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Ce qu'il faut retenir de la cérémonie du Ballon d'or

Par Jérémie Baron, avec Anna Carreau au théâtre du Châtelet
6 minutes

À la surprise générale (non), Leo Messi a soulevé son huitième Ballon d'or ce lundi. Aitana Bonmatí, elle, succède à sa compatriote Alexia Putellas au palmarès du trophée féminin. Mais finalement, que retenir de cette longue cérémonie ?

Ce qu'il faut retenir de la cérémonie du Ballon d'or

L’adieu de la soirée : Leo Messi

« Messi is infinity. » La formule est absolue, et cache surtout une réalité : la Pulga, vainqueur de son huitième Ballon d’or, vient sans doute de grimper sur le toit du football mondial pour la dernière fois de sa carrière. Son discours, son attitude et celle de la salle allaient d’ailleurs dans ce sens, à l’image de ses rejetons qui ont pris leurs aises lors de la cérémonie, comme pour profiter une dernière fois du beau tapis parisien. Le joueur de l’Inter Miami, face à un public pas vraiment emballé (le 18 décembre, c’était hier), a eu un mot pour le « D10S » Diego Maradona (qui aurait eu 63 ans ce lundi), et a bien pris soin de ne pas mentionner le club qu’il a quitté l’été dernier. Allez bye !


L’affront de la soirée : Emiliano Martínez

Emiliano Martínez a privé la France d’un deuxième sacre consécutif en Coupe du monde, avec son arrêt inouï face à Randal Kolo Muani à la 123e minute de la finale, et ses diableries lors de la séance de tirs au but. Le gardien argentin a passé les célébrations de la victoire en Argentine à se payer – et c’est un euphémisme – la France, ses joueurs, et spécifiquement Kylian Mbappé. Mais l’humiliation n’était pas encore totale. Ce lundi, Dibu a conclu son Grand Chelem en venant recevoir, dans la capitale française, le trophée de meilleur gardien de la saison, sous l’œil acerbe du Kyks (et de RKM) et les huées du théâtre du Châtelet. La salle a tellement grondé que Didier Drogba a même dû calmer l’assistance pour que Martínez, plein d’émotion en présence de son paternel, puisse terminer son discours. Le constat de la soirée est cruel : le meilleur gardien du monde est un joueur de Ligue Europa Conférence.


Le machisme de la soirée : Rema

« Est-ce que tu sais twerker ? » C’était en décembre 2018 : Martin Solveig mettait mal à l’aise la destinataire de sa question, le Grand Palais de Paris et les téléspectateurs, avec une demande très osée à l’intention d’Ada Hegerberg. Cinq ans plus tard, le fantasme du beauf de la french touch a peut-être été réalisé : un twerk a eu lieu sur la scène du Ballon d’or. Invité à se produire au cours de la cérémonie (une innovation de cette édition), l’artiste nigérian Rema était en effet accompagné de deux danseuses, qui ont fait admirer leur déhanché en mondovision, l’espace de quelques secondes. Sûr que Solveig n’en a pas raté une miette. Rema a décidément une manière bien à lui de mettre en avant les femmes, puisque pendant son morceau, il a pris le temps d’aller saluer tous les joueurs du premier rang… mais pas les joueuses. « Baby, calm down, calm down… »

 


Les stars de la soirée : les Ballons d’or

Non, les stars du jour n’étaient pas Kylian Mbappé, Leo Messi, Erling Haaland ou Aitana Bonmatí. Ceux dont on a le plus parlé, ceux qui se sont fait attendre, ceux dont on a suivi les moindres faits et gestes au cours de la soirée, ceux qu’on a vu passer au sommet de la tour Eiffel, devant le pont Alexandre III, le Louvre ou la cathédrale Notre-Dame de Paris, ceux qui ont été escortés par les forces de l’ordre dont la brigade fluviale (en plein plan Vigipirate !) ou ont pris place dans la voiture de course « Mission H24 » sont deux jumeaux. Et ce sont les deux trophées dorés. Au bout de toute cette mise en scène, en conclusion de ce cirque ? Eh bien, le Ballon d’or masculin a remporté Messi, et le Ballon d’or féminin a remporté Bonmatí.


L’expertise de la soirée : « S’il y a quelqu’un dans l’histoire du football qui peut remporter le Ballon d’or à nouveau, c’est bien Messi »

Coincé dans les travées du théâtre du Châtelet entre deux chaises aux tablettes trop encombrantes, Mariano De Michel, journaliste argentin pour Olé, prend le temps de nous parler de son GOAT, Lionel Messi évidemment.

« En Argentine, on rêve encore de gagner la prochaine Copa América avec Leo, la Coupe du monde aux États-Unis ensuite… On parle du meilleur joueur du monde, donc pour moi il est impossible d’exclure qu’il ne soit pas à nouveau à la même place qu’aujourd’hui l’année prochaine. Là où il a été tant de fois. S’il y a quelqu’un dans l’histoire du football qui peut remporter le Ballon d’or à nouveau, c’est bien lui. En Argentine, ce dont on parle le plus aujourd’hui, c’est évidemment de ce Ballon d’or, mais surtout du moment où Leo s’est souvenu de Diego dans son discours. C’était comme si les deux plus grands symboles du football argentin s’unissaient dans un moment de joie. En revanche, ce qui m’a surpris, c’est que France Football (qui organise la cérémonie, NDLR) utilise des images de la Coupe du monde pour parler de Kylian Mbappé et des images du PSG pour Messi. Ça dit beaucoup de la façon dont on traite Lionel Messi éditorialement en France. Messi a été champion du monde en tant que joueur du PSG et c’est dommage que les fans du PSG n’en profitent pas, car ce n’est pas tous les jours que l’on peut avoir un champion du monde et un Ballon d’or. Il n’a toujours parlé que sur le terrain, prouvé grâce à son football, c’est quelque chose que la presse française n’a évidemment pas compris. C’est dommage parce qu’ils n’ont pas profité du jeu de Leo. En Argentine, on n’a pas de rivalité avec les Français. Le plus important, c’est ce que disent ses collègues et ses coéquipiers, et il est presque impossible d’entendre un coéquipier dire du mal de Leo. Quand les résultats à Paris n’ont pas fonctionné, ce n’était évidemment pas sa responsabilité, mais celle de toute l’équipe. »


Mais on a aussi aimé :

… La bromance entre Eden Hazard et Didier Drogba.

… Voir Elye Wahi et Brice Samba débarquer au milieu du gratin du foot mondial.

… Vinicius Júnior, crack mondial, figure de l’antiracisme, et récompensé pour son engagement social dans les favelas, le tout dans un superbe costume en peau de pêche.

… Joan Laporta s’offrir un peu de bon temps en plein scandale Negreira.

… David Beckham.

… Le discours robotique du cyborg Erling Haaland.

… David Beckham.

… Aitana Bonmatí qui préfère aller au pupitre remercier tout le monde plutôt que d’aller chercher son trophée.

… David Beckham.

… Le test micro (très long) de La Chaîne L’Équipe pendant le film de rétrospective des exploits de la Pulga.

… David Beckham.

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Par Jérémie Baron, avec Anna Carreau au théâtre du Châtelet

Propos de De Michel recueillis par AEC.

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