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- 10 ans de football vus par So Foot
- 2010/2011
Ce qu’il faut retenir de 2010/2011 : Le message de Rudi, le sexy Borussia et la descente monégasque…
So Foot fête ses dix ans cet été, l'occasion de revenir sur dix ans de foot saison par saison. Aujourd'hui, on passe la saison 2010/2011 au hachoir, avec au casting : un ch'toach, une équipe supportée par un Mur de couleur jaune et une Principauté en danger.
Tactique de l’année :
Déconne et Garcia
Il y a cette scène, un peu malaisée, au Trophée des champions UNFP en fin de saison, où Garcia, désigné meilleur entraîneur, prononce la fin de ses remerciements en espagnol en regardant le ciel, pour rendre hommage à son père. En ce printemps 2011, l’ami Rudi vit sa période Tostaky avec un doublé coupe-championnat pour sa troisième saison au LOSC. À la fin de sa première saison, il avait dû se casser pour se voir rappeler quinze jours plus tard. La deuxième, il voit la Ligue des champions lui échapper à la dernière journée, avec un penalty manqué de Cabaye à Lorient. Autant dire que là, il y a vraiment de quoi savourer. Surtout que c’est comme s’il avait prévu ça depuis trois ans justement.
Quand il débarque en 2008, après une seule saison au Mans où il aura réussi à faire oublier Frédéric Hantz, Rudi Garcia a un peu la pression. C’est qu’il passe derrière Claude Puel, qui a fait tout de même six ans dans le Nord avec du haut de tableau et des confrontations avec Manchester United en Ligue des champions. Mais c’est que c’est aussi un ancien joueur du club, et que ses coéquipiers de l’époque sont dans le staff (Buisine, Vandamme, Plancque). Pour sa première saison, il qualifie le club pour la Coupe UEFA, s’appuyant principalement sur un homme, Michel Bastos, libéré sans « Forza Puel » sur le banc, qui claque 14 buts et 9 passes décisives. Dès ses premiers jours, il fait également de Mavuba son capitaine, alors que l’ancien Bordelais, au club depuis six mois, était sous le coup du départ de Puel et pensait à un transfert. Cette année-là, Garcia s’aperçoit surtout qu’il compte dans ses rangs un jeune du nom d’Eden Hazard, et que si on lui met une équipe qui a de la gueule autour, ça peut aller très loin. Après le volte-face et le limogeage de Thuilot pendant l’été 2009, il profite de sa position de force pour aller dans ce sens : il y a de quoi viser haut, alors autant remplacer les mecs qui faisaient l’âme du club par des types qui permettront moins au public de Villeneuve d’Ascq de s’identifier, c’est sûr, mais qui ne donneront pas envie à la pépite belge de se casser. Il ne fait ainsi pas de sentiment au moment de dégager Malicki, Tafforeau et Plestan.
Tant et si bien que deux ans plus tard, au moment d’aborder l’exercice 2010-11, son équipe type est faite, et elle permet à Hazard de donner la pleine mesure de son talent. Un 4-3-3 où il joue un rôle d’ailier sans limitation de vitesse. C’est qu’au milieu, il y a un attelage qui permet de récupérer et de presser haut en cas de perte de balle (Mavuba – Balmont – Cabaye) et sur l’aile opposée, il y a un autre feu follet histoire de ne pas laisser la défense se focaliser sur un seul danger (Gervinho). Ajoutez à cela un buteur dans l’axe qui peut tout faire (Sow) et Hazard a de quoi avoir la patate. Pour autant, ça ne démarre pas sur les chapeaux de roues. Beaucoup de matchs nuls, une phase de poules en Ligue Europa mi-figue mi-raisin et de la tension : après un but bête concédé contre Valsui par Chedjou, Garcia lâche un « tocard » à l’attention du Camerounais. Ce dernier répond peu après dans la presse : « Oui, je suis au courant, non ça ne me plaît pas, mais on va en discuter. » Garcia fait le mec qui pique ses joueurs, mais en vrai, il ne leur demande qu’une chose : de régler ça en interne. En fin de saison, alors que l’équipe commence à craquer et que l’OM de Deschamps revient bien, Adil Rami pète les plombs à l’issue d’une défaite à Monaco. Il est illico amené dans le vestiaire et ressort tout propre à l’heure de Jour de Foot pour présenter ses excuses. Lille gagnera tout derrière. Pareil pour les remplaçants. Quand Hazard brille au Vélodrome pour le choc du championnat en février ou en finale de Coupe de France, c’est Frau et Obraniak qui donnent la victoire, sans rien revendiquer derrière. Le genre de choses qu’on ne peut pas étirer sur des années. Surtout quand Hazard n’est plus là.
Phénomène naissant de l’année :
Borussia Dortmund
Quand Jürgen Klopp soulève le Meisterschale le 19 mai 2011, toute la ville de Dortmund est heureuse et soulagée. Grâce à son coach charismatique, le club noir et jaune revient sur le devant de la scène en remportant son premier titre de champion depuis 2002. Il met surtout fin à une période noire, durant laquelle le club a failli couler.
À Dortmund, on n’a pas oublié que le Borussia était sous respirateur artificiel entre 2004 et 2005. Qu’à cause de la folie des grandeurs de ses anciens dirigeants, le club a commencé à faire strictement n’importe quoi après la victoire en Ligue des champions face à la Juve, en 1997. Des achats de stars en masse, des joueurs surpayés, pour des résultats médiocres. Du coup, près d’une décennie plus tard, c’est la crise. Le club n’a plus un kopeck, est sauvé d’extrême justesse de la faillite et doit repartir (presque) de zéro.
Après quelques années de gueule de bois, le boss Hans-Joachim Watzke et le directeur sportif Michael Zorc (ancienne gloire du BVB) mettent en place une politique de stabilisation. Finies les dettes, place à l’assainissement. Et comme on n’a pas d’argent, on va investir dans la formation. Et donc prendre un coach désireux et capable de faire jouer des gosses ensemble. Leur choix se portera en 2008 sur Jürgen Klopp. L’ancien défenseur-boucher de Mayence est devenu un entraîneur qui propose un jeu intéressant avec son FSV. Au BVB, il poursuivra son œuvre.
Grâce à un recrutement intelligent (Subotić, Hummels, Barrios, Kuba, Kagawa), une génération exceptionnelle de jeunes du cru (Şahin, Großkreutz, Götze), le tout encadré par les anciens (Weidenfeller, Kehl, Dedê), le Borussia Dortmund survole la Bundesliga. Et avec la manière : un jeu léché, porté vers l’avant, et un rythme qui ne retombe jamais. Jürgen Klopp est alors en passe de réaliser la synthèse des deux styles de jeu qu’il admire : les accélérations et les combinaisons dans les petits espaces du FC Barcelone alliés à la verticalité du jeu du Real Madrid. Une équipe noire et jaune portée par un public de dingue que l’Europe (re)découvrira bientôt et se prendra de sympathie, qu’elle gagne ou qu’elle perde.
Requiem de l’année :
L’AS Monaco
Samedi 29 mai 2011, 22h48, Stade Louis-II. Séisme sur le Rocher. Laurent Banide, l’entraîneur monégasque appelé à la rescousse pour sortir le club de la mouise, est hagard. Comme souvent cette saison… Ce soir, les bourreaux sont rhodaniens. Une défaite 2 à 0 contre Lyon et voilà la fin d’une histoire vieille de 34 ans dans l’élite. L’année prochaine, l’ASM évoluera en Ligue 2, dans des stades moins bandants, moins pleins aussi. Alors certes, ça ne devrait pas dépayser un club habitué à évoluer devant quelques milliers de badauds, mais quand même, merde, c’est l’AS Monaco. Une équipe un peu à part dans le paysage footballistique français, mais une équipe qui a souvent beaucoup donné à l’Hexagone. Ça fait tout drôle. Mais après une saison cata, c’était écrit.
Après une bonne 1re saison sous l’égide du divin moustachu (l’ASM termina 8e de L1 et perdit la finale de Coupe de France contre le PSG), rien ne laissait présager une telle cata, si ce n’est le départ d’un certain Nene vers… le PSG. Encore lui. La première partie de saison est tristoune. Pas de jeu, pas d’envie, et beaucoup de matchs nuls. Le déclic, les supporters monégasques y croient au sortir de la claque infligée à Nancy (4-0). Plutôt qu’un déclic, un feu de paille. Englués à la 18e place au classement, Guy Lacombe est prié de gagner contre Sochaux, sous peine de ramasser son bordel et de foutre le camp. Les fans du club, eux, votent déjà pour une dérouillée, histoire d’en finir avec Guy Lagaffe. Raté. La faute à un Coréen. Park Chu Young délivre Monaco dans les arrêts de jeu (2-1) et Lacombe, en larmes, s’offre un sursis.
De courte durée puisque qu’au retour de la trêve, l’ASM se fait taper en Coupe de France par Chambéry aux pénos. S’en est trop pour le président : perdre contre des handballeurs, faut pas déconner non plus. Exit la moustache, place à Banide, déjà sauveur en 2006-2007. Fini le bétonnage, place au jeu, à l’attaque. Enfin, pour 3 matchs… Vu les perfs et la motivation des troupes, retour au classique : tous derrière et Park devant. Et advienne que pourra ! Ben ouais, quand on n’a pas les jambes, on n’a pas les jambes. Monaco aura souvent eu son destin entre ses mains, mais il n’en fit rien. Ratant chaque fois l’occasion de sauver sa tête, comme contre Lens, quasi relégué, qui arrachera le nul dans le temps additionnel sur un but du jeune Raphaël Varane (1-1, 94e).
Vint alors cette douloureuse rencontre face à un OL moins effrayant que par le passé, mais pour qui la qualif’ en C1 était vitale. Aulas et sa troupe ne firent pas de sentiments. Nouvelle défaite pour Banide et ses ouailles. Celle de trop. Celle de la descente. Le début de la fin pour l’ASM ? Pas vraiment, car au bout du tunnel, il y a un Russe. On connaît la suite…
Par la rédaction de So Foot