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Ce PSG vulnérable est-il un bien pour la L1 ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Ce PSG vulnérable est-il un bien pour la L1 ?

La saison 2020-2021 marquera-t-elle la fin d’un règne ? Le PSG, le plus grand club de France, avec son budget pharaonique, ses ambitions européennes et ses réseaux plus ou mois occultes dans le foot français, va-t-il connaître une année sèche ? Tout le monde détestait sa puissance, mais sa vulnérabilité est-elle vraiment une si bonne nouvelle pour la L1 ?

Inutile de se mentir, on la sentait venir, cette victoire lensoise. Prévisible. Logique. Le cauchemar continue. Mais on n’osait y croire. On s’est frotté les yeux devant le spectacle insipide du PSG face à des Sang et Or pourtant loin d’être transcendants ni galvanisés, sans parler de la boulette du troisième gardien qui résume tout, presque du Hegel sur le terrain. Une défaite qui semblait presque acceptée sur le banc parisien, résigné et absent. Il serait facile de parler de crise, un marronnier qui fleurirait un peu plus tôt que d’habitude. Mais n’est-ce pas plus profond ?

En Ligue 1, depuis 2012, le PSG se révèle impérial, avec juste un accident industriel nommé Monaco en 2017. Sauf que, pour la première fois depuis longtemps, du côté marseillais par exemple, il est possible d’y croire. Les supporters phocéens les plus lucides se voyaient déjà en victimes expiatoires de l’échec contre le Bayern. Cela chambrait dur sur les réseaux sociaux, en se doutant que l’atterrissage au Parc allait certainement se révéler douloureux et ramener l’OM aux réalités de son niveau actuel. Seulement, une douche froide en finale de Ligue des champions plus tard, une gestion chaotique de l’après, des stars touchées par la Covid-19 version Ibiza, une jeune garde incapable de prendre ses responsabilités à Bollaert, et d’un coup, Paris redevient prenable. Sans que quiconque y voit malice ou vantardise de ses adversaires.

PSG et dépendance

Le PSG était à deux doigts de tout rafler. Ramener une Coupe d’Europe. Un ancien président à la tête de la LFP, et une gestion pépère des matchs contre les « autres » enseignes de l’Hexagone. Tout le monde le détestait, et c’était presque parfait ainsi. Sa toute-puissance sportive et financière agaçait, irritait, et permettait d’identifier le parfait salaud. Mais d’un coup, le voilà à terre. Son argent ne le protège plus de rien, et c’est sieur Labrune qui, à la surprise générale, va diriger les destinées, notamment sonnantes et trébuchantes, du foot tricolore. Le sourire aux lèvres, de Dijon à Lorient, on se dit qu’il n’y aura pas forcement six points de perdus d’office cette saison.

Seulement voilà… La Ligue 1 n’était pas seulement dominée par le PSG, elle en était devenue dépendante. Paris – son équipe et sa ville – était sans conteste une des raisons qui fondaient des droits télé à 1 milliard d’euros, et le seul à pouvoir valoriser à ce point notre championnat. Une saison, voire même une demi-saison, à se remettre d’aplomb, moralement ou techniquement, sans squatter la première place du classement, et d’un coup, Mediapro va commencer à regarder son investissement sous un autre jour.

Un PSG fragile, c’est la fin des rares gros matchs à enjeux, ou du moins à spectacle potentiel, notamment à l’étranger. Contre Lyon évidemment, Marseille pour le symbole, Strasbourg pour l’exploit. Tous les chiffres et les études de marché, y compris en matière de consommation et de fidélité à ses couleurs d’écharpe, démontrent à quel point la France n’est pas encore véritablement devenue un pays de foot (pour preuve ce débat absurde du « Tous derrière le PSG pour la finale »). Il faut encore des têtes de gondole pour le match du dimanche soir, et pour que Téléfoot continue de remplir les caisses des clubs français, qui en ont désespérément besoin.

Préliminaires en L1

Enfin, un dernier point qui fâche. Si les commentateurs ont souvent déploré le manque d’adversité face au PSG dans notre Ligue 1, que faudrait-il penser, pour Rennes, Marseille et tous les prétendants à l’Europe, du manque représenté par des Parisiens perdus et « banalisés » ? Que les hommes de Tuchel traversent les matchs en zombies, et Nice ou Reims devront se replier sur FIFA 21 afin de se préparer. Le foot français va grandement manquer de préliminaires. François Mauriac a construit son œuvre en nous montrant à quel point l’humanité des monstres du quotidien, ceux qui logent dans la famille ou dans l’entourage, permettait de casser la tiède banalité de la vie en province. Vous détestez le PSG, certes, mais ne vous réjouissez pas trop vite de voir un pareil ennemi à terre, même momentanément. Car personne n’est encore prêt pour le remplacer.

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