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Ce que l’on ne veut plus voir en 2019

Par Nicolas Kssis-Martov
6 minutes
Ce que l’on ne veut plus voir en 2019

L’année 2018 a été riche en sensations (notamment pour le peuple de France) et en révélations (Football Leaks). Toutefois, si le foot n’est clairement pas la cité d’Utopia rêvée par Thomas More, il est malgré tout toujours permis de vouloir l’améliorer. Et pour cela, commencer par proscrire les travers qui ont parfois gâcher la fête. Promis sans nude inopportun, ni révélation sur le PSG, desfois qu’on ne puisse plus entrer au camp des Loges.

1. Les interdictions de déplacement des supporters

Il est possible d’entendre tous les discours concernant la lutte contre la violence dans les stades ou de préventions d’affrontements. Mais serait-ce à ce point impensable qu’en 2019, la moindre rencontre de Ligue 1, Ligue 2 et parfois National puissent se dérouler sans donner des maux de tête et des prétextes sécuritaires à monsieur le Préfet ? Au rythme des évolutions actuelles, on va peut-être vous proposer d’assister au match en hologramme. Et en espérant que n’importe quel mouvement social, tel les #Giletsjaunes, ne serve d’abord à reporter les matchs pour soulager des CRS au bout du rouleau.


2. Des gens qui dessinent des rectangles dans l’air

L’arbitrage vidéo a gagné la partie. Il est en train de se généraliser dans toutes les compétitions et les dernières poches de résistance ne continuent la lutte que pour le principe. Pourtant le bilan n’est pas seulement globalement négatif, il tourne au fiasco, au regard même des arguments qui justifiaient son instauration. Soulager les arbitres ? Ils n’ont jamais été aussi contestés, contraints en outre et en plus de leur office habituel, d’expliquer leur recours ou non à la VAR, puis accusés d’avoir mal interprété les images. Mettre un terme aux contestations ? C’est la flambée des mains dessinant des rectangles et des arrêts de jeu interminables. Le foot est quelque chose de trop important pour le confier à un ralenti.


3. La grande comédie du Ballon d’Or

Modrich demeure un Ballon d’Or plus que crédible. Certains peuvent même fort légitiment arguer la dimension romantique voire salutaire de ce choix, après la décennie Messi/Ronaldo. Pourtant, l’année où l’équipe de France remporte une Coupe du Monde, que ses tauliers brillent dans leur club en soulevant des trophées européens, qu’Antoine Griezman ne soit que troisième, Lloris vingt-septième, sans parler des autres, enfonce quelques clous dans le cercueil du grand n’importe quoi de cette récompense. Bref, pour l’emporter, il ne faut être ni français, ni défenseur, ni gardien de but et surtout ne pas se tromper de maillot. Le pire, c’est que cette mascarade rend malheureux les perdants.


4. Le crash test capitaliste à Monaco

L’ASM n’est pas un RB quelconque en Allemagne de l’Est. Voila le drame. Même si on a souvent soupirer devant cet enfant d’un paradis fiscal, et son magnifique stade vide, Monaco fait bel et bien partie de l’histoire du foot français. Et parfois, ses équipes nous ont fait rêver, encore récemment jusqu’au dernier carré européen. Seulement, les temps ont changé. Rattrapé par ses démons, la Principauté a laissé les clés à quelqu’un qui voulait « vraiment » faire de l’argent dans le foot. Et au final prêt à sacrifier le classement pour les bilans comptables. Le club va donc peut-être jouer l’an prochain en Ligue 2, avec certainement en caisse le budget de tous les autres pensionnaires.


5. Le foot africain et son No we Can

L’Afrique devrait être le nouveau continent du football, après l’Europe et l’Amérique du sud. Au lieu de cela, elle continue de rater le coche. En retirant au Cameroun l’organisation de la CAN 2019, la Confédération a une fois de plus démontré l’immense problématique d’une promesse jamais tenue et de fait impossible à tenir : se doter des mêmes prétentions que le Vieux Continent sans les moyens économiques concomitants et une réalité géopolitique favorable. Et tout cela pour se retrouver avec aucune sélection nationale en huitième de finale de Coupe du Monde.


6. Rudi Garcia en conférence de presse

Un entraîneur peut râler ou user de la mauvaise foi comme un running gag à la Eddy Murphy. Mais pour rester supportable et supporté, il doit gagner. Les travers si souvent dénoncés la saison dernière du coach phocéen étaient vite oubliés devant le prestige de celui qui avait redoré le blason de l’OM et de nouveau emmené les Marseillais en finale de Coupe d’Europe. Néanmoins, tout comme le clientélisme d’un Gaudin ne résiste plus devant les immeubles qui s’effondrent, les bravades et plaintes de Rudi Garcia ne tiennent désormais plus face aux défaites qui s’enchaînent. En 2019, pour continuer à hurler sur l’arbitre et la gravité terrestre, il faudra aussi convaincre ses joueurs de se remettre à jouer au foot. Ou embaucher Joachim Son-Forget comme community manager.


7. Le zéro dopage

Combien de temps le petit monde du ballon rond va-t-il continuer à nous faire croire qu’au sein d’un sport moderne qui a transformé le corps en support essentiel de la plus-value capitaliste, les performances, récupérations et autres retour à la compétition en temps record tiendraient seulement d’un bon entourage médical ? Ce long spectre, qui hante aussi bien le biathlon que le rugby, va bien finir par montrer son vilain visage sur les pelouses de Premier League ou lors d’un Euro. Mais, comme dirait Donald Trump, nous croyons trop au Père Noël encore à notre âge ?


8. Les matchs sur terrain « neutre »

Le Superclassico était censé remettre l’Amérique du Sud sur la carte du foot des clubs. L’Argentine pouvait attendre éternellement que Messi soit divin pour l’Albiceleste, rien ne pouvait remplacer l’ambiance de la Bombonera, et ce choc qui pousse 50 000 fans à assister à un simple entraînement. Sauf que, de violents jets de projectiles plus tard, des Barras bravas en embuscade ou coupable idéal, et voila qu’il faut traverser l’Atlantique pour disputer la rencontre, qui y perd tout son sens et son sel. Une aventure qui a dû rappeler quelque mauvais souvenirs aux Havrais. Et quelques remords aux Ajacciens.


9. Les boites à idées de l’UEFA et de la FIFA

Engluées dans les scandales et les révélations à la sauce football leaks, les grandes instances du football ont décidé de faire carburer les méninges de leur « haut-fonctionnaires » si chèrement rétribués. Coupe du monde des clubs coté FIFA, Ligue des nations et troisième coupe d’Europe chez l’UEFA. Entre la course aux revenus de sponsoring et de droits télé, et la volonté de faire oublier le lourd passif de ces dernières années, le pire reste à craindre. Rappelons qu’une seule et unique réforme aurait un sens : qu’ils déménagent tous de Suisse.


10. Le Twerkgate

Martin Solveig a révélé tous les paradoxes du foot féminin. Au moment où celui-ci obtient enfin une petite reconnaissance avec l’attribution d’un Ballon d’Or pour la Lyonnaise Ada Hegerberg, il se trouve de nouveau obliger de justifier de sa « féminité » . Le Twerkgate n’est pas anodin car il cache finalement le problème de fond que rencontrent ces footballeuses qui aimeraient être regardées d’abord comme des sportives de haut niveau. Espérons donc que les commentateurs de la Coupe du Monde en 2019, en France, seront à la hauteur de l’enjeu.

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