- Coupe du monde 2014
- 8es de finale
- France/Nigeria (2-0)
Ce qu’il faut retenir de France-Nigeria
Comme en Allemagne, la France est en quarts de finale. Mais contrairement à la leçon d'espagnol donnée par la bande à Zidane en 2006, les Bleus ont eu du mal à lancer la machine contre les Super Eagles.
* Hugo Lloris est enfin là…
Si les Bleus sont arrivés à la 79e minute avec un score vierge, c’est grâce à Hugo Lloris. Deux sorties aériennes importantes en première période, une frappe d’Emenike repoussée avant la pause, un autre d’Odemwingie en seconde période et voilà le capitaine des Bleus dans son match. Hier, il a grandement contribué à maintenir le paquebot France au-dessus de la ligne de flottaison. Avant ce match, on se demandait ce que le portier des Spurs avait dans le bide après une saison compliquée en club et un début de Mondial plutôt discret. D’autant que le brassard ne le sublime pas, lui qui semble nager dans son maillot rouge. Pourtant, face aux champions d’Afrique, il a fait le boulot. Et plutôt bien. Dire qu’il y a quelques semaines, d’aucuns voulaient le mettre en concurrence avec Ruffier.
* …Paul Pogba aussi
Le Juventini était attendu après un début de compétition très quelconque. Sermonné par le collectif, recadré par Deschamps, rouspété par une partie de la presse, le milieu de terrain de 21 ans a débloqué le match d’une tête victorieuse sur corner. Même si son match n’est pas encore parfait de maîtrise – il use et abuse de ses centres piqués –, il a quand même une technique pure qui lui permet de rayonner face au jeu. Clairement, il monte en puissance. Ce but, et sa performance globale, doivent servir de déclic pour la suite. Comme en Turquie avec les U20 l’an dernier, il a commencé sur un faux rythme pour exploser lors des matchs à élimination directe. Quand ça compte vraiment, quoi. Bonhomme.
* On a perdu le côté gauche
On s’en doutait, mais Karim Benzema l’a bien montré : il ne veut pas jouer à gauche. Pendant une heure, le Madrilène a complètement déjoué. Aucun repli défensif, des pertes de balle, des mauvais choix et pas de jus. Pis, sa relation avec Olivier Giroud a frôlé le néant. Les mauvaises langues diront « volontairement » . Au point de sortir Giroud de son match ? Les vingt dernières minutes jouées dans l’axe, une fois le Gunner dehors, ont été ses meilleures. Coquin. D’ailleurs, cette semaine, c’est José Mourinho, dans sa chronique sur Yahoo, qui avait senti le truc avant même le match d’hier. « Je préfère voir Benzema jouer comme seul avant-centre et avec des joueurs plus mobiles autour et bénéficiant de plus de liberté sur le front de l’attaque. Quand Giroud et Benzema sont ensemble, je trouve que ce dernier perd de sa liberté. Seulement pour une question de dynamique, je préfère l’équipe de France avec Benzema et Griezmann. » Plus embêtant, le début de match de Benzema a mis en lumière l’agonie défensive de Patrice Évra, complètement à la rue dans son marquage et tétanisé à l’idée de prendre un carton jaune qui l’aurait privé de quart de finale. Lui qui avait pourtant si bien commencé son Mondial… Alors que le côté droit (Valbuena-Debuchy) a parfaitement fonctionné, le pendant à gauche a été d’une misère sans nom. C’est comme commencer un tarot sans atout: c’est simple, on passe son temps à « pisser » en attendant la suite. Contre l’Allemagne, où les Bleus joueront sans doute le contre, Griezmann–Benzema-Valbuena devra être le trio offensif. C’est Karim qui l’a décidé. Cette fois, il ne pourra pas se rater. Pas dans l’axe, en tout cas.
* Mamadou Sakho ne reviendra pas
C’est une certitude, Raphaël Varane est une pépite. On ne va donc pas en tartiner des tonnes sur le Madrilène, qui a tout fait, tout bien et dégage une sérénité incroyable pour un môme de son âge. Par contre, son binôme du soir a été très intéressant. Préféré à Mamadou Sakho, Koscielny jouait gros, aussi, contre les Super Eagles. 90 minutes plus tard, il peut déjà s’avancer sereinement pour le quart de finale face à l’Allemagne. Cette charnière centrale-là dégage plus de sérénité que Sakho-Varane. Même s’il est impressionnant dans les duels, Mamadou Sakho a encore trop tendance à faire flipper balle au pied. Koscielny, qui a visiblement digéré le match de Kiev, a remis les pendules à l’heure. Maintenant, il y a match et Sakho n’a plus le totem de l’immunité.
* La Valbuena-dépendance
Mathieu Valbuena tire le corner du 1-0 et centre sur le 2-0. Voilà. On pourrait s’arrêter là. Encore une fois, le Marseillais a débloqué un match des Bleus. Au cœur de la première période, quand les Bleus avaient le cigare au bord des lèvres, il était le seul à proposer et à tenter. Au retour des vestiaires, quand il a plongé physiquement pendant 20 minutes, la lumière s’est complètement éteinte dans le jeu des Bleus. L’homme de 29 ans n’a ni dégaine ni la prétention de jouer au Real Madrid ou à la Juventus, quoi qu’il en soit, c’est lui qui fait la pluie et le beau temps chez les Bleus. Lui et lui seul. Cela confirme son énorme Coupe du monde (le meilleur Bleu avec Matuidi, d’ailleurs), mais cela peut faire peur pour la suite. Quand il sera dans le dur, qui prendra la relève ?
Par Mathieu Faure