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Ce que Blanc doit aux Anglais

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Ce que Blanc doit aux Anglais

Le sélectionneur des Bleus a bâti l'essentiel de son palmarès de joueur en fin de carrière. Auparavant, il a dû beaucoup apprendre, notamment face aux Anglais.

Sir Alex Ferguson est un sentimental et il dira toujours du bien de Laurent Blanc, le joueur qu’il fut et l’homme qu’il dirigea au crépuscule de sa carrière. Mais demandez au quidam de Manchester, aucun ou presque n’aura le moindre souvenir du Président en Angleterre (2001-2003), malgré un titre glané lors de sa dernière saison, sans que personne ne puisse jurer que le Français y joua le moindre rôle. Pourtant, Blanc doit beaucoup à l’Angleterre. Car trois rencontres l’ont aidé à façonner le joueur triomphant qu’il fut à la fin des années 90. Oui, trois rendez-vous avec des représentants d’Albion comme autant de révélateurs qui indiqueront au futur champion du monde et d’Europe la marche à suivre vers cet incroyable finish.

1991 : Montpellier-Manchester United (0-2)

En Coupe des vainqueurs de coupes, les Héraultais font un joli parcours en sortant le Steaua Bucarest (finaliste de la C1 deux ans plus tôt, vainqueur en 86) et surtout le PSV Eindhoven d’un certain Romario. En quart, Montpellier croise la route d’un revenant et ça, ce n’est jamais très bon signe. Suspendus depuis cinq ans, les clubs anglais font leur grand retour (à l’exception de Liverpool qui purgera une année de plus). Et forcément, après cinq années de taule, ils ont la dalle et une trique d’enfer. Pourtant, à l’aller à Old Trafford, Blanc et ses potes ne prennent pas le ras de marée attendu malgré le but d’entrée de McClair sur un débordement supersonique de Sharpe, et reviennent même avec un nul (1-1) prometteur. Hélas au retour, MU donne une leçon de réalisme et de gestion de la mi-temps : un but juste avant d’aller au vestiaire, un en revenant. Blanc vient de piger : au plus haut niveau, bien jouer, bien faire courir la gonfle, ça ne suffit pas. La vérité se trouve in da box ! La leçon est collective et vaut pour toute l’équipe. Alors les Anglais vont se charger du bilan perso du libero tricolore…

1992 : Angleterre-France (2-0)

Trois ans et dix-neuf matches sans défaite : la bande à Platini commence à ressembler à quelque chose après deux phases finales manquées. C’est donc pleins de certitudes que les Bleus débarquent à Wembley où ils n’ont jamais ramassé autre chose que des fessées. Mais cette semaine anglo-française s’achève sur ce que les tabloïds appellent le « Fabulous Five » : les rugbymen A et B de la Rose rincent les deux quinze tricolores, tout comme leurs cousins treizistes, avant que les footeux ne s’en mêlent avec là encore deux leçons d’anglais par les B puis les A. Au cœur de ce bouillon, Blanc vérifie par lui-même qu’un bon forgeron vaut souvent bien mieux qu’un peintre, face à son vis-à-vis des Three Lions, le défenseur central Mark Wright. Soit un grand escogriffe blond, mi-Neandertal, mi-Viking et re-mi-Neandertal derrière. Sa mission ? Démolir le tout-venant (Papin en l’occurrence). Sa relance ? Des grands coups de bottine far far away. Le reste ? De la littérature. Car outre cet enseignement par l’exemple, Blanc teste in situ les vertus de la virilité en prise directe avec un jeune attaquant débutant nommé Alan Shearer, buteur pour sa première cape ce jour-là. Un autre cauchemar pour Blanc…

1997 : France-Angleterre (0-1)

Tournoi de France, répétition générale avant la Coupe du Monde l’année suivante. A la Mosson, chez lui, Blanc est de nouveau confronté à ce qu’il y a de mieux, quelques jours après avoir échappé à la correctionnelle face à Ronaldo et son Brésil (1-1). Cette fois, c’est Shearer qui s’invite. Un autre style que le Brésilien, hein. Du genre que Blanc peine franchement à dompter. Ce que confirme le match. Le jeu est légèrement à l’avantage des hommes de Glen Hoddle mais le mano a mano entre le Barcelonais et la terreur de Newcastle tourne, lui, carrément au supplice. Quatre-vingt-dix minutes durant, Shearer martyrise Blanc, passe à chaque fois l’épaule, prend chaque fois la position préférentielle, assortit le tout de quelques coups de coude “involontaires” et gagne largement la bataille des airs. La bataille tout court, quand il arrache tout, y compris les ongles de Barthez pour pousser le ballon dans les filets, après une esquive à fleuret moucheté mal venue de Blanc qui en reste comme deux ronds de flan : c’est vraiment du foot ça ? Ben ouais coco et si tu veux gagner quelque chose, il faudra (aussi) être capable de répondre à ça.

Epilogue

Un an plus tard, les Bleus sont sacrés champions du monde avant d’enchaîner sur l’Euro avec un Blanc taille patron au sein d’une défense parmi les plus intraitables de l’histoire. Parfait pour tirer sa révérence internationale fin 2000 à l’occasion d’un amical face à… l’Angleterre, bave aux lèvres as usual, mais contrainte d’admirer le bouquet de fleurs offert à ce Blanc désormais bardé des titres qu’eux, les Anglais, n’approchent plus qu’en rêve depuis bien longtemps. Quand les mecs d’Albion gagnent, ils disent, sourire en coin, « Good game ! » . Ce jour-là, pour sa dernière cape, Blanc aurait pu glisser un petit « Merci pour la leçon » . Sourire en coin…

« Waldemar Kita tue la magie de la Coupe de France »

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