ACTU MERCATO
Ce que le mercato nous a appris
Ce marché des transferts aura été bien agité. On a même failli voir un Alain Traoré arriver sur le Rocher pendant que Falcao signait à Manchester. Voici 10 autres enseignements tirés de cette foire estivale aux footeux.
1- Que Falcao a visiblement peur de la C1
Trois transferts, trois échappatoires. 5 ans que Radamel squatte les terrains d’Europe, avec, à chaque fois, une sacrée propension à éviter la coupe aux grandes oreilles. Depuis 2009-2010, lors de son arrivée à Porto, El Tigre n’a plus entendu l’hymne lyrique de la Champions, préférant à chaque fois rejoindre des clubs qui ne la disputaient pas. De Porto à l’Atlético en 2011, des Colchoneros à Monaco en 2013 et donc, du Rocher à United cet été, Falcao n’a jamais fait de la compétition un critère dans ses choix de destination. Peur de l’Europe ? Pas sûr. Il suffit de rappeler son record de 17 buts en Ligue Europa en 2010-2011 pour s’affranchir d’une telle conclusion. L’explication, elle, se trouve plus certainement dans son attirance pour le chéquier. Falcao, un homme de chiffres plus que de titres.
2- Que chacun a droit au retour
Ils ont fait les beaux jours de la Ligue 1 avant de s’expatrier. Ils ont parfois galéré, ils se sont parfois plantés, ou sont tout simplement trop vieux pour espérer mieux. Ils s’appellent Gaël Givet ou David N’Gog et ils ont décidé de rentrer dans le bercail de la Ligue 1 à Évian ou Reims. Ils ont des joues gonflées, des rêves brisés et des salaires pétés, mais ils sont là, prêts à en découdre dans un championnat qui les a enfantés. Bienvenue les gars !
3- Que Manchester United a le parfait profil de la victime pillée
Di María, Falcao, Blind, Rojo. Indiscutablement, Manchester United a été le grand animateur de ce mercato estival. Des dépenses, des stars, et des rebondissements, qui auront pour but de ramener des Red Devils à la peine en ce début de saison vers les sommets. Pourtant, les risques existent. En effet, United ne disputant pas de compétitions européennes cette saison, l’intégralité de son effectif est à même de rejoindre une grande écurie dès l’hiver et de participer aux 8es de finale. Et si les nouveaux venus semblent avoir accepté la situation, quelques cadres mancuniens pourraient bien se faire la malle en cas d’insatisfaction. Van Persie, Rooney… Que de belles cibles !
4- Que la Russie du foot essaie d’avoir de l’humour
Sauf qu’il est clairement différent du nôtre. Cet été, le Zénith a tenté de faire marrer en présentant sa nouvelle recrue, un certain Simpson. Sauf qu’au lieu d’un jeune Américain au talent tout frais, c’est Bart, le fils de la famille jaune, qu’André Villas-Boas a présenté en conférence de presse. Sourires complices, air rigolard, la séance a clairement dû avoir son effet en Russie. Et en plein conflit avec l’Ukraine, nul doute que les administrés de Poutine goûtent chaque moment de détente qui leur est offert.
5- Que Carlo Ancelotti s’apprête à enchaîner les casse-tête tactiques au Real
Cet été encore, le Real s’est fendu de quelques transferts bien sentis. Le champion du monde Toni Kroos, le MVP James Rodríguez et le super sub Chicharito. Et même si la Maison Blanche a laissé s’échapper Di María, nul doute que Carlo Ancelotti va devoir penser et réfléchir avec soin ses compos. Car si, devant, le trio Benzema-Bale-Cristiano Ronaldo (quelle horreur, ce BBC) semble inamovible, derrière ça se bouscule. Aux arrivées de Kroos et Rodríguez s’ajoutent Modrić, Isco, Kedhira ou Illarramendi, déjà présents dans l’effectif. 6 noms pour 3 places, qui dépendront amplement des choix du coach italien. Avec la blessure de Khedira pour 2 mois, le casse-tête est déjà en marche. Jouer à un ou deux 6 ? Sacrifier James sur l’autel de l’équilibre ? Autant de questions auxquelles Don Carlo devra apporter ses réponses.
6- Que Monaco est vraiment dans la merde
James Rodríguez envolé vers Madrid, Falcao lâché à United dans les derniers hectomètres du mercato, Moutinho proposé à toute l’Europe par Jorge Mendes… Cet été, l’ASM s’est fait dépouiller de ses meilleurs éléments sans rechigner ou presque. Envolés donc les espoirs d’une concurrence équitable avec le PSG, d’un parcours honorable en Ligue des champions. Mais pourquoi Monaco, qui se voulait devenir grand, a-t-il donc sacrifié ses ambitions ? L’amorce de réponse se trouverait dans le divorce de Dimitri Rybolovlev, l’argentier du Rocher, ruiné par son ex-femme. Ainsi, en perdant une partie de sa fortune sur l’autel du partage des biens et de la prestation compensatoire, le Russe aurait tout simplement décidé de ne pas investir plus de billes pour éviter de se retrouver sur le carreau. Les supporters monégasques ont, eux, les boules.
7- Qu’Hatem est encore un footballeur désiré
Des jambes de feu, un caractère de porc. Toute sa carrière, Hatem Ben Arfa aura traîné cette dualité, de Lyon à Marseille jusqu’à Newcastle. Brouillé avec Pardew, on croyait Hatem perdu dans les méandres des bancs anglais, au moins pour cette saison. Mais dans les derniers instants du mercato, Hull City, par ailleurs très actif sur d’autres dossiers, s’est décidé à redonner une chance à Ben Arfa. Un prêt d’une saison avec option d’achat, qui devrait donner au joueur l’occasion de réaliser quelques gestes de grande classe, d’inscrire un but fou au terme d’un rush incroyable, puis de s’éteindre progressivement. L’histoire d’une vie.
8- Que le PSG n’a besoin que de deux attaquants
Cet été, Paris a bétonné. Avec David Luiz et Serge Aurier, le PSG a signé deux renforts défensifs supplémentaires et doublé ses postes de derrière. Mais quid de l’attaque ? Après l’échec de la piste Di María, Laurent Blanc se retrouve cette année avec un effectif similaire en ce qui concerne les buteurs. Et cela paraît juste. Derrière les ogres Ibra et Cavani, le PSG ne pourra compter que sur J-C Bahebeck pour suppléer le duo. Inutile de dire qu’en cas de blessures ou de suspension, Paris apparaît un peu short dans le secteur, et que les compétitions à disputer ne laisseront pas beaucoup de repos à l’équipe. Et dire que Paris a laissé filer Ongenda à Bastia…
9- Que perdre 6 mois ne dérange en rien la Roma
Adrien Rabiot n’a plus qu’un objectif : quitter Paris pour retrouver du temps de jeu. Barré au milieu par le trio/quator Cabaye-Verratti-Motta-Matuidi, le milieu passé par Toulouse l’an passé était cet été en contacts avancés avec la Roma de Rudi Garcia. Maman avait donné son accord, le joueur avait l’air chaud, mais le PSG a semble-t-il été un peu trop gourmand concernant ses prétentions financières. En réclamant 12 millions, le club de la capitale aurait dû se rappeler que d’ici 1 an, le joueur sera libre, et donc capable de s’engager sans frais avec le club de son choix. Aux dernières nouvelles pourtant, l’affaire pourrait se conclure autour de ce montant cet hiver. Comme quoi, la Roma tient décidément beaucoup à la venue d’Adrien.
10- Que Bruno Ecuele Manga vaut 6 millions d’euros
Et ça, ça prouve quand même que le marché n’a plus de sens. Taulier d’une défense de Lorient qui n’a jamais brillé pour son imperméabilité, BEM est parti cet été pour cette modique somme à Cardiff City (Championship). Dès lors, tout est possible : Bako Koné à Villarreal pour 10 millions, Arnaud le Lan à Southampton pour 6, Marc Planus à l’Inter pour 15 ou Eliaquim Manga à City pour 50. Du délire.
Par Raphael Gaftarnik