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Ce qu’il faut retenir de la finale de la Coupe du monde

Par Mathieu Faure
5 minutes
Ce qu’il faut retenir de la finale de la Coupe du monde

Avant de demander à Adidas de broder une quatrième étoile sur le torse de sa liquette, l'Allemagne a disputé une vraie belle finale de Coupe du monde. Et pour en arriver là, il faut souvent deux belles équipes et un vaincu.

Alejandro Sabella, le choix qui fait débat

L’étonnement fut à la hauteur du raté. En conférence de presse d’après-match, Alejandro Sabella a avoué que le remplacement de Lavezzi par Agüero à la pause était tactique et non physique. Très bizarre. En première mi-temps, le Parisien a été le meilleur de son équipe et ses déboulés sur le côté droit de l’Albiceleste ont constamment apporté le danger. Après sa sortie, et surtout vu l’apport très quelconque de Sergio Agüero, les Sud-Américains ont eu plus de mal à prendre le jeu à leur compte. Difficile de comprendre ce choix, au final. À la rigueur, le coach argentin aurait pu se passer des services de Gonzalo Higuaín dès la pause. Le Napolitain, auteur du raté du match en première période, apportait beaucoup moins que le Parisien et n’a même pas réussi à faire une Stéphane Guivarc’h. En 1998, aussi maladroit qu’il était, le Breton cadrait, lui. Bref, difficile d’expliquer pourquoi Sabella a tout changé à la pause alors que son équipe menait aux points.

Manuel Neuer, le vrai meilleur joueur de la Coupe du monde

Higuaín qui tire à côté, Palacio qui force son lob, Messi qui ne trouve pas le cadre, Higuaín, encore, qui se fait déglinguer sur une sortie aérienne. Hier, le portier allemand était infranchissable. De par son envergure et l’assurance qu’il dégage, il a largement gagné la bataille psychologique face aux attaquants argentins. En sept matchs de Coupe du monde, et surtout dans les rencontres à élimination directe, le portier du Bayern Munich a été le grand monsieur de son équipe. Comme un vieux briscard, il a aussi réussi sa finale, mettant en déroute toutes les offensives argentines. Jamais un gardien n’avait semblé aussi proche de la perfection que ce Neuer-là. Arrêtons les conneries avec les trophées séparés entre joueurs de champ et gardiens, cet homme mérite le titre de meilleur joueur du tournoi. Point.

Joachim Löw, l’adaptabilité permanente

Si Sabella a complètement planté sa finale, Löw peut facilement se regarder dans une glace. Pourtant, le sélectionneur allemand a dû composer avec les éléments. Sami Khedira se flingue le mollet dès l’échauffement, pas grave, on balance le jeune Kramer dans l’entrejeu dans les onze titulaires. Kramer se fait désosser par Garay et doit sortir au bout de 30 minutes, tant pis, on change tout. Schweinsteiger et Kroos se retrouvent associés à la récupération, Özil passe meneur de jeu et Schürrle déboule côté gauche. À partir de là, l’Allemagne a repris le contrôle de sa finale. Et comme la chance sourit aux audacieux, le but du match viendra de Mario Götze, sorti du banc, sur un centre de la gauche de… Schürrle. Deux hommes qui avaient débuté la rencontre sur le banc. Dans ses choix tactiques et d’hommes, Löw a eu tout bon. Le repositionnement de Lahm au poste d’arrière droit a été salvateur dès le quart de finale, le changement de charnière aussi, l’apport de Klose en pointe également. Jusqu’au bout, le patron de la Mannschaft a été dans le vrai. Tout sauf un hasard.

Merci à Jürgen Klinsmann

L’Allemagne achève enfin sa mutation victorieuse. Un changement commencé dès la Coupe du monde 2006 avec Jürgen Klinsmann. D’ailleurs, ils sont quatre à être là depuis le Mondial 2006 (Schweinsteiger, Lahm, Mertesacker et Podolski). Le changement de jeu opéré par Klinsmann – dont Löw était l’adjoint – aura été avant tout psychologique. En faisant évoluer son style vers un football moins physique et plus vertical, l’Allemagne s’est donné les moyens de gagner. Mais il fallait du temps et du talent. Ensuite, la génération dorée, notamment celle qui fut championne d’Europe des moins de 19 ans en 2009, a fait le reste. C’est simple, cinq titulaires de la finale de 2009 l’étaient également hier soir à Rio : Neuer, Hummels, Boateng, Özil et Höwedes. Sachant que Khedira était également dans le onze de départ en 2009. En poste depuis 2006, Löw a pris le temps d’amener son groupe à maturité. Et tout ça sans Reus et Gündoğan, blessés. Sachant que les jeunes qui arrivent derrière sont tout aussi solides (Draxler, Goretzka, Lasogga, Volland, Kruse, etc), cette Allemagne peut voir venir pour la suite. Mieux, la Mannschaft est maintenant décomplexée, elle qui n’avait plus rien gagné depuis 1996.

Lionel Messi, le match de trop

Il aurait pu fermer des bouches. Devenir le patron. Le mec qui a tout gagné. Mais non, Lionel Messi ne sera pas champion du monde. Et comme en demi-finale, le capitaine argentin a raté sa finale. Qu’il ne défende pas, ça, on est habitué, mais derrière il doit compenser en faisant la différence. Hier, ce ne fut pas le cas. Pourtant, il a livré une très bonne première période, déposant Hummels deux fois sur des accélérations meurtrières. C’était d’ailleurs sa meilleure entame de match depuis son doublé contre le Nigeria en phase de poules. Mais ça ne voulait pas rentrer. Comme cette frappe trop croisée en début de seconde période alors qu’il en a mis des centaines comme ça au Nou Camp. Et quand il se voit offrir un coup franc bien placé à la 120e, comme pour entrer dans l’histoire, il dégomme un pigeon. Finalement, son titre de meilleur joueur du Mondial – une farce pour un mec qui n’a pas trouvé le chemin des filets depuis le premier tour – est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Avec le maillot de sa sélection, Messi ne sera jamais l’égal des plus grands. Diego Maradona et Mario Kempes peuvent dormir tranquilles.

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Par Mathieu Faure

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