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Ce que le titre du PSG dit de la Ligue 1
Le PSG est officiellement champion avec un total de points honorable et un record de 11 sacres à la clé. Cette saison de Ligue 1 accouche surtout d’un vainqueur anodin, caractérisé par les déceptions (sur le terrain) qu’il a suscitées. Le foot français méritait peut-être un autre leader.
« Oui, oui, je le mérite. Parce que je me suis donné à fond dans cette saison, avec beaucoup d’énergie, j’ai su maintenir le cap dans les moments très, très difficiles. Vous ne m’avez pas épargné, nous sommes champions de France, nous avons gagné le Trophée des champions. Une saison catastrophique au PSG, c’est quand on n’est pas champions. » Les propos de Christophe Galtier après le nul poussif contre Strasbourg, ce samedi, ont choqué par leur vanité ou leur déconnexion du réel. Ils sont surtout révélateurs de ce qu’est aujourd’hui le PSG, dans la bouche même du coach. Rien sur le jeu. Un titre décroché dans la douleur, la difficulté et quasiment sans plaisir. Un succès vécu comme un parcours du combattant. Contre les médias. Contre ses propres supporters. Contre la FIFA et sa Coupe du monde. Même si sans ce Mondial qatari en novembre, qui a affecté positivement le début de saison d’une équipe portée par des Messi et Neymar transcendés, le club de la capitale n’aurait certainement pas pu engranger autant de points. Une manne qui a permis ensuite de se laisser couler, parfois jusqu’au ridicule, sans perdre la tête du championnat pour autant.
Un certain portrait de la Ligue 1
De la communion et du bonheur, il y en a eu samedi soir à la Meinau, autour d’un Strasbourg qui a enfin sauvé sa peau dans l’élite en arrachant un point au leader (grâce à Kevin Gameiro, une ancienne gloire revenue au club). Tout un symbole. Un titre sans saveur face à la joie du maintien. Paris avec ses stars, son budget colossal et ses ambitions européennes aurait dû incarner la locomotive d’un foot français qui, en 2023, nous a réservé quelques belles surprises. À commencer évidemment par la renaissance du RC Lens, sous la houlette d’un véritable projet de jeu porté par une équipe solidaire et un entraîneur en mission. Il ne lui a manqué peut-être que deux petites victoires supplémentaires pour venir rafler la mise sous le nez du PSG. La qualification en C1 en devient presque un sacre, le véritable sacre de cette saison, célébré comme il se doit à Bollaert. On n’oubliera pas, malgré leur inconstance, le vent de fraîcheur de Reims et surtout Lorient, sans parler du LOSC ou de Rennes au coude-à-coude pour l’Europe. Enfin, évidemment, un OM qui avait entre ses mains les cartes pour venir rêver de nouveau. Il y a eu trop de mauvaises pioches à domicile, notamment contre Paris, pour s’en montrer digne. Ce portrait de la Ligue 1, en creux de son champion, explique aussi quelque part la grande faillite sur la scène européenne. Et l’angoisse phocéenne à la perspective des barrages pour la Ligue des champions au cœur de l’été.
Sombre constat qui dessine ce clair-obscur autour d’un titre en demi-teinte, qui assombrit l’ensemble de la L1. Attendu, prévu, calculé et sans enthousiasme (y compris dans les tribunes). Personne ne voulait finalement d’un PSG champion. Même plus par hostilité atavique envers le géant parisien, mais parce qu’il aurait été logique et plus beau qu’une autre équipe décroche la timbale. La perception de plus en plus négative de la saison de Lionel Messi, très respectable sur le plan statistique (16 buts et 16 passes décisives), résume bien ce paradoxe. Il n’était pas insultant d’espérer davantage d’un joueur de ce calibre. On espérait de la même manière plus et mieux d’un PSG aussi richement doté. On souhaitait un champion offrant un visage plus flatteur d’une Ligue 1 qui nous a souvent étonnés. La cinquième place au classement UEFA maintenue in extremis constitue une bien maigre consolation.
Par Nicolas Kssis-Martov