- Ligue des champions
- 8e de finale aller
- Arsenal/Bayern Munich (0-2)
Ce Bayern est canon !
Réduits à dix après l'exclusion de Szczęsny en fin de première période, les joueurs d'Arsenal s'inclinent 2-0 au terme d'une partie exceptionnelle. Auteur d'un excellent match, Toni Kroos a fait trembler les filets lors d'un match marqué par deux pénaltys non transformés.
Arsenal – B. Munich (0–2) T. Kroos (54′), T. Müller (88′) pour Bayern Munich.
Et le foot a repris ses droits. Avec la manière. Loin de Sotchi et après un Manchester City – Barcelone globalement décevant ce mardi, Arsenal et le Bayern Munich ont offert aux supporters présents à l’Emirates un spectacle comme on en voit seulement en Ligue des champions. Le peuple aime les histoires, alors Anglais et Allemand ont conté l’une des plus belles épopées de la saison. Une histoire d’hommes, de grandes équipes autant que de folie des grandeurs, mais aussi et surtout une affaire de pénaltys. Mercredi soir, une page se tourne, le Bayern est en excellente posture grâce à un énorme Toni Kroos, mais cette folle partie donne envie de croire que le livre n’est pas terminé. Oui, c’est dur d’attendre des semaines avant de finir un bouquin passionnant. Mais il faut parfois savoir profiter de l’instant présent. Quel match, putain !
Une affaire de pénaltys
Les penseurs n’ont pas toujours la cote, mais Mesut Özil s’en fout. On dispute la neuvième minute d’un match qu’Arsenal a pris par le bon bout quand l’Allemand décide de résumer l’histoire récente de son club en une seule action. Bien lancé en profondeur, le Gunner mystifie Boateng d’une talonnade dans le dos façon Drogba et obtient un pénalty logique. Une sanction qu’il se charge de botter fébrilement et moyennement. Une aubaine pour l’immense Manuel Neuer, son partenaire en sélection. De la classe, de la technique, de l’espoir et évidemment, de la lose. Beaucoup de lose. L’Arsenal des années 2010 est là. Le Bayern Munich un peu moins. Surclassé en début de rencontre par les coéquipiers du titulaire surprise mais bluffant, Yaya Sanogo, les hommes de Guardiola souffrent jusqu’à ce que la douleur soit trop vive. En manque d’air, les Bavarois s’en remettent d’abord aux pieds en or de Toni Kroos, certainement l’un des milieux de terrain les plus sous-cotés du monde. Libre à l’entrée de la surface, l’Allemand envoie une sonde du gauche qui prend la direction de la lucarne de Szczęsny. Impeccable, le portier polonais réalise son action de la soirée. Une soirée beaucoup plus courte que ce que le Gunner avait envisagé. Plus convaincant après la demi-heure de jeu, le champion en titre brille grâce à ses ailes. Alaba et surtout Lahm sont omniprésents, Götze est souvent trouvé dans le dos des milieux londoniens et Robben n’est jamais loin du ballon. C’est d’ailleurs le Batave qui sollicite un une-deux de génie avec Kroos peu de temps avant la pause. Parfaitement lancé, le frangin de Dany Boon passe devant Szczęsny et s’écroule après un carambolage avec la tige d’Arsenal. Pénalty et carton rouge pour le gardien, de quoi donner des cauchemars à Robert Pirés, victime indirecte de l’exclusion de Jens Lehmann en finale de C1 face au Barça. Une double sanction ? Non ! Le plat du pied d’Alaba vient mourir sur l’extérieur du poteau droit de Fabianski, les gants pas encore scratchés. Ce match est fou.
Et Toni kroosifie Arsenal
Vous croyez aux histoires de beauté différente et de beauté intérieure, vous ? Parfois, vous devriez. Fini la lutte de tous les instants offerte lors du premier acte et place à un Blitzkrieg de 45 minutes proposé par le Bayern Munich en supériorité numérique. Véritable chef d’orchestre du rouleau-compresseur bavarois, Toni Kroos prend un malin plaisir à faire courir les Gunners. À droite, à gauche, en haut, en bas… Les Londoniens ne rendent pas hommage à Yannick, éphémère interprète deCes soirées-là, mais la fête n’en demeure pas moins difficile. Entrée en jeu à la place de Boateng, Rafinha apporte dans son couloir droit et la sanction ne se fait pas attendre. Servi en retrait comme Cabaye la veille, Kroos envoie une sonde dans la lucarne d’un Fabianski qui ne peut imiter l’exploit de son homologue en première période. Le début d’une démonstration impressionnante de maîtrise des ouailles de Pep Guardiola. À l’heure de jeu, Arsenal a réalisé 140 passes quand le seul Toni Kroos en compte 102. Une possession de balle loin d’être inutile puisque les occasions sont là. Bien lancé dans le dos de Monreal, Robben reprend de volée de l’intérieur du pied, mais Fabianski s’interpose, comme quelques minutes auparavant quand le Hollandais a dégainé sa spéciale. L’ouragan est impressionnant, mais à quelques encablures de la fin du bal, les musiciens n’ont pas un rond. 1-0, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Alors Guardiola fait entrer Thomas Müller, un homme qui ne quitte jamais une pelouse sans avoir planté. Arsenal est vaillant, mais cela ne suffit pas quand Lahm, toujours aussi inspiré, trouve Müller seul dans la surface à la 88e minute. Le coup de tête de l’Allemand est parfait, comme le score de 2-0 à l’extérieur que les Bavarois accrochent dans les ultimes instants de la rencontre. Kroos (encore) trouve même le poteau dans les dernières secondes. Ça sent la fin de bouquin tragique pour les Londoniens. À eux de faire mentir les lecteurs à l’Allianz Arena.
Par Swann Borsellino