«Catalunya is not Spain»

« Le catalan, c’est la langue officielle de notre pays (sic). C’est d’ailleurs la langue dans laquelle je m’exprime le mieux » . Ces mots prononcés jeudi par Xavi Hernandez, deuxième capitaine du FC Barcelone, répondent aux déclarations faites par Pep Guardiola la veille à Kiev : « Le catalan est la langue de notre pays, la Catalogne » . C’est la première fois que les membres de l’équipe azulgrana s’expliquent ouvertement sur la question, très sensible en Espagne, des langues “nationales ”. Alors Barça et Catalunya, même combat ?

Le Barça c’est “més que un club” parce que c’est le club de la Catalogne républicaine et anti-franquiste. Pendant les quarante années de plomb, la “résistance sportive” s’organisa au Camp Nou, seul endroit où flottait encore le drapeau catalan. Le Barça de Laporta renoue avec cette histoire, non sans arrière-pensée politique.

Dimanche, 160 communes de Catalogne organisent un référendum indépendantiste. 700 000 Catalans sont concernés par la consultation. Depuis plusieurs semaines, la personnalité préférée des organisations indépendantistes, c’est Joan Laporta, président du club champion d’Europe. Le “JFK catalan” terminera son mandat à l’été 2010. En visite jeudi à Tarrega, l’avocat de formation ne se cache pas derrière son petit doigt quand il parle de reconversion : « J’aimerais devenir un jour président de la Catalogne » . Dont acte.

Pendant deux semaines, il a par conséquent couru les marchés, mairies de villages et autres podium en plastique pour soutenir cette consultation et appeler à voter oui. Du coup, il ménage ses meilleurs ennemis (Perez et son « modèle impérialiste et prétentieux » ) et s’occupe de ses amis (il aurait été approché par plusieurs partis politiques nationalistes). La nomination de Pep Guardiola, Catalan pur souche, au poste d’entraîneur lui avait été imposée l’année dernière pour apaiser les socios les plus radicaux, lassés du vedettariat brésilo-hollando-portugais de la saison précédente. Alors, Laporta més que un president ?

La guerre d’Espagne n’aura pas lieu

Quelques semaines après sa signature, Thierry Henry s’était fendu d’un « la Catalogne, ce n’est pas l’Espagne » , histoire de s’assurer la bienveillance du socio culé. En interne, il fut rapidement recadré. Car le problème, c’est que le Barça est aussi champion d’Espagne et qu’il est, à égalité avec le Real, l’une des marques espagnoles les plus connues dans le monde. Politiser un club d’une telle importance est un pari bien trop risqué. Même San Pep avoue ne pas “s’intéresser ” aux questions d’autodétermination. Du coup, l’apprentissage du catalan n’est pas imposé à l’équipe première mais plutôt “conseillé ”.

Par un drôle de hasard du calendrier, le Barça se rend ce soir au Real Club Deportivo Espanyol de Barcelone, qui est, comme son nom l’indique, le club de l’autre Catalogne, celle qui parle espagnol. Si l’une a des penchants autonomistes, l’autre ne se cache pas non plus : « Nous, nous sommes un club ouvert sur l’Espagne et sur le monde » dixit Daniel Sanchez Llibre, président de l’Espanyol.

Sur le terrain, heureusement, on ne parlera pas politique. Le Référendum, c’est dimanche, pas ce soir. À bon entendeur.