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Cavani et Lavezzi, l’heure du grand pardon ?
De retour après une mise à l'écart de deux matchs, Edinson Cavani et Ezequiel Lavezzi ont regoûté les joies du terrain contre Évian. Avec en prime un but pour l'Uruguayen, les deux Sud-Américains ont-ils laissé derrière eux leurs erreurs de Noël et lancé une seconde partie de saison plus studieuse et heureuse ?
« Je savais que repousser mon retour à Paris de quelques jours pouvait me poser des problèmes. Il y avait des soucis avec mon vol, mais ça reste surtout de ma faute. » Sur la radio uruguayenne 860, Edinson n’a pas cherché à se détourner de ses responsabilités : « je voulais passer du temps avec ma famille. J’ai payé et je crois que je paye encore cette erreur. » Avec un but contre Évian, Cavani a soigné son retour et confirmé ses meilleures dispositions pour 2015, comme si le positionnement du PSG avait porté ses fruits. « La sanction est obligatoire s’il n’y a pas eu d’accord préalable entre les joueurs et le club » , estime Frédéric Hantz, ancien coach de Bastia, car « beaucoup de joueurs aimeraient rester en vacances avec leur famille durant la période de Noël. Forcément, le retard de Cavani et Lavezzi a été mal ressenti par le groupe. » Agent de Rod Fanni, Dominique Six est plus ou moins sur la même longueur d’ondes, car un club, « c’est une logique d’entreprise, si on laisse un joueur faire n’importe quoi, on se retrouve avec 25 gars qui font n’importe quoi » .
« L’exemplarité, essentielle dans le vestiaire » – Frédéric Hantz
Si la sanction est indispensable à la bonne vie du vestiaire, Frédéric Hantz considère que « toute la difficulté réside dans la recherche de la juste mesure, afin de bien faire réagir le vestiaire et le joueur sanctionné » . En clair, il faut être suffisamment sévère pour rappeler « l’exemplarité, essentielle dans le vestiaire » , sans forcément accabler le joueur. Mais s’il faut choisir entre le collectif et l’individu, Hantz considère « qu’il vaut mieux être trop sévère et heurter le joueur plutôt que de se décrédibiliser vis-à-vis du groupe » . Pour Dominique Six, de toute façon, « à part dans les cas de mises à l’écart, qui pour moi ne sont pas moins condamnables que les bras de fer engagés par des joueurs, les sanctions font suite à une faute » , et sont légitimes. « Le rôle de l’agent, c’est de comprendre cette faute et d’inciter son joueur à revenir dans le droit chemin » , quitte parfois à « demander à l’entourage du joueur de le recadrer, car il a beau être notre client, on a aussi besoin des clubs pour bien travailler » .
L’exemple Rod Fanni
La réaction du joueur est déterminante selon Hantz, car « la sanction a pour but de régler un problème, d’amener à une prise de conscience, puis à un pardon » . Sans elle, « on détruit le groupe » selon l’ancien héros bastiais, et contrairement aux idées reçues, « elle peut améliorer la relation entre l’entraîneur et son joueur » . Toute sanction a donc pour finalité la réintégration des fautifs au sein du groupe pro, mais pour qu’elle soit possible, il faut « que le joueur prenne du recul et n’aille pas au carton avec son club » estime Dominique Six, qui cite en exemple son poulain : « Rod Fanni, même si lui n’avait pas commis d’erreur, mais était indésirable, a gardé en tête une seule idée fixe, prouver sa valeur à la première occasion. » Résultat, le défenseur a convaincu Marcelo Bielsa et gagné sa place dans la défense phocéenne. « Rod a continué à bosser pour prouver son professionnalisme, c’est l’attitude la plus digne, celle que je conseille aux joueurs. »
Cavani et Lavezzi, deux atouts de plus pour la fin de saison ?
En ce qui concerne Cavani et Lavezzi, Hantz a l’impression « qu’ils n’en ont pas rajouté et adopté un comportement positif » , ce qui est un message positif à l’égard du club. Les sifflets du Parc ? « C’est une sanction de la part des supporters, mais il n’y en aura probablement plus au prochain match. » Sanctions, sifflets, pour le technicien, il s’agit d’étapes saines dans la vie d’un club : « Il ne faut pas hésiter à sanctionner, même un joueur important » , soutient Hantz, pour qui l’essentiel, « c’est que tout soit clair avec le joueur concerné, qu’il connaisse sa sanction avant les autres et l’accepte » . Pour lui, il faut « éviter les non-dits » qui pèsent lourd dans un vestiaire. Cavani et son compère Lavezzi peuvent-ils se révéler transfigurés par cet épisode et apporter un supplément d’âme au PSG pour la fin de saison ? « Un joueur vraiment professionnel doit revenir avec l’intention de prouver qu’il mérite de jouer » analyse Dominique Six, quand Hantz prévoit même que « les deux joueurs vont revenir encore plus forts, ou au moins donner le meilleur d’eux-mêmes » . Comme pour le cas Adrien Rabiot, qui semblait en instance de départ en septembre avant d’être réintégré, « la gestion des cas Cavani et Lavezzi semble positive et efficace » d’après Frédéric Hantz. Les prochaines semaines seront riches en réponses.
Par Nicolas Jucha