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Ce que Prandelli a appris de ce Pays-Bas/Italie
Hier soir, l’équipe d’Italie est allée arracher un match nul (1-1) en Hollande, grâce à un but de Marco Verratti dans les arrêts de jeu. Un match où le sélectionneur azzurro a pu faire quelques expérimentations.
Cesare Prandelli était sur le point de croire que son équipe n’était vraiment pas faite pour les matchs amicaux. Après les défaites l’an dernier contre l’Uruguay, les USA et la Russie, la Squadra a failli enchaîner une deuxième défaite de rang, après celle concédée contre la France au mois de novembre. À croire, surtout, que la Nazionale n’en a vraiment rien à foutre des matchs amicaux, et qu’elle ne se met à jouer que lorsqu’il y a de l’enjeu. Mais à la toute dernière minute de ce Pays-Bas/Italie, Marco Verratti est venu, quelque part, contredire les pensées du sélectionneur. En égalisant, le milieu de terrain du PSG a transformé cette « sixième défaite consécutive en match amical » en « bon match nul sur une pelouse difficile face au vice-champion du monde » . Un match nul presque obtenu à l’expérience, pour cette équipe d’Italie dont la moyenne d’âge au coup d’envoi était de 27 ans, contre les 22,3 ans de l’expérimentale équipe néerlandaise. Un match nul, surtout, qui donne quelques indications sur ses joueurs et le meilleur schéma tactique à adopter pour les prochaines échéances. Explications.
Balo-Pharaon hors du coup
Pour ce match, Cesare Prandelli avait été clair. Il avait demandé à ses garçons du jeu, et non pas un résultat. Vu comme cela, le bilan du match disputé à Amsterdam est négatif. Car l’Italie a certes obtenu le nul, mais n’a pas montré grand-chose dans le jeu, hormis une réaction d’orgueil dans les dernières minutes. Surtout, la Squadra a été tenue en vie par les arrêts de Buffon, qui répond ainsi de la meilleure des façons à ceux qui voyaient déjà Marchetti prendre sa place dans les cages. Un retour de bâton pour Prandelli, qui comptait sur ce match amical pour afficher ses petits joyaux, Balotelli et El Shaarawy et qui, au final, a pu se fier à son joueur le plus ancien, Buffon. Pour en revenir aux deux joueurs à crête du Milan AC, ils ont déçu. Ils sont même les deux déceptions de la soirée italienne. Prandelli avait misé, en entame de rencontre, sur un 4-3-3 très offensif, avec un trio Balotelli-El Shaarawy-Candreva en attaque.
Problème : l’envie est du côté des Pays-Bas, et la vitesse des joueurs de Van Gaal met en crise le système italien. Même Pirlo semble étonnant fébrile, et ne trouve jamais ses coéquipiers. Toutes les occasions sont à mettre à l’actif des babys néerlandais (quel joueur ce Maher…) et sans San Gigi, le score aurait pu être de 3-0 à la mi-temps. Des points positifs ? Pas franchement. Ah si, peut-être un. Le couloir droit, animé par Abate et Candreva, a enfin donné de bonnes choses en fin de première période, avec des montées et des centres intéressants. Problème : personne dans l’axe pour les reprendre. Prandelli avait demandé du jeu offensif et de la fantaisie, il se retrouve finalement avec une Squadra Azzurra qui attend, qui contrôle, qui tente de gérer, et ce, malgré le but hollandais inscrit par Lens peu après la demi-heure de jeu. En gros : une Italie tout sauf « prandellienne » .
Où est la Squadra joueuse ?
En seconde période, Prandelli voit bien que son dispositif ne marche pas, que Balotelli (très nerveux) et El Shaarawy sont incapables de dialoguer et de mettre en péril la défense néerlandaise. Du coup, il fait sortir les deux Milanais, et insère les plus expérimentés Gilardino et Osvaldo. Diamanti remplace pour sa part Candreva, et se positionne en 10, en soutien des deux pointes. On passe ainsi du 4-3-3 au bien plus classique 4-3-2-1. Pas de véritable impact sur la physionomie du match. Les Pays-Bas continuent de se créer des occasions, Buffon sauve encore les siens (hommage à Toldo, devenu héros national dans ce même stade en 2000). L’Italie semble s’entraîner, la Hollande, elle, joue. Mais à force, l’équipe de Prandelli finit par endormir son adversaire. On est loin, très loin, de la Squadra joueuse vue pendant l’Euro face à l’Angleterre ou l’Allemagne. En fin de rencontre, ce sont les nouveaux entrants qui font basculer le sort du match. Gilardino et Osvaldo se créent chacun une occasion, puis c’est Verratti, lui aussi entré en cours de match, qui inscrit le but de l’égalisation dans les arrêts de jeu.
C’est bien là le pied de nez de la soirée : les jeunes Néerlandais ont fait trembler les plus expérimentés Italiens (Barzagli, Pirlo, De Rossi), les jeunes Italiens ont déçu (Santon, Balo, El Shaarawy), et c’est finalement le plus jeune du groupe italien, Verratti, qui donne l’égalisation finale. Un peu histoire de dire : « Vous voyez, nous aussi, nous avons des jeunes qui montent » . Néanmoins, gare à ne pas se leurrer : cette rencontre face aux Pays-Bas a donné des indications à Prandelli, mais pas celles qu’il attendait. Il espérait beaucoup du 4-3-3, il a été conforté par son 4-3-2-1. Il espérait beaucoup de son duo à crête, il a été conforté par ses valeurs sûres. Il espérait du beau jeu, il a seulement obtenu un résultat somme toute positif. La meilleure conclusion de ces enseignements est peut-être à mettre à l’actif Gigi Buffon, celui qui connaît la Nazionale mieux que quiconque. « Ne vous inquiétez pas, nous serons prêts pour le Mondial 2014 » . Que celui qui ne le croit pas lève la main.
Eric Maggiori