’est plus ce qu’il était, Langerak ne sera sans doute jamais un grand gardien. Ça tombe bien, la Buli regorge de bons gardiens : Burki, Trapp ou Horn et on n’en parle plus.
Ce qui va se passer la saison prochaine
Tuchel va remotiver tout le monde, essayer plein de systèmes, prendre une volée en Supercoupe pour changer avant de trouver la bonne formule lors de la 6e journée. Reus va écraser la Buli, avec un double-double 20 buts-20 assits, avec un PEA en mode super-héros à 37 Tor. Personne ne se va se blesser, Miki va se rappeler qu’il est une gâchette, Kagawa comment courir, Castro va tout solidifier en jouant à sept postes différents, tout comme KG, qui marquera le but du titre d’une reprise topée.
Par Charles Alf Lafon