- Euro 2016
- Bilan du premier tour
Ce que la L1 doit retenir du premier tour de l’Euro
Marre des passes dans les pieds, des frappes cadrées et des gens heureux ? Hâte que la L1 reprenne ? Plus qu'un gros mois à patienter. On sait, c'est long. Mais en attendant, il y a bien deux ou trois trucs dans cet Euro dont elle pourrait s'inspirer, non ?
Que mettre de la peinture verte sur une pelouse ne cache pas la misère technique.
Oui, ce Suisse-France à Lille ressemblait fort à un match de notre bonne vieille Ligue 1. Contrôles fantômes, passes catapultes, frappes taupées et dribbles à rebours. Un récital. Le tout sur une pelouse qui avait pourtant l’air praticable. L’air seulement. Car face à l’état désastreux du gazon lillois, l’UEFA avait ordonné un ravalement de façade intégral. Peinture verte partout, et pas uniquement sur les zones endommagées. Pour que le match soit plus « télégénique » . Une consigne qui aurait pu s’appliquer aux joueurs, mais passons. L’état des prés de l’Hexagone était déjà au cœur des débats après que Deschamps avait fustigé l’aire de jeu du Vélodrome pour France-Albanie. Alors, à qui la faute ? Au « j’men foutisme » des jardiniers municipaux, marmonneront certains. À l’UEFA qui a repris la main sur les enceintes et fait changer certaines pelouses juste avant l’Euro, brandiront les autres. Un peu des deux ? Ni l’un ni l’autre ? La vérité, c’est qu’en Ligue 1, on n’a pas attendu l’Euro pour constater que l’herbe était plus verte ailleurs. Et que Dulux Valentine couvre toutes les surfaces en une seule couche.
Qu’il y a quand même quelques failles dans le parcage du Vélodrome.
Les Russes contre les Anglais. Les Parisiens contre les Marseillais. Les Marseillais entre eux. Mais pourquoi tant de haine au Vélodrome ? Avant d’avoir, un jour peut-être, une ébauche de réponse dans un discours de Jean-Claude Gaudin, force est de constater que la sécurité du parcage de l’enceinte laisse à désirer. Parce que ce deuxième jour de l’Euro, sans déclencher d’alerte spoiler, c’était quand même au moins aussi brutal que le dernier épisode de Game of Thrones. Et même à Marseille, cette ville où on pend les nains en tribunes, l’ampleur de l’affrontement a choqué. Au-delà de la violence, les images illustrent aussi la piètre gestion des supporters par les pouvoirs publics qui, certes, ont fort à faire en ce moment. Sauf que ce salon du hooliganisme organisé sur la Canebière était prévu de longue date, annoncé par divers groupes de hools russes, et que, de fait, le dispositif mis en place paraissait largement insuffisant. Insuffisant, et surtout conforme à cette Ligue 1 qui a déjà dû mal à gérer ses propres ultras…
Qu’avec un peu de bonne volonté et quelques Gallois, on peut faire rugir le Stadium de Toulouse.
Qu’il faudrait naturaliser les Irlandais pour améliorer l’image de nos ultras.
Il est peut-être là, ce remède miracle aux maux de nos tribunes. Des supporters sympathiques, bourrés mais bien élevés, qui se filment et diffusent leur bonne humeur sur les réseaux sociaux. Un profil déjà largement répandu dans nos stades, mais qui devient nettement plus respectable lorsqu’il vide une pinte de Guinness avec un maillot vert et un accent tellement prononcé que même les insultes en deviennent inaudibles. Surtout sur BFM TV.
Qu’elle aurait dû chanter : « On a Payet, je ne pense pas que vous compreniez… » .
Lors de cette phase de poules de l’Euro, la France s’est découvert un nouveau héros. En Angleterre, il leur a fallu un mois pour se rendre compte qu’il était meilleur que Zidane. En Ligue 1, il est resté dix ans sans qu’on y pense une seule seconde. French flair.
Que Clément Turpin fait un quatrième arbitre de grande qualité
Que pour compenser le départ de Raphaël Guerreiro à Dortmund, va falloir s’offrir Cristiano Ronaldo, minimum.
Le Portugal est loin d’avoir convaincu lors de ses trois premiers matchs. Le désormais ex-latéral gauche de Lorient fait alors partie des rares satisfactions, et son match contre l’Autriche nous a bien montré qu’il pouvait devenir très fort. Mais la L1 aura toujours besoin de son Portugais de haut niveau, alors le PSG a intérêt à ramener Cric-crac. Parce que c’est pas Anthony Lopes, un mec pas capable de déloger Rui Patrício, qui va nous satisfaire.
Qu’en ayant joué à Nantes cette saison, Zlatan aurait mis autant de buts que Sigthorsson.
C’est bien beau d’éclater des records de buts sur des caviars de Verratti, Pastore et consorts, mais dès qu’on joue avec Larsson et ce bon vieux Kimmy, y a plus personne. Alors avec Bedoya et Lenjani… À sa décharge, peut-être que cette campagne de qualif’ où il a porté l’équipe sur ses épaules était celle de trop. Qu’il a (encore ?) montré ses limites tout en préparant sa sortie. Et même si la ressemblance est troublante, oser une comparaison avec sa saison au PSG serait faire affront à l’homme qui a « placé la France sur la carte du foot mondial » .
Que l’Islande nous a rappelé combien Auxerre nous manque.
La petite île d’irréductibles qui résiste encore et toujours aux grosses armadas, en profite pour leur coller deux ou trois roustes et réalise d’ores et déjà une épopée historique. 8% de la population locale dans le stade, le coach en survet’, un maillot bleu et blanc… Toutes proportions gardées, en cette année qui marque les vingt ans de son doublé coupe/championnat, on pense à l’AJA qui stagne dans le ventre mou de la Domino’s Ligue 2, et on est triste. On a mal au ventre. Comme après une mauvaise pizza.
Que même l’Albanie a compris qu’il fallait dire : « Au revoir Lorik, et merci pour tout » .
« Le carton jaune est justifié, je glisse, je tente de mettre la tête, puis comme je ne peux pas, je mets la main car s’il part au but, je pense que c’est fini. » En effet, c’est fini Lorik, il nous aura fallu trente minutes pour le comprendre. À Nantes, on a comme l’impression qu’ils l’ont compris depuis un peu plus longtemps.
Qu’en fait, le Gazélec a joué tous ses matchs à domicile dans une fan zone.
Stade Ange Casanova. Localité : Ajaccio. Capacité : 5000 places. Ambiance : chaude et « décontractée » . Signes particuliers : l’alcool est moins cher dans les bars alentours, mais un terrain de foot est placé au centre pour permettre aux supporters de se dégourdir les jambes. Tous les niveaux y sont admis.
Que le club d’une ville qui ferme ses écoles pour mettre les bus scolaires à disposition des supporters n’a rien à faire en L2.
Forcément, on parle de Lens, qui a fermé tous les établissements scolaires de la ville le 16 juin pour le Angleterre-Pays de Galles. D’ailleurs, Felix-Bollaert n’a rien à faire en Ligue 2 non plus, mais ça on le savait déjà.
Que la LFP ne doit jamais vendre ses droits à M6.
Les effets spéciaux bizarres, Denis Balbir et Jean-Marc Ferreri, c’est un gros non franc et massif. Déjà que la Ligue 1 a perdu gros en matière de commentateur avec le départ de Grégoire Margotton pour TF1. Alors, on ne va pas rajouter des bâtons dans les roues.
Mais qu’on pourrait peut-être inverser Denis Brogniart et Alexandre Ruiz.
Si « Denis la malice » a déjà prouvé qu’il était aussi calé en poteau qu’en ballon, Alex Ruiz, lui, n’a encore jamais éteint de flambeau, mais pourrait faire des étincelles lors des conseils de Koh-Lanta. Avec ses bracelets, sa barbe de quarante jours et son sens du suspense. « Jean-Pierre, les aventuriers de la tribu réunifiée ont décidé de vous éliminer, et leur sentence est irrévocable… »
Qu’il n’y a que Sagnol pour croire encore en la filière nordique.
La Suède éliminée dès le premier tour sans marquer un seul but (à part un CSC irlandais), le Danemark, la Norvège et la Finlande incapables de se qualifier pour un Euro à 24 où même l’Albanie est présente, bref, la filière nordique est complètement pétée. Il serait peut-être temps de se tourner faire la filière hongroise, et ramener Priskin et Lovrencsis à Angers.
Que c’est quand même beau, un stade sans Nicolas Sarkozy.
Si l’histoire retiendra que Dimitri Payet a délivré la nation en marquant à la 89e minute du match d’ouverture, les mauvais esprits préciseront qu’il a juste attendu que Nicolas Sarkozy quitte le Stade de France pour éviter les bouchons. Déjà que Super Victor ressemble étrangement au Petit Nicolas…
Qu’à force de bidouiller le réglement au dernier moment, on n’y comprend plus rien.
La preuve avec cette histoire de meilleurs troisièmes. Jusqu’au dernier moment, personne n’avait vraiment compris qui affronterait qui en huitièmes. Observer des petites équipes se départager dans des matchs supplémentaires a son charme pendant l’Euro, mais est-ce vraiment nécessaire que la L1 se lance dans une histoire de playoffs pour définir les montées et descentes ? Pas si sûr. Et puis ça nous aurait privés de cette immense causerie de Pascal Dupraz.
Que c’est quand même pas mal, un Parc des Princes avec de l’ambiance.
C’est sûr que c’est compliqué d’appliquer un plan Leproux à une horde de supporters gallois ou slovaques.
Que Will Grigg est en feu.
De toute façon, il a maintenant l’habitude de cirer le banc, alors Monaco pourrait bien le recruter, histoire d’amener de la folie furieuse dans ces tribunes.
Et qu’elle n’a définitivement pas le niveau international.
Alors certes, il y a les grands talents. Ermir Lenjani en Albanie, Kolbeinn Sigthorsson en Islande, Zlatan en Suède, etc… Sauf qu’aucun joueur de L1 n’a inscrit le moindre but dans cet Euro. Pire, le nombre de joueurs de Ligue 1 qui ont disputé au moins une minute en équipe de France : un, Blaise Matuidi. Et toujours pas d’Hatem Ben Arfa.
Par Paul Bemer et Kevin Charnay