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Ce que le foot nous apprend sur les primaires à droite

Par Nicolas Kssis-Martov, comme NKM
6 minutes
Ce que le foot nous apprend sur les primaires à droite

Les primaires à droite commencent à s'annoncer dans le ciel très sombre d'une vie politique française angoissante et angoissée. Comme le veut l'exercice, chacun va chercher à se distinguer dans le marché des divers courants, écoles ou filiations de cette grande famille où l'on aime tant se détester (et dont l'historien René Rémond avait dressé en son temps un tableau devenu classique entre légitimistes, bonapartistes et orléanistes). Seulement, à l'heure de la confusion des lignes de fractures partisanes et de la course aux suffrages ou idées d'extrême droite, il va s'avérer grandement difficile d'y retrouver ses petits. Y compris pour les quelques supporters de gauche qui voudraient venir allumer leurs bulletins de vote dans le kop adverse façon fumis. Heureusement, ce que les programmes ne disent pas, le rapport au foot le dévoile souvent...

Alain Juppé, l’homme qui aimait encore l’Europe

Natif de Mont-de-Marsan, amoureux de rugby, Alain Juppé a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur, et apprendre à parler rond plutôt qu’ovale. Dans la ville des Girondins, guère le choix. Et lorsque vous rêvez d’un destin national, le foot devient un impératif. Pour l’instant, il y a surtout campé son rôle habituel de gestionnaire, de notable provincial aussi. Que ce soit en tant que représentant des maires accueillant l’Euro 2016, tentant de gratter un peu de sous à la très radine UEFA, ou en négociant – étrangement, il faut l’avouer – la construction du nouveau stade des Girondins. Surtout, cet événement fut finalement pour lui l’occasion de vanter les vertus de la construction européenne à un moment où les Anglais votaient le Brexit et nos compatriotes ne portaient plus vraiment cette belle utopie dans leur cœur. Pour les en convaincre, quoi de mieux que l’image rassurante de ces supporters irlandais qui vinrent obligeamment animer nos si tristes enceintes démesurées, et faire le bonheur des bars des bords de la Garonne.


Nicolas Sarkozy, un ultra à Paris

Nicolas Sarkozy aime le foot. Depuis toujours. Le PSG surtout. Les loges présidentielles du Parc sont un peu devenues, exil du pouvoir oblige, son nouveau Fouquet’s. Un endroit où il tisse son réseau, où il parle beaucoup. Certes, moins de gaulois et d’islam, et bien davantage d’économie et de cadeaux fiscaux. Seulement, les temps ont changé. Son retour ne fut pas aussi facile qu’escompté, personne ne l’a attendu. Ni ses concurrents qui rongeaient leur frein sous son règne, ni les juges qui le poursuivent de leur méchanceté (comme les arbitres après l’#OL, selon Aulas) n’ont franchement envie de le voir refaire un tour de piste. Tout un paradoxe, il ne vibre que pour Paris, alors que sa vie politique renvoie le portrait craché de l’OM (à chacun son Bygmalion). Pour éloigner les oiseaux de mauvais augure, il a donc encadré au-dessus de son bureau une citation du grand Pelé : « Plus difficile est la victoire, plus grande est la joie de gagner. » C’est vous dire si sa revanche se révélera terrible pour ses ennemis s’il vient à l’emporter. Sauf qu’à l’instar de Sam Allardyce, il aurait dû se méfier des gens qui enregistrent les conversations.


François Fillon, le milieu de tableau

Quand on veut passer pour un centriste, il faut savoir trouver le bon ton. Seul problème, dans le foot comme en politique, la passion reste malgré tout le marqueur de toute véritable sincérité ou du moins d’engagement. Trop sage, trop mesuré, trop dans l’analyse, il craint par avance les conséquences de ses mots, au risque de ne rien dire d’audible dans le brouhaha médiatique. Son désir de rassembler le centre et la droite se heurtera vite à l’envie pathologique qui anime toute primaire : humilier l’autre. Ainsi, quand Benzema vient pleurer au racisme après son éviction des Bleus, il livre une réaction qui sent bon le compromis et la fuite par une porte dérobée. « Je trouve ça insupportable. D’abord parce que le sélectionneur est souverain dans ses choix. Ensuite parce que le fait de ramener en permanence les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d’ethnies et de communautés n’est pas un signe de bonne santé. » On ne passe pas les tours préliminaires en jouant le nul…


Jean-François Copé, « J’y crois ! »

Dans toutes les élections, certains savent, avant de se lancer, qu’ils ne gagneront pas. Ils y vont par conviction, pour emmerder le monde ou durer dans le game. Seul problème, la candidature en forme de témoignage n’a pas de sens dans une primaire. On retourne vite dans les limbes, et ce sont les autres qui vont ensuite occuper tout l’espace, au moins jusqu’à la présidentielle. On sera peut-être même contraints de les soutenir, un peu comme on le ferait avec le dernier club français en lice dans une compétition européenne, même si cela donne mal au bide. Jean-François Copé a beau se le répéter, « rien n’est joué » , il se doute que personne ne l’attend. Alors il a été puisé dans le foot d’outre-Manche de quoi forger son destin de winner.

Pas faux, mais n’a-t-il pas remporté son trophée en devenant président de l’UMP ? Et cette année, ils font quoi Leicester ?


Bruno Le Maire, la soccer mom

Il se présente comme le Kennedy français. Le candidat de la modernité, même si son discours économique (anti-impôts, anti-fonctionnaires, etc) s’est largement banalisé dans ce petit monde de l’entre-soi en costard et de la PME salvatrice. Il faut trouver le contrepied, le moyen d’incarner un vent nouveau, un nouveau style de jeu, quitte à subir le syndrome Emery à force de laisser tout le monde dans le vague de ses constructions intellectuelles. Premier pas, il s’est « courageusement » abstenu lors de la loi Taubira sur le mariage pour tous, ce qui traumatisa nombre des soutiens potentiels de ce catholique père de famille nombreuse. Et lui qui n’a pas franchement le ballon rond dans le sang, plutôt la raquette de tennis, a décidé de surfer sur la hype du foot féminin… Malin, aucun risque qu’on vous ennuie avec le nom des joueuses lors d’une interview.


Nathalie Kosciusko-Morizet, la… En fait non, rien.

La seule femme à avoir réussi le tour de force de se glisser dans ce concours de testostérone dopée à la libido du pouvoir rencontre juste un petit problème : le populaire n’est pas franchement son truc. Et le foot pas davantage, avec un sens presque émouvant de la gaffe sur les réseaux sociaux : « Nous nous retrouverons ensemble samedi pour fêter la victoire au Stade de France » , glissa-t-elle ainsi aux supporters parisiens qui s’apprêtaient à célébrer leur titre dans leur fief du Parc des Princes. Depuis, la plus « à gauche » de cette course à droite bosse ses dossiers et tente de rattraper son retard. Or, si la droite bourgeoise a son Le Maire et la droite libérale son Alain Juppé, la marge de manœuvre de NKM sera forcément en pointe. Toutefois, ses talents évidents de pronostiqueuse lui laisse peut-être entrevoir une belle reconversion sur les plateaux télé. Un destin à la Roselyne Bachelot ? « On a une équipe qui a été de meilleur en meilleur depuis le début de l’Euro. C’est comme s’ils n’avaient pas été complètement rodé au début, et puis il s’est construit quelque chose » , lâchait-elle avant un certain France-Portugal en finale de l’Euro. La primaire pour Eder !

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La reconversion surprenante d’Ulrich Ramé
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