- Amical
- France-Pays de Galles (3-0)
Ce milieu de terrain que tous les pays nous envient
Pogba, Tolisso et, dans une moindre mesure, Rabiot, dans ce 4-3-3 proposé par les Bleus de Deschamps, ont montré une aisance et une maîtrise qui pourraient constituer l’une des grandes clés de l’Euro français. Alors imaginez quand N’Golo Kanté sera de retour...
À les voir gambader sur la pelouse immaculée de l’Allianz Riviera de Nice ce mercredi soir, c’était à croire que rien n’aurait pu les toucher. Alors ok, ce n’était qu’un pays de Galles un peu timide et surtout réduit à 10 en face, en match amical de préparation à l’Euro, mais la prestation de son trio au milieu de terrain (Corentin Tolisso-Paul Pogba-Adrien Rabiot) a, dans sa globalité, dû faire rudement plaisir à Didier Deschamps. À treize jours de l’entrée en lice des Bleus à l’Euro, face à l’Allemagne, la transition tactique suggérée par le retour de Karim Benzema en équipe de France et le retour à un milieu à trois s’est opérée sans accroc majeur. Et ouvre, avec le retour très prochain de N’Golo Kanté dans le onze de départ, une perspective excitante : celle que ce milieu de terrain puisse être encore plus décisif pour les Bleus que cette fameuse attaque que tous les pays nous envient.
Tolisso marque des points, Rabiot un peu en dessous
Les schémas travaillés à l’entraînement à Clairefontaine ces derniers jours n’avaient pas menti : les Bleus ont bien démarré le match en 4-3-3, avec tantôt les trois offensifs à plat (Mbappé à gauche, Griezmann à droite, Benzema au centre), tantôt en triangle (Griezmann ou Benzema reculé, Mbappé et Benzema ou Griezmann devant). De ces trois-là, on attendait logiquement un mouvement perpétuel, une versatilité que l’on a, forcément, observée : toujours en mouvement, en permutation, ils ont montré qu’ils étaient complémentaires et qu’ils pouvaient jouer à tous les postes de l’attaque, voire descendre plus bas pour créer depuis une position plus reculée. Ce qui a rendu la tâche du milieu de terrain d’autant plus ardue : savoir anticiper et appréhender ces mouvements potentiellement dévastateurs pour les défenses adverses et, par leurs placements et leur adresse dans la passe, les accompagner du mieux possible.
Les trois du milieu, donc, ont eux été relativement constants dans leur placement. On a notamment observé un Corentin Tolisso très bas, dans un rôle presque de meneur de jeu reculé, cinquième défenseur par moments, mais aussi capable de lancer des attaques par un jeu long déjà réglé comme une montre suisse. À ses côtés, Paul Pogba s’est baladé sur le terrain avec l’aisance qu’on lui connaît : vite remis de la déconvenue de la finale de Ligue Europa perdue avec Manchester United, on l’a vu libre, aérien comme à son habitude chez les Bleus, enchaîner entre de très bonnes combinaisons dans le jeu court (comme sur cette frappe non cadrée de Mbappé en fin de première période, où il a combiné avec Benzema et Griezmann, mais pas seulement) comme dans le jeu long, avec des ballons piqués au-dessus de la défense galloise qui ont créé des situations intéressantes. Un peu moins en vue, Adrien Rabiot a sans doute rendu la copie la plus neutre des Bleus ce mercredi soir. Plus embêté dans son placement, moins à l’aise que ses deux comparses, le Duc a sans doute perdu des points dans le duel qui l’oppose à Corentin Tolisso pour la place de troisième milieu aux côtés des inévitables Pogba et Kanté. Le Bavarois qui, lui, a régalé, d’autant plus quand on sait qu’il revient à peine d’une longue blessure. Lui qui se disait en conférence de presse dimanche plus à l’aise dans un système à deux pistons a parfaitement montré sa capacité d’adaptation ce mercredi soir.
Tolisso-Pogba-Kanté, le trio absolu ?
Pour Deschamps, ce premier match de préparation a déjà tous les contours d’un test réussi pour ce nouveau système plébiscité pour mettre en valeur le trio Benzema-Griezmann-Mbappé. Dès le match contre la Bulgarie, mardi prochain au Stade de France, la Dèche aura bon goût de retenter l’expérience avec un trident Tolisso-Kanté-Pogba, le Bavarois en pointe basse, le Londonien à sa droite pouvant exprimer sa qualité de percussion et le Mancunien à sa gauche, son poste préféré. Un mélange absolu de solidité défensive, d’endurance, d’allant offensif et de justesse technique. Même si ce système peut vite embêter Deschamps en cas de pépin physique (sur le banc, seuls Sissoko et Rabiot, donc, auraient ce profil de milieu défensif ou relayeur pour suppléer l’un des trois), il a toujours la possibilité de sortir de sa manche ce 4-2-3-1 qu’on connaît et qu’on a aperçu en seconde période, avec cette fois tout le loisir de choisir parmi ses huit attaquants lesquels aligner pour faire mal à l’adversaire. Quoi qu’il en soit, la perspective d’un Euro avec le trio aperçu à Nice pour dominer la bataille du milieu et sublimer les trois copains devant, ça a de quoi faire saliver.
Par Alexandre Aflalo, à l'Allianz Riviera