- Ligue 1
- J1
- Bordeaux–Saint-Étienne
Ce Bordeaux est-il un bon millésime ?
Un entraîneur fringuant sur le banc, un recrutement ciblé avec un vieux taulier et un génie contrarié... Bordeaux s'avance sur la ligne de départ de la Ligue 1 sans ambition démesurée. Mais avec un profil de potentielle bonne surprise qu'on n'aurait pas vu venir.
Un entraîneur adapté à l’identité du club ?
Après six saisons où il a tiré le meilleur de l’En Avant Guingamp (montée en Ligue 1, victoire en Coupe de France, seizièmes de finale en Ligue Europa), Jocelyn Gourvennec arrive à Bordeaux avec un CV consistant. Et l’aura d’un entraîneur efficace tout en étant exigeant question qualité de jeu. Un profil qui, toute proportion gardée, le rend plus proche de Laurent Blanc, dernier technicien à avoir réellement brillé en Gironde, que de tous les hommes passés sur le banc entre-temps, qu’ils s’appellent Jean Tigana, Francis Gillot ou Willy Sagnol.
Entre Bordeaux et Gourvennec, tout donne l’impression d’une association idéale entre un club au contexte feutré, mais au public exigeant, et un entraîneur qui méritait de taper plus haut, mais qui n’était probablement pas prêt pour une exposition médiatique excessive. L’homme idoine, au bon endroit, au bon moment ?
Un recrutement cohérent
Le nouveau boss avait prévenu : pas question de multiplier les paris, qui ont souvent raté à Bordeaux ces dernières saisons. Pour Gourvennec, il ne fallait pas forcément recruter beaucoup, mais recruter du lourd. Avec seulement quatre arrivées et huit départs, l’effectif s’est allégé en nombre, mais bonifié en qualité avec l’arrivée d’un vrai taulier (Toulalan), d’un génie endormi (Ménez) et de deux bons potentiels de Ligue 1 (Sabaly et Kamano). La plus grosse perte reste le départ non compensé de Cheikh Diabaté comme pivot de l’attaque, mais cette stratégie traduit probablement une volonté chez Gourvennec de privilégier le jeu au sol et la mobilité.
La caution Toulalan
Depuis plus de dix ans, il a toujours été titulaire. Que ce soit dans un Olympique lyonnais qui dominait la scène française ou entamait son retour dans le rang (2006-2011), à Málaga en Liga (2011-2013) ou au sein d’un Monaco riche et ambitieux (2013-2016). Et il n’a jamais démérité, que ce soit en Ligue des champions ou en sélection. S’il l’avait voulu, il aurait même pu réintégrer l’équipe de France alors qu’il lui a tourné le dos depuis la fin du Mondial 2010.
Autant dire que Jérémy Toulalan, joueur le moins bling bling du foot français, en est paradoxalement l’un des plus performants. Bordeaux a forcément fait une bonne affaire en obtenant sa signature gratuitement parce qu’il souhaitait quitter le décor monégasque et évoluer dans un contexte qui lui ressemble. Avec un tel taulier dans son entrejeu, Gourvennec dispose d’un relais, d’un exemple à suivre, et d’un supplément de caractère. Une grande partie de ce qui a manqué aux Girondins ces dernières saisons.
Ménez, la touche frisson
Perturbé par une blessure au dos toute la saison passée, on se demandait où allait atterrir Jérémy Ménez, dont la première saison à l’AC Milan n’avait rien d’un fiasco. Entre aller faire marcher la planche à billets en Chine et tenter une relance à la Ben Arfa en Ligue 1, le client de Jean-Pierre Bernès a donc opté pour le sportif. S’il s’est fait découper l’oreille lors de sa première apparition en amical, et que sa condition physique nécessite une sérieuse révision, le joueur formé à Sochaux pourrait être l’une des sensations de la Ligue 1. Car comme Ben Arfa, aérien avec Nice l’an passé, Ménez est l’un des talents inachevés de la génération 87. Un joueur capable du meilleur comme du pire, mais dont les coups d’éclat peuvent compenser allègrement tous les mauvais penchants. Si Gourvennec parvient à le conditionner habilement, il sera la meilleure arme offensive girondine, et peut-être l’une des sensations d’un championnat qui manque cruellement de fantaisie.
Par Nicolas Jucha