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Ce qui déconne à l’OM
Dénoncer ce qui ne va pas aujourd’hui à l’OM, c’est un peu tirer sur l’ambulance. Mais bon, tant qu’à le faire, autant être exhaustif et viser les quatre pneus.
Un groupe désuni
Autant le dire tout net, l’effectif de l’OM, ce n’est pas l’équipe de France de Domenech. Parler de « clans » serait clairement trop en faire. Comme le veut l’expression d’usage, « il y a des affinités qui font que certains se regroupent » . Avec une série de défaites, chacun a donc tendance à se replier sur son crew, sans se retrouver sous la gueulante d’un leader naturel. Steve Mandanda et Souleymane Diawara pourraient jouer ce rôle, mais c’est loin d’être leur truc. Pour eux, chacun doit d’abord s’occuper de soi et être irréprochable. En attendant, chacun interprète donc à sa façon les évènements de la vie du groupe. En début de saison, Lucho cristallisait beaucoup plus de rancœurs qu’on a voulu le faire croire. Certains en sont même venus à lui demander des comptes. Lorsque Valbuena a mangé son pain noir, certains l’ont soutenu. Mais il aurait aussi lu « bien fait pour ta gueule » sur certains visages dans le vestiaire.
De la même manière, lorsque Gignac a vu rouge avant le match contre l’Olympiakos, tous n’avaient pas le même avis sur sa sanction. Plus récemment, c’est le retour d’André Ayew de la CAN qui a posé problème. Benoît Cheyrou ne s’est pas caché pour dire dès son retour « qu’il y avait moins de fluidité dans le jeu » . Enfin, pas besoin de coller aux basques de l’effectif pour savoir que certains supportent de moins en moins les limites techniques de Brandao. Ils ne cachent plus leur exaspération lorsque le Brésilien se manque. Seul membre de l’effectif à faire l’unanimité : Stéphane Mbia, qui allie bonne humeur et performance sportive. Et folie aussi, ça joue peut-être un peu dans ces moments-là.
Des joueurs surcotés et inadaptables
C’est peut-être le problème de la méthode Deschamps, qui prône la complémentarité dans tous les secteurs de jeu. Car la limite du banc de l’OM ne vient pas forcément du nombre de joueurs. Il est identique à certaines équipes qui carburent en Europe. Les blessés, les suspendus ne sont pas non plus de nature à donner envie à Arsène Wenger, entre autres, de verser une larme. Le problème vient plutôt de la polyvalence des éléments qui composent le banc. C’est bien simple, si on part du principe que l’équipe type de l’OM est le 4-2-3-1 aligné à San Siro, un seul joueur du banc peut remplacer le titulaire sans nuire à l’équilibre de l’équipe. C’est Rod Fanni, l’arrière droit… Sans MBia au milieu, l’OM est obligé de repasser à trois vu le niveau de forme affiché par Cheyrou, Kaboré et Diarra. Si Djimi Traoré est aligné à gauche, le milieu devant lui ne peut compter sur aucun renfort. Quant au compartiment offensif, à part Loïc Rémy, quand il est en pleine forme, il n’y en a pas un qui est capable de faire la différence individuellement.
Un entraîneur qui soigne sa cote
Didier Deschamps aime l’OM. Mais à choisir, Didier Deschamps préfère quand même faire une grande carrière, qui le mènerait dans différents championnats pour lui permettre de remporter plusieurs titres. L’an dernier, il aurait pu entraîner la Roma, et il s’était positionné du côté de Chelsea. On lui a préféré Villas-Boas et Luis Enrique, des quasi-novices. Sur le coup, même son fils l’a vanné ( « Papa, t’es plus en short que dans les short-listes » ). Mais ces deux clubs ont raté leur saison. Alors au moment du changement d’entraîneur à Londres, il lui a été demandé s’il comptait prendre une quelconque revanche. Sa réponse fut directe : « Qui vous dit que ce n’est pas moi qui ait refusé ? Qui vous dit que je n’ai été contacté que par ces deux clubs ? » . Seulement, c’est plus fort que lui, Deschamps veut quand même se vendre. Lorsque l’OM a rencontré l’Inter, c’est tout juste s’il n’a pas servi les petits fours aux journalistes italiens. Il y a quelques jours de ça, il n’a pas hésité à ressortir discret un « la durée de vie d’un entraîneur à Marseille est de 12 mois, j’en suis à 36 … » . Et ce n’est pas comme si, au regard de son effectif et des ambitions de la direction, il avait intérêt à rester en Provence pour briller, hein…
Un président sans réseau
Après avoir félicité Quevilly, Vincent Labrune a promis une nouvelle remise à plat. Soit. Mais ce n’est pas dit que ses joueurs l’écoutent. En tant que président, l’ancien homme de l’ombre est capable de museler la presse. Un coup de fil où ça gueule par-ci, une discussion dans un couloir où l’on parle sous le coup de la confidence par-là et toute une catégorie socioprofessionnelle est sous le charme. Pourtant, quand il s’agit de parler de futures arrivées, le Vieux Port a l’impression que Labrune attend impatiemment le « Spécial Transferts » de France Football pour balancer des noms. Moche. Du coup, comme il n’y a pas d’argent dans les caisses, bien que le club dispute la Ligue des Champions depuis quelques années, le président clame qu’il ne pourra composer qu’avec des départs. Niveau ambiance, ce n’est pas forcément l’idéal. A son époque, Pape Diouf n’avait pas forcément plus de moyens. Mais il faisait croire que… Parce qu’au fond, c’est important de permettre à ses supporters de bomber le torse.
Par Mario Durante