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Cavani, un homme nouveau pour le PSG
En 2010, Cavani débarquait à Naples, avec une tête d'enfant et une réputation d'attaquant maladroit. Trois ans plus tard, le PSG a déboursé 63 millions d'euros pour faire venir le buteur uruguayen, devenu entre-temps l'un des meilleurs avants-centres de la planète. Et un homme accompli.
Prosternez-vous, le Matador est là. Paris accueille son nouveau champion. Un champion qui marque des buts, beaucoup de buts. Les statistiques disent que personne, hormis Messi et Cristiano Ronaldo, n’a marqué plus de buts que lui lors des trois dernières saisons, dans les grands championnats européens. Même pas Falcao. Même pas Van Persie. Cavani, c’est le tueur. C’est le type qui a sauvé le Napoli à maintes reprises, même lors de situations désespérées. C’est l’attaquant qui rate un pénalty alors que son équipe est menée 2-0 et qui, sans se démonter, plante un doublé dans la foulée, en l’espace de cinq minutes. Ça, c’est le Cavani que le PSG accueille. Le Cavani que le grand public connaît, aujourd’hui. Pourtant, ce n’est pas le Cavani que l’Italie a toujours connu. Car en trois ans, l’attaquant uruguayen a subi une véritable transformation, en tous points.
Retour en arrière. Été 2010, Edinson Cavani débarque à Naples. Il est présenté par le président De Laurentiis, mais son transfert n’enthousiasme pas plus que ça le peuple napolitain. Le joueur arrive de Palerme où, pendant trois ans, il n’a pas franchement été le plus grand renard des surfaces. On lui a d’ailleurs souvent reproché sa maladresse dans la surface. Il signe à Naples sous la forme d’un prêt fixé à 5 millions d’euros, avec une option d’achat obligatoire à 12 millions d’euros, payable en quatre ans. Une jolie somme, quand même. Le 22 juillet, c’est le jour de la présentation officielle. Il faut le dire, ce jour-là, Cavani ne ressemble pas à grand-chose. On dirait presque un ado, un peu gêné, avec les cheveux ébouriffés, des bagues aux dents, le teint pâle et un joli anneau autour du doigt, symbole de sa foi envers Dieu. D’ailleurs, à cette époque-là, personne ne l’a encore surnommé le Matador. Son surnom, c’est « El Botija » , l’enfant. Mais c’est justement cette innocence qui va séduire les tifosi napolitains. Car quelque part, Cavani représente Naples. Il est loin de l’image parfaite que veulent donner les joueurs qui évoluent à la Juve par exemple, et ça, les Napolitains adorent. Cavani a une tête de rien du tout, mais sur le terrain, il devient beau. Beau dans son jeu, beau dans son attitude. Comme Diego.
En dehors de la pelouse, il apparaît comme quelqu’un de timide, entièrement dédié à sa famille. Sa femme, Maria Soledad, il l’a rencontrée en Uruguay, lorsqu’il était vraiment adolescent. L’histoire d’amour est née ainsi, et les deux ne se sont jamais quittés. Du romantisme, comme on l’aime au pied du Vésuve. Pendant trois ans, Cavani va enchanter Naples. Il devient l’idole du San Paolo, celui qui marque des triplés contre la Juve, contre la Lazio, contre le Milan AC, contre la Roma. Il mène l’armée napolitaine, avec ses potes Lavezzi et Hamšík, vers les hauteurs du football italien et européen. Un soir de 2011, il abat même Manchester City avec un doublé, en porte-étendard des couleurs partenopee sur la scène européenne. Cavani-Naples, l’histoire d’amour est forte, très forte. Passionnelle. Même dans les moments de doute, quand Cavani ne marque plus, le public est là pour lui transmettre son amour et lui redonner confiance. La Coupe d’Italie, remportée en mai 2012 face à l’ennemi juventino, représente le point culminant de la love story. Cavani est le grand protagoniste, il le sait. Mais en quelques mois, quelque chose va changer.
Lors de sa dernière saison napolitaine, Cavani va passer de l’autre côté. Non pas footballistiquement. Les buts, aucun problème, il continue de les marquer. Les exploits, il continue de les réaliser. Non. Ce qui change, c’est lui. Déjà, dans sa vie privée. Lui, l’homme fidèle, l’homme de Dieu, trompe sa femme avec une jeune femme napolitaine. La tromperie fait la Une des gazettes, et Mme Cavani se tire en Uruguay. Lorsqu’elle revient, le couple, qui a eu son deuxième enfant il n’y a pas si longtemps que ça, décide de divorcer. Certains disent que la gloire et l’argent lui sont montés à la tête. Lui rétorque qu’il n’a pas changé, et répond surtout en continuant de transcender le Napoli vers la Ligue des champions. Mais il est indéniable que Cavani a changé. Physiquement, d’abord. Fini, l’appareil dentaire. Fini, la coupe façon « sortie du lit » . Edinson est devenu une sacrée masse, musculairement parlant, le cheveu long est désormais méthodiquement peigné, le teint bien bronzé. Et l’aventure napolitaine touche à sa fin. Le joueur commence à déclarer qu’il voudrait jouer au Real Madrid. Sa famille relaie l’information. Les signaux sont forts. Pour Edinson, c’est un rêve de gamin d’aller au Real. C’est probablement le choix qu’il aurait fait il y a trois ans, lorsqu’il portait encore ses bagues aux dents et au doigt. Mais le romantisme a disparu. Cavani choisit Paris. Ou plutôt, Paris choisit Cavani et Cavani accepte.
Le garçon timide qui avait été présenté un jour de juillet 2010 par le président De Laurentiis semble loin, très loin. Il est arrivé à Naples sur la pointe des pieds, puis est devenu une étoile. Aujourd’hui, l’étoile rejoint la constellation parisienne. À grands coups de millions d’euros. C’est un homme accompli qui débarque à Paris, mais aussi un homme dont la vie n’est plus aussi rangée qu’auparavant. Peut-être pour mieux coller à la vie parisienne. Peut-être aussi pour que les tifosi napolitains le pleurent moins. Oui : on regrette toujours moins l’homme que l’on a aimé pendant trois ans s’il ne ressemble plus à celui que l’on a porté dans son cœur. Prosternez-vous, le Matador est là. La corrida peut commencer.
Par Eric Maggiori