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Ce n’est que le début des ennuis pour la Juventus
Quinze points de pénalité en championnat, une possible exclusion jusqu’en 2028 des compétitions européennes : la Juve, reine d’Italie lors de la dernière décennie, pourrait une nouvelle fois retomber bien bas de son propre fait.
Pas facile d’être supporter de la Juventus par les temps qui courent. Il y a d’abord eu l’humiliation à Naples (5-1) à digérer. Puis les moqueries des tifosi interisti, milanesi et du reste de l’Italie et d’ailleurs – même le Rubin Kazan s’y est mis sur TikTok – lors de l’annonce du retrait de quinze points il y a trois jours par la cour d’appel de la Fédération italienne (FIGC). Le beau match nul face à l’Atalanta de ce dimanche (3-3) ne modifiera pas la réalité turinoise du moment : la Juve est sportivement loin de son zénith, loin de fait des hautes sphères du championnat. Loin, à tous les niveaux, de sa superbe qui n’est pourtant pas si vieille que cela.
@fcrk It’s getting cold
C dans l’air
Il y avait bien évidemment des signes annonciateurs, comme nous l’écrivions il y a quelques semaines, mais personne n’aurait imaginé que les autorités de la FIGC siffleraient ainsi la fin de la récréation. Car au-delà de la punition sportive, il y a également les sanctions à l’encontre de ces désormais ex-dirigeants turinois qui pensaient tous partir par une porte dérobée en pleine Coupe du monde : Andrea Agnelli a pris deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction dans le football, même chose pour Maurizio Arrivabene qui faisait partie du conseil d’administration. Pavel Nedvěd, lui, sera seulement huit mois sur le carreau. La palme dans ce domaine revient à Fabio Paratici, ancien directeur sportif du club de 2010 à 2021 et aujourd’hui en poste à Tottenham, qui a été puni à hauteur de 30 mois. En attendant de savoir si la sanction s’applique en Angleterre.
Pire, le poids des sanctions pourrait s’alourdir dans les semaines à venir. Si la Juve peut (et va) d’ores et déjà faire appel de cette sanction auprès du CONI, le comité sportif olympique italien, cette affaire des plus-values artificielles était pourtant la moins redoutée par le board turinois. D’ici une semaine, le parquet de la FIGC statuera également sur une autre affaire : celle des « manœuvres salariales » et ce que les procureurs turinois appellent des « partenariats » entre les Bianconeri et certains clubs de Serie A. Dedans, il y a aussi, comme le relate Il Fatto Quotidiano, des accords sous forme de « side letter » entre les joueurs et le club de Turin sur le versement différé des salaires qui n’auraient pas été portés à la connaissance de la Fédération. Ce mode opératoire aurait permis de reporter « le paiement échelonné de 59 847 802 euros sur les saisons suivantes ». Effectivement, les comptes ne sont pas bons.
La chute, l’atterrissage…
À l’image d’un château de cartes qui s’écroule, une condamnation qui porterait cette fois sur les salaires des joueurs – et non sur les plus-values de transferts – pourrait directement affecter la Juve sur le plan européen, car elle violerait ainsi les règles du fair-play financier. Pourquoi dans un cas et pas l’autre ? Tout simplement car sur les plus-values et donc les plus-values fictives, les instances expliquent qu’il est mathématiquement difficile de déterminer la valeur d’un joueur. Déjà dans le viseur de l’instance européenne pour ses finances fragiles et ses pertes à hauteur de 200 millions d’euros sur ces deux dernières saisons, la Vieille Dame pourrait se voir exclue des compétitions européennes dès la saison prochaine, et ce, jusqu’en 2028 selon certaines voix en Italie.
Une issue plausible, d’autant que les positions ultra-affirmées en faveur de la Superligue d’Andrea Agnelli ces dernières années ne plaident pas vraiment en faveur du club piémontais. Ce cas de figure serait alors dans son ensemble bien plus grave que le précédent scandale du Calciopoli de 2006, et écornerait davantage l’image du club le plus titré de la Botte. Si la majorité des tifosi juventini sont encore sous le choc, énervés et étonnés de voir leur club seul sur le banc des accusés, certaines voix pointent du doigt directement l’ancienne équipe dirigeante. Via un communiqué, les groupes ultras Drughi, Nab et Viking (qu’Andrea Agnelli a viré du stade pendant sa présidence) écrivent : « C’est pire qu’en 2006. Cette fois-là, nous étions vraiment irréprochables et ce qui s’est passé n’était ni plus ni moins que la nécessité d’interrompre notre domination sportive qui devenait gênante pour tout le monde. Ce n’est pas la situation aujourd’hui. Aujourd’hui, nous payons parce que ces créatures dégoûtantes ont traité notre maillot comme un objet sans âme. » Nul ne sait jusqu’où chutera la Vieille Dame, même si comme d’habitude, le plus important, c’est l’atterrissage.
Le communiqué commun des Viking Juve, Drughi et NAB est salé. Ils qualifient l’ancienne direction d’Andrea Agnelli de « dégoûtante » et à la différence de 2006 ils n’ont aucun doute sur la culpabilité des ex-dirigeants de la Juve. Rappelons qu’Agnelli les avait mis dehors du stade. pic.twitter.com/FADqHtwmsG
— Adrien Verrecchia (@AVerrecchia_) January 22, 2023
Par Andrea Chazy