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Ce que l’on a appris de Juan Mata en lisant son blog
Depuis 2014, chaque lundi, après avoir dîné, Juan Mata se met derrière son ordi, rédige un article et le publie sur le blog (One Hour Behind) de son site officiel. Bienvenue dans l’univers de l’Espagnol, là où les hommages à différents footballeurs côtoient ses analyses et ses souvenirs de vacances.
Lorsqu’il publie son premier papier le 7 avril 2014 sur le blog de Juanmata8.com, son site officiel, Juan Mata est un homme heureux : deux jours auparavant, Manchester est allé s’imposer 4-0 sur la pelouse de St James’ Park, et le milieu de terrain espagnol y est allé de son petit doublé. Fatalement, le propos transpire l’optimisme : en lisant son texte, ponctué de quelques smileys, on découvre ainsi un homme réalisant « une fois encore à quel point le football peut être beau » et prétendant qu’il est toujours bon de se rendre en Allemagne (en référence au match à venir contre le Bayern) en ayant fait « le plein de confiance » . Jusqu’ici, Mata remplit parfaitement son rôle : analyses de match, présentation des rencontres à venir, sentiments personnels, son blog semble être l’outil promotionnel de base, propre et balisé. On en viendrait même à se demander si c’est bien l’Espagnol qui gère ce type de publications.
Monsieur tout-le-monde
Et pourtant, quelques lignes plus bas, on découvre quelques mots sur la Liga, sur la lutte pour le titre entre le Real et Barcelone, sur sa découverte de Lymm, un petit village du comté de Cheshire « rempli de bâtiments historiques entourés de canaux » , et on comprend dès lors l’intérêt réel de ce blog : outre son quotidien de footballeur, One Hour Behind est surtout l’occasion pour Mata de partager des sentiments et des souvenirs personnels, d’établir une relation particulière avec ses supporters. Entre deux considérations footballistiques, il n’est d’ailleurs pas rare qu’il nous invite à « profiter au maximum de nos vacances » tout en nous conseillant « d’être prudent sur la route » et en nous rappelant que, lui, lors des vacances scolaires, ne pouvait « aller nulle part puisque je devais participer à des tournois de football » . Pauvre chou.
Au fil des mois et des lectures, on en apprend donc un peu plus sur Juan Mata. Par exemple, on sait qu’il a été assez touché par les décès presque simultanés en 2014 de l’écrivain Gabriel García Márquez et du boxeur Rubin « Hurricane » Carter, dont il admirait respectivement l’ouvrage Cent ans de solitude et l’engagement. Mais ça ne s’arrête pas là. Avant d’être footballeur, Mata est avant tout un homme, à la sensibilité développée et aux plaisirs simples. À croire ses différents articles, il semble particulièrement fier d’avoir participé à l’Ice Bucket Challenge durant l’été 2014 afin de lutter contre la SLA, qu’il soutient régulièrement via son blog ; il passe un certain nombre d’heures le week-end affalé dans son canapé à regarder le foot et d’autres sports à la télé – avant chaque conclusion, il en profite régulièrement pour saluer différents sportifs (des tennismen aux handballeurs, en passant par des cyclistes, des basketteurs et des pilotes de Formule 1, l’un de ses sports préférés) ; il a développé un intérêt certain pour le rock des années 60 (The Kinks, The Beatles et The Who), la musique classique (Ludovico Einaudi) et les grands classiques du 7e art tels que L’Arnaque et Butch Cassidy et le Kid ; il profite de ses week-ends pour aller se reposer au Bridgewater Canal à Little Bonnington, pour se relaxer dans le Nord de Manchester ou pour se rendre à Asturias, sa région d’origine, et faire un « petit coucou » à sa famille. « Parfois, je ne leur dis pas que je viens, et je leur fais une surprise… J’adore voir leur réaction et la joie sur leurs visages. Ce sont les meilleurs. J’en profite également pour voir mes meilleurs amis, même si seulement deux d’entre eux continuent de vivre ici. Mais on essaye de se voir dès que l’on peut : à Asturias, à Madrid ou à Manchester. »
Des amis, des hommages et « six finales à jouer »
Forcément, on en découvre également un peu plus sur le joueur et ses relations avec ses coéquipiers : s’il avoue rester souvent un peu plus tard à l’entraînement pour s’améliorer au coup franc avec son pote David de Gea, il confesse également son amitié avec des joueurs tels que Fernando Torres, Alberto Bueno ou Oriol Romeu, « l’une des meilleures personnes que j’ai rencontrées dans le football » . Le tout, sans jamais sortir des clous : Mata est célèbre pour l’élégance de ses passes et de sa vision de jeu, et compte bien véhiculer la même image dans ses écrits. Il garde ainsi un œil bienveillant sur les performances de Valence, fait la promotion du club en souhaitant la bienvenue à ses nouveaux coéquipiers (Di María, Blind et Rojo y ont eu droit), en défendant certains (sans toutefois parvenir à convaincre au sujet de Falcao) ou en saluant le départ d’anciens compères (Fletcher et Anderson, notamment, à qui il souhaite de très bonnes choses, bien sûr).
Le 26 janvier dernier, il n’a pas non plus oublié de célébrer comme il se doit son premier anniversaire à Manchester. Et ça, à Old Trafford, on aime ça : « En 365 jours, j’ai vécu beaucoup de moments précieux, avec beaucoup de bons souvenirs et quelques déceptions aussi, mais je me suis toujours senti privilégié d’être là où je suis. Le staff de United, les supporters et mes coéquipiers ont été fantastiques avec moi depuis mon premier jour, et c’est grâce à eux que Manchester United est un club aussi important dans le monde. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, je tiens à tous vous remercier et à garder cette mentalité qui était la mienne lorsque je suis arrivé ici : pour être compétitif, pour être meilleur et pour faire de mon mieux vis-à-vis de l’équipe et du club. »
Dix mois plus tard, dans son dernier article daté du 30 novembre, Juan Mata, alors que « l’atmosphère de Noël commence à envahir les rues de Manchester » , a bien conscience que le club a encore beaucoup de progrès à faire. Surtout, il sait que lui et ses coéquipiers et lui ont « six finales à jouer en décembre » , à commencer par le match contre West Ham, qui avait lieu samedi dernier : « Le chemin est encore long, mais si nous voulons remporter la Premier League, nous devons remporter ce genre de matchs. » On a connu plus original, mais c’est à l’image du bonhomme : sérieux, classe et en interaction constante avec ses fans sur les réseaux sociaux. Et au final, United a fait 0-0.
Par Maxime Delcourt