- Coupe du monde 2014
- 1/2 finale
- Brésil/Allemagne (1-7)
Ce qu’il faut retenir de Brésil-Allemagne
Concédant dans le même match sa plus large défaite en Coupe du monde et la pire branlée de son histoire, le Brésil se souviendra pendant très longtemps de cette demi-finale perdue 7 à 1 contre l'Allemagne. Un score irréel qui empêche tout raisonnement rationnel. Ou presque.
Toni Kroos, le vrai patron de la Mannschaft
2 buts, 2 passes décisives, le milieu de terrain du Bayern Munich a été le grand bonhomme de cette demi-finale. Son jeu au sol, sa précision sur les phases arrêtées, sa vision du jeu et sa justesse : tout était parfait, hier. À tel point que le numéro 18 a ringardisé à vitesse grand V un certain Mesut Özil. Actuellement, le patron technique de l’équipe d’Allemagne, son numéro 10, son vrai meneur de jeu, c’est Toni Kroos. Son nom est annoncé avec insistance du côté du Real Madrid. On s’imagine alors un milieu de terrain Modrić, Xabi Alonso, Kroos, et là, la planète football a peur. Quoi qu’il en soit, la performance XXL du milieu de terrain restera dans les livres d’histoire. Dommage que la lourdeur du score, si irréelle, empêche d’analyser vraiment la performance de Kroos et, plus globalement, le match des Allemands. Mine de rien, Manuel Neuer a sorti sept tirs cadrés dans un match aussi fou que cette demi-finale. Vraiment, la performance individuelle de chaque joueur allemand est éclipsée par la folie du score.
Les prières de trop
Que fait un Brésilien quand il prend une gifle en demi-finale de Coupe du monde à domicile ? Il prie sur la pelouse. Depuis le début du Mondial, les joueurs de la Seleção sont dans le trop-plein émotionnel. Hier, c’en était presque gênant, notamment sur le soutien affiché à Neymar. C’est mignon, hein, mais ça donnait l’impression d’une veille funéraire. À trop vouloir bien faire, les joueurs de Scolari se sont vidés. KO mental. Sinon, comment expliquer ce black-out de 7 minutes au cours duquel Júlio César est allé chercher le ballon quatre fois dans ses ficelles ? On l’a bien compris, ce Brésil-là était le moins talentueux de son histoire et a tout misé sur l’envie. Sauf qu’à un moment, ça ne marche plus. Finalement, les Brésiliens avaient tout prévu, sauf d’encaisser un but à la 11e minute de jeu. Le caramel de Müller est un violent direct à la mâchoire. Le Brésil ne s’en est jamais remis. À ce moment du match, la rencontre était déjà terminée.
Klose, le roi du monde
Voilà, c’est fait, Miroslav Klose est le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde. 16 buts. Devant Ronaldo et ses 15 buts. Et l’attaquant de la Lazio ne fait pas les choses à moitié puisqu’il a réalisé tout ça au Brésil, face au Brésil et sous les yeux de Ronaldo. Avant ce match, Klose n’avait jamais marqué en demi-finale d’un Mondial. C’est fait. Son pion vient récompenser le talent et l’abnégation d’un numéro 9 de talent. C’est aussi la reconnaissance de l’école allemande qui, au-delà de Klose, a toujours su faire briller ses avants-centres au Mondial (Gerd Müller, Jürgen Klinsmann, Helmut Rahn, Karl-Heinz Rummenige, Uwe Seeler, etc.) Et que dire de Thomas Müller, 24 ans et déjà 10 buts et 6 passes décisives en 12 matchs de phase finale ? Le record de Klose pourrait tomber très vite. Fou, fou, fou.
L’Allemagne, intelligente et appliquée
Cette équipe d’Allemagne est une machine froide. Tout est parfaitement exécuté, aucune place n’est laissée à la spontanéité ou à la folie. Tous les mouvements de joueur sont étudiés, préparés, travaillés. Chacun joue à sa place, en fonction de ses qualités. Le jeu est simple : toujours chercher la verticalité. On utilise le jeu au sol, en deux touches, on construit des triangles pour faire des décalages, on joue dans la profondeur et toujours de manière collective. Jamais une équipe n’avait semblé aussi intelligente collectivement. Ce bloc allemand est une merveille de synchronisation. Les mecs jouent dans les mêmes clubs durant la saison, et Joachim Löw, en place depuis 2006, a eu le temps de mettre en place son escouade. Cette victoire allemande, c’est surtout la victoire de la stabilité et du travail sur le long terme. Deutsche qualität.
Neymar et Thiago Silva, les cache-misère
Le Brésil pourra toujours se retrancher derrière l’absence de son capitaine et meilleur défenseur Thiago Silva ainsi que sur le forfait de Neymar, son meilleur joueur. Mais c’est trop facile. Les deux grands absents de cette demi-finale ont bon dos. Ce sont surtout des cache-misère. Cela montre, dans un premier temps, que Scolari a complètement raté son groupe de 23 pour le Mondial. Hier, Fernandinho, Bernard, Dante ou encore Fred sont complètement passés à côté de leur match, pour ne pas dire de leur Mondial. Alors que Lucas Moura, Coutinho, Filipe Luís, Lucas Leiva, Miranda ou encore Marquinhos ont regardé le tournoi sur le canapé, Scolari a emmené un groupe d’une faiblesse sans précédent pour glaner une sixième couronne. Oui, le Brésil se cherche une génération talentueuse capable de gagner ce titre. Par exemple, cette absence criante de numéro 9 est anormale pour un pays de football comme le Brésil. C’est peut-être toute la formation nationale qu’il faudra revoir plutôt que de se voiler la face en invoquant les deux absents majeurs d’hier soir.
Par Mathieu Faure