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Ce que Romelu Lukaku doit à l’Italie
Ce vendredi, Romelu Lukaku défie l'Italie en quarts de finale de l'Euro. Soit le pays qui lui a permis de devenir l'attaquant qu'il avait toujours voulu être. Un match pas comme les autres en somme, pour un avant-centre qui a appris à faire de sa différence une force unique, en Serie A.
Il n’a jamais pu passer inaperçu. Difficile, de fait, de se fondre dans la masse quand on mesure 1,91m et qu’on pèse pas loin de 100 kilos. Romelu Lukaku n’y peut rien. Sa carrière est comme son physique : démesurée. Par le passé, certains l’ont dit trop précoce, trop lourd, trop maladroit, trop arrogant, trop immature. Trop, toujours trop. Romelu Lukaku n’a jamais trouvé grand-chose à y redire. Il s’est souvent contenté de faire ce qu’il sait faire de mieux : marquer des buts. 87 en 166 matchs avec Everton, 28 en 66 rencontres au sein d’un Manchester United au jeu pourtant lénifiant. Mais ce n’était jamais suffisant. Une histoire de style, paraît-il. En Angleterre, Romelu Lukaku ne plaisait pas à tout le monde. Trop différent, trop inclassable. Alors, il a fait ses valises pour l’Inter, où on l’a laissé devenir ce qu’il était supposé être : un avant-centre de top niveau mondial, que la Nazionale devra trouver un moyen de bâillonner, en quarts de finale de cet Euro 2020 ce vendredi.
Planète Lukaku
Pourquoi Romelu Lukaku a-t-il passé un cap en Italie ? Parce qu’Antonio Conte. L’ex-Mister de l’Inter raffole des target men, ces grands costauds qu’il installe au poste d’avant-centre de son 3-5-2 fétiche, et qu’il accompagne d’un attaquant plus mobile. Sauf qu’à l’Inter, Romelu Lukaku n’était pas destiné à n’être qu’une simple pièce de la machine. Si l’ancien sélectionneur de la Nazionale a poussé sa direction a débourser 70 millions d’euros pour le colosse belge, c’est bien parce qu’il pensait pouvoir en faire un des moteurs de son collectif. Voire le moteur tout court. Pièce rapportée à Manchester United, le natif d’Anvers découvre le plaisir de se voir placé dans la pleine lumière des projecteurs. Conte a travaillé ses circuits offensifs pour lui. Lautaro Martinez, son compère d’attaque, gravite autour de son grand corps comme un satellite autour d’une planète. Alors que le joueur enchaîne les pions en championnat, Conte savoure d’avoir vu dans son attaquant ce que les autres n’ont pas su déceler : « Je n’oublie pas. Certains disaient qu’il était surcoté, qu’il avait coûté trop cher… J’ai tout de suite dit que c’était un diamant brut qui, en travaillant, deviendrait extraordinaire. Il a fait des progrès incroyables et peut encore faire plus. »
L’Inter l’aime, et Lukaku lui rend si bien. En Italie, ses défauts sont presque devenus une qualité. Sa conduite de balle, que certains ont pu décrire comme approximative, a gagné en précision. Ses foulées sont mesurées, ses déviations plus précises, sa finition davantage affirmée, alors qu’il n’a cessé de gagner en confiance au fil des mois. Deux ans plus tard, le bilan est là, monumental : un Scudetto en poche, une finale de C3 disputée en 2020 et 64 buts en 95 matchs, toutes compétitions confondues.
Renaissance d’un monstre
Les statistiques, cependant, ne suffisent pas à rendre compte du joueur qu’est devenu Romelu Lukaku à Milan. Lors de ses précédentes expériences à l’étranger, l’attaquant n’était qu’une ébauche. Un croquis. Un joueur baroque, un peu alien, qu’on n’arrivait pas à catégoriser. C’est en Italie que Romelu Lukaku a pu s’accomplir. Que sa différence a pu être valorisée. Sa lourdeur n’en est plus une. Aux autres, il impose sa propre pesanteur. Sa gravité à lui, qu’il module à son gré. Dans les airs ou en déviation, il est écrasant de puissance, impossible à bouger, telle une inébranlable montagne de chair. Quand il prend la profondeur, il fait l’effet d’un astéroïde, une météorite qui déchire l’espace, explose les astres et finit sa course cosmique dans la surface adverse. L’Italie a fait de Romelu Lukaku un joueur à part, qui plane désormais dans une stratosphère qui n’appartient qu’à lui. Reste à voir si elle le regrettera à l’issue de ce match de vendredi soir, où elle devra se confronter à un monstre qu’elle aura elle-même contribuer à créer.
Analyse, paris à prendre & meilleurs bonus : Retrouvez notre pronostic Belgique – Italie sur l’affiche des quarts !Par Adrien Candau